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  • UN SAC DE BILLES

    de Christian Duguay *

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    Avec Dorian Le clech, Batyste Fleurial, Patrick Bruel

    Synopsis : Dans la France occupée, Maurice et Joseph, deux jeunes frères juifs livrés à eux-mêmes, font preuve d’une incroyable dose de malice, de courage et d’ingéniosité pour échapper à l’invasion ennemie et tenter de réunir leur famille à nouveau.

    Je n'ai ni lu le livre de Joseph Joffo (toujours en vie) dont est tiré ce film ni le film de Jacques Doillon qui date de 1975 (oui je sais, honte à moi !).

    L'histoire est belle, forte et émouvante, l'interprétation exemplaire, la reconstitution d'époque irréprochable, la campagne française bien belle, les collabos moustachus, les résistants droits dans leurs bottes mais j'aurais pu voir ce film en janvier, tant il est ennuyeux...

    Et en sortant, je me suis vraiment demandée à qui il était destiné. Trop "enfantin" parfois pour les adultes (les jeux, la naïveté, l'absence de peur des enfants seuls pour traverser la France occupée, la facilité dont les enfants se sortent de situations impossibles), trop cru et cruel pour les enfants (les femmes tondues à la libération, l'assassinat de résistants, la cruauté des interrogatoires allemands...).

    Il reste cependant l'interprétation et la complicité de Dorian le Clech et Batyste Fleurial (pauvre gosse, condamné à épeler son prénom toute sa vie...), ils sont parfaits. On a jamais l'impression de voir des petits premiers de la classe jouer aux juifs persécutés, ils sont d'un naturel et d'une justesse impeccables. Mais celui qui m'a impressionnée ici c'est Patrick Bruel. J'ai toujours trouvé qu'il avait tendance à en faire des tonnes. Ici, il est humble, sobre, modeste, crédible et vraiment émouvant en papa qui prend des décisions étranges pour protéger ses enfants.

    Mais le film est bel et ben raté.

  • UNE SEMAINE ET UN JOUR

    d'Asaph Polonsky ***

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    Avec Shaj Avivi, Zvgenia Dodina, Tomer Kapon

    Le Shiv’ah est une étrange tradition juive. 7 jours après le décès d'un proche, vous êtes priés de reprendre le cours normal de votre existence.

    Evidemment je le dis d'une façon brutale et simpliste et encore plus évidemment dans la réalité les choses ne se passent pas si simplement car chacun, face à l'inacceptable, réagit comme il le peut. A la mort de leur fils d'une vingtaine d'années je pense, Vicky la maman reprend ses joggings, son travail, tente d'honorer ses rendez-vous. Le père Eyal découvre le cannabis thérapeutique que son fils possédait dans un tiroir et tente l'expérience de fumer en compagnie de Zooler un ami d'enfance du fils.

    Décidément cette fin d'année cinématographique est placée sous le signe du deuil, cette curieuse calamité qui selon moi ne peut en aucun cas faire l'objet d'un quelconque "travail" puisqu'il s'agit, étymologiquement parlant, de la douleur provoquée par la mort d'un proche. Il n'y a donc ni règle, ni modèle, ni méthode. Seul le temps rend l'intolérable supportable. Dans ce premier film doux, triste et drôle parfois, le réalisateur suit plutôt le huitième jour du reste de la vie du père et s'attarde un peu sur celui de la mère sans la mettre totalement en retrait pour autant.

    En une heure et trente six minutes il réussit à démontrer à quel point les endeuillés sont brusquement abandonnés à leur sort, à quel point certaines réactions qu'on vous somme d'interpréter comme "maladroites" sont insupportables, déplacées et comment la vie ou la survie s'organise. Sans tomber dans le burlesque à tout prix, il faut bien reconnaître qu'Eyal se met dans des situations qui prêtent à sourire, notamment lorsqu'il tente de se rouler son premier pétard. La technique n'est pas au point. L'intervention de Zooler le jeune voisin dont l'évolution du personnage est sans doute la plus intéressante du film et l'accompagnement imprévu qu'il apportera à Eyal sont également au cœur du film.

    Pas besoin de longs discours, même si les dialogues sont souvent savoureux. En multiples saynètes qu'il enchaîne harmonieusement, Asaph Polonsky tout jeune réalisateur dont c'est le premier film je le répète, nous balade tranquillement entre sourires et émotions et nous attache à des personnages perdus dans leur chagrin mais vivants. Il pourrait y avoir des chapitres : Eyal roule un joint, jette une salade, gifle sa voisine, se bat avec son voisin, donne un coup de pied (mérité) dans un taxi, va à l'hôpital, rencontre Zooler. Et puis une scène de Air Guitar, véritable respiration au cœur du film, Eyal, Zooler et une petite fille vainquent le cancer, Vicky va chez le dentiste, ferme les volets, ouvre les volets, déplace un pot de fleurs, verse une larme. Eyal et Vicky s'allongent sur le lit de leur fils en silence... autant de moments d'une banalité confondante où les personnages au prise avec leur tristesse continuent miraculeusement à se tenir debout.

    Il conclut son film magistralement je trouve en une scène de cimetière belle et triste où c'est finalement l'humanité, l'empathie, la compassion qui triomphent. Beau.

  • JE SUIS UN SENTIMENTAL

     

    (LUMIÈRE 2016) 

    de John Berry **(*)

    France, Italie, 1955

    JE SUIS UN SENTIMENTAL de John Berry, cinéma, Eddie Constantine,Lumière 2016

    Avec : Eddie Constantine (Barney Morgan), Bella Darvi (Marianne Colas), Paul Frankeur (Jacques Rupert), Olivier Hussenot (Michel Gérard), Walter Chiari (Dédé la Couleuvre)

    Revoir Eddie Constantine

    Eddie Constantine, acteur et chanteur d’origine américaine, connut le succès en France avec le personnage de l’agent secret Lemmy Caution, et ses rôles dans le cinéma d’auteur, auprès de Michel Deville, John Berry, Jean-Luc Godard.

    Synopsis : Le journaliste Barney Morgan (Eddie Constantine) enquête sur le meurtre d’une jeune femme (Cosetta Greco), amie proche et maîtresse de son patron (Paul Frankeur). Le mari de la victime (Olivier Hussenot) qui sort de prison est rapidement arrêté et condamné à mort. C’était sans compter sur la jeune avocate du suspect (Bella Darvi) qui poussera Morgan à se plonger dans une enquête plus complexe.

     

    Le film est présenté par Bertrand Tavernier qui comme toujours nous ravit par son enthousiasme, son érudition. Les films avec Eddie Constantine ont enchanté son adolescence. Parfois ses commentaires et analyses sont largement supérieurs au film. C'est le cas ici. Le film bénéficiant pourtant d'un scenario particulièrement alambiqué mais pas toujours très clair m'a semblé être une récréation. 

     

    L'acteur au délicieux accent américain apporte une réelle décontraction dans cette histoire plutôt sombre. Il se reproche d'avoir fait arrêter un peu arbitrairement un pauvre type innocent pour protéger son ami et met finalement (entre deux cuites) tout en œuvre pour lui éviter la peine de mort. En général, il séduit sans la moindre difficulté la jolie fille du film. Ici une jeune et jolie avocate interprétée brillamment par Bella Darvi.

     

    Bertrand Tavernier nous explique également que John Berry ne pouvait s'empêcher d'insérer au cœur de son histoire dramatique des scènes de pur burlesque digne de Laurel et Hardy. C'est le cas ici où la scène d'évasion du tribunal est absolument hilarante.

    Extrait du Catalogue : 

    Je suis un sentimental est la seconde collaboration entre Eddie Constantine et John Berry, après Ça va barder, réalisé la même année. Il s'agit du sixième film français d’Eddie Constantine. L’acteur américain, ancien crooner de cabaret, est devenu, depuis 1953 et La Môme Vert-de-gris, le héros de la Série Noire à la française, après un passage sans succès par Hollywood. John Berry lui fait abandonner son personnage de Lemmy Caution, l'agent secret imaginé par Peter Cheyney, pour celui d'un journaliste à l'américaine, bagarreur et justicier. 

    JE-SUIS-UN-SENTIMENTAL-01

     Eddie Constantine manifeste une grande aisance face à la caméra, servie par son flegme naturel, qui lui permet de tenir tête à Paul Frankeur, un des vieux routiers les plus solides du cinéma français. John Berry n’hésite pas à donner une dimension burlesque à son film noir, en partie tourné à la prison de Fresnes. Le reporter se trouve confronté à des situations rocambolesques, telle une fuite en pyjama, puis en trapèze. Mais, comme tout héros comique, il élimine un à un ses adversaires, en les poussant en dehors du cadre.

    «La multiplicité des plans ainsi que le rythme accéléré de la mise en scène compensent un scénario bien insolite. La salle de rédaction et l’imprimerie d’un quotidien, un hôpital, le Palais de justice et un théâtre sont les principaux décors de cette intrigue compliquée dans laquelle Eddie Constantine tient le rôle d’un reporter – mousquetaire-au-grand-cœur (et toujours amateur de whisky) qui met tout en œuvre pour innocenter l’inculpé (Olivier Hussenot), allant jusqu’à risquer sa vie pour faire éclater un scandale.» (Jacqueline Fabre, Libération, 25 octobre 1955)

  • UN HOMME DE TROP

     

    (LUMIÈRE 2016) 

    de Costa Gavras ***(*)

    France, Italie , 1967

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    Avec : Michel Piccoli (l'homme de trop), Charles Vanel (Passevin), Bruno Cremer (Cazal), Jean-Claude Brialy (Jean), Gérard Blain (Thomas), Claude Brasseur (Groubac), Jacques Perrin (Kerk), François Périer (Moujon), Françoise Pavy (Suzanne), Roger Péra (Roy), Marc Porel (Octave), Patrick Préjean (Lecoc), Albert Rémy (Emile), Gérard Sarafian (Balec), Claude Brosset (Ouf), Pierre Clémenti (le milicien), Maurice Garrel (Forrez) 

    Nouvelles restaurations

    Une sélection des plus belles restaurations de l’année : Compartiment tueurs et Un homme de trop de Costa-Gavras, La Dernière vague de Peter Weir, Le Grand chantage d’Alexander Mackendrick, La Vengeance aux deux visages de Marlon Brando ou Le Roi de cœur de Philippe de Broca…

    Synopsis : 1943, dans les Cévennes. Un groupe de maquisards reçoit de Londres l’ordre de libérer douze résistants condamnés à mort et emprisonnés à Sarlande. L’opération, menée par Cazal (Bruno Cremer) et ses lieutenants Thomas (Gérard Blain) et Jean (Jean-Claude Brialy), est une réussite. Mais ce sont treize hommes, et non douze, qui ont été libérés…

    Aurélien Ferenczi  qui présente le film, s'agace à juste titre, et se demande ce que font les ayant droits pour que ce grand film ne soit jamais programmé à la télé. Heureusement que Lyon est là pour le réhabiliter (la grande salle du Pathé Bellecour est comble) car même lors de sa sortie il fut un échec critique et public. Alors qu'il est tout simplement extraordinaire. Ce film de résistance n'a rien de classique et aurait pourtant tout du grand classique tant il est différent et original. Audacieux sans doute. Dès les premières images, on est plongé au cœur de l'action pour la libération des prisonniers. ça bouge tout le temps et les personnages seront constamment en mouvement et en action. Notamment Bruno Crémer (magnifique !) le chef de ce maquis, constamment obligé d'avancer, de prendre des décisions, de se plier aux changements, aux imprévus, aux états d'âme de ses hommes... C'est passionnant. Il mène son groupe d'hommes avec une poigne de fer et beaucoup d'humanité.

    Cet homme de trop qui se "dénonce" lui-même est vite repéré et en plus des actions de résistance, le groupe s'interroge sur ce qu'il faut faire de lui. S'il n'est qu'un "droit commun", il faut l'exécuter. Toutes les figures de la résistance apparaissent à cette occasion : la tête brûlée, celui qui obéit aux ordres sans réfléchir, celui qui s'interroge (trop), le jeune embarqué pour fuir le STO, le mariole qui plaisante tout le temps etc... Et au milieu de tous ces ardents combattants, cet homme de trop, intelligent, voire intellectuel, coopératif la plupart du temps, mais pacifiste donc mystérieux en temps de guerre et au milieu de celle-là précisément dans la nature, dans les montagnes...

    Passionnant donc, musclé, le réalisateur ne nous laisse pas un instant de répit et s'est entouré d'un casting prestigieux, luxueux, toutes les stars de l'époque sont là, un peu comme le casting des Ocean aux Etats-Unis.

    La dernière scène sur le pont et la dernière image avec la caméra qui s'éloigne peu à peu ont laissé la salle en apnée... incapable de bouger !

    Extraits du Catalogue :

    Avec ce film, Costa-Gavras s’empare de l’Histoire française. Le cinéaste souhaitait s’intéresser aux jeunes qui fuyaient le STO en Allemagne en se réfugiant dans les montagnes, où des résistants tentaient de leur apprendre à combattre. Histoire d’un cas de conscience, inspirée de faits réels (relatés dans le livre éponyme de Jean-Pierre Chabrol), où Costa-Gavras réunit Michel Piccoli, Bruno Cremer, Gérard Blain, Jacques Perrin et Charles Vanel.

     

    UN-HOMME-DE-TROP-1967-02

    un homme de trop de costa gavras,cinéma,lumiere 2016

    Malgré cette distribution, Un homme de trop est un échec critique et commercial à sa sortie. On reproche au réalisateur d’avoir fait de cette histoire de résistants un film d’action, d’y mettre trop d’effets de caméra au détriment du scénario et des dialogues. Déjà, on s’interroge sur les véritables intentions de Costa-Gavras. 

    « C’est je crois, le premier film sur la Résistance réalisé à la façon d’un western. […] Il faut reconnaître que le film réalisé par 
    Costa-Gavras pète le feu et vous tient en haleine d’un bout à l’autre, avec des personnages classiques, sans surprise, mais bien typés. […] Costa-Gavras confirme, dans un tout autre ton, les dons qu’il avait fait éclater dans son premier film Compartiment tueurs. » (Michel Duran, Le Canard enchaîné, 12 avril 1967)

    Devenu une vraie rareté, ce film témoigne déjà de la volonté du cinéaste de parler de l’Histoire et d’interroger la notion de justice.

    un homme de trop de costa gavras,cinéma,lumiere 2016

  • DANS UN RECOIN DE CE MONDE

    de Sunao Katabuchi ***

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    Synopsis : La jeune Suzu quitte Hiroshima en 1944, et s'installe dans la famille de son mari à Kure, un port militaire. La guerre rend le quotidien de plus en plus difficile, malgré cela, la jeune femme cultive la joie et l'art de vivre. Mais en 1945, un bombardement va éprouver son courage.

    Le très beau titre et mon goût pour l'animation japonaise m'ont attirée dans le recoin de ce monde pas vraiment comme les autres puisqu'il s'agit d'Hiroshima. Voir ce film quelques semaines après Lumières d'été est parfaitement cohérent et replonge dans l'horreur au travers de personnages foncièrement positifs. J'ai même cru reconnaître dans ce film-ci la sœur adorée de Michiko du film de Jean-Gabriel Pérot. Katabuchi tire son film d'un manga qui évoque avec beaucoup de réalisme le quotidien des japonais à Hiroshima et ses alentours avant, pendant et après la bombe.

    L'histoire commence dans les années 30. Suzu est alors une petite fille rêveuse et heureuse de vivre avec sa famille modeste mais chaleureuse. Elle aime dessiner et l'on distingue toujours très nettement au gré de ses déplacements et de ses dessins, le Dôme de Genbaku, seul édifice resté intact après le passage de la bombe ce sinistre 6 août 1945. Alors qu'elle a à peine 19 ans, ses parents la marient à un jeune homme qu'elle ne connaît pas. Apparemment la tradition veut que la jeune mariée aille vivre dans sa belle famille où elle n'est accueillie que pour servir de bonniche à tout le monde. Docile et empathique, Suzu se plie de bonnes grâces à sa nouvelle vie dans ce village isolé qui domine la baie d'Hiroshima. Son jeune époux conscient de leur situation (ils n'ont pas fait un mariage d'amour) se montre maladroit mais patient. Et c'est vraiment beau d'observer ces deux jeunes gens apprendre à s'aimer.

    La guerre sévit mais les habitants de Kure l'observent de leur position en hauteur (ils ont une vue imprenable sur le port militaire) sans que cela change vraiment beaucoup de choses à leur quotidien. Malgré les privations, les tickets de rationnement, les bombardements de plus en plus nombreux, la vie continue. Suzu multiplie les exploits pour transformer quelques vivres en festin. Son acariâtre belle-soeur finit même par s'adoucir au contact de la jeune femme qui ne ménage jamais sa peine.

    Nous spectateurs voyons le temps et les jours passer et savons ce qui attend Hiroshima. Cette avance sur les personnages les rend encore plus attachants et l'on ne peut que constater la fragilité de la vie, la vulnérabilité des êtres et à quel point on accorde d'importance aux détails, aux mesquineries alors que tout peut s'arrêter brutalement.

    Lorsque la bombe est lâchée, il faut un temps difficile à déceler pour qu'ils comprennent ce qui s'est réellement passé. Le beau nuage, semblable à un énorme cumulonimbus que Suzu, toujours le nez au vent, admirait quelque temps auparavant, l'étrange clarté, la soudaine chaleur ne trouvent pas d'explication aux yeux des habitants du village. Et puis vient le temps de la découverte de l'horreur...

    Le réalisateur refuse le spectaculaire et le misérabilisme. Les choses ne seront évidemment jamais plus comme avant mais les jeunes perdent leur insouciance, les survivants sont tourmentés par la culpabilité. Et peu à peu, un peuple traumatisé, anéanti aussi d'être le vaincu de cette guerre, se relève et panse ses plaies.

    J'aime beaucoup la vision de Cécile Mury : "A la fois vaste et modeste, le film embrasse tout, de la limpidité d’une balade à marée basse à l’énergie d’une dispute ou d’une lessive au grand air, de la confusion d’une alerte à la bombe à la culpabilité absolue du deuil".

    Une histoire individuelle puis collective racontée intelligemment et des dessins somptueux.

  • UN MONDE PLUS GRAND

    de Fabienne Berthaud ***

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    Avec Cécile de France, Narantsetseg Dash, Tserendarizav Dashnyam

    Corine part en Mongolie à la demande de son employeur, dans une communauté d'éleveurs de rennes. Ethnomusicologue, elle devra enregistrer des chants traditionnels.

    Mais pour Corine, ce sera surtout l'occasion d'essayer de surmonter son chagrin depuis la récente mort de Paul, son grand amour. Sa rencontre avec la chamane Oyen va bouleverser sa vie. Lors d'une séance d'enregistrement Corine est prise de mouvements incontrôlables en entendant le son du tambour qui rythme les scènes de transe. Oyen lui annonce qu'elle a reçu un don rare et qu'elle doit être initiée aux rites chamaniques. De retour en France, elle ne peut refuser ce qui s’impose désormais à elle : elle doit repartir pour commencer son initiation. Contre l'avis de son entourage qui met cette décision sur le compte de son chagrin, elle repart en Mongolie et partage la vie d'une tribu mongole isolée qui vit en totale autarcie et en communion avec la nature.

    Le film s'inspire de l'histoire vraie de Corine Somprun qui est devenue la seule chamane européenne après huit années de formation en Mongolie. Elle met aujourd'hui ses compétences et ce don au service de la science qui étudie cet état de conscience modifiée qui pourrait permettre d'obtenir des résultats, des avancées en ce qui concerne les pathologies du cerveau ou psychiatrique.

    Le chamane peut entrer en communication avec l'esprit des morts et justement avant de mourir, Paul et Corine se sont promis de se revoir. C'est donc davantage par égoïsme au départ qu'elle entreprend le voyage.

    Pour aimer ce film, je pense qu'il est utile de se sentir concerné, pas de croire ou d'être croyant mais d'accepter sans condition que la transe, le chamanisme, les esprits... ça existe. Des phrases telles que "en mourant Paul a emporté avec lui une part de ton esprit, tu ne pourras "faire ton deuil" (expression détestable) que si tu retrouves cette partie de ton esprit", résonnent fortement en moi, me "parlent" évidemment. Moi qui ai toujours l'impression d'avancer à reculons ou d'en être toujours au point de départ, de ne pouvoir réussir à me libérer de l'esprit de l'autre, MON Autre qui m'habite toujours (en même temps, on ne perd pas l'amour de sa vie tous les jours), j'ai particulièrement apprécié et envié le parcours de Corine.

    Cécile de France fait peine à voir avec son visage défait, ses cernes profonds mais reste toujours aussi belle et on la sent parfaitement investie dans son personnage. Elle a semble-t-il réellement vécu plusieurs semaines dans cette communauté dans des conditions (ni eau, ni électricité) précaires, ou en tout cas inhabituelles pour nous. Et les connections qui s'effectuent se font sans internet. Cependant la réalisatrice ne s'acharne pas à nous décrire un monde idéal au contact de la nature qui serait une sorte d'Eden comparé à notre monde diabolique ultra connecté. Elle observe et constate. C'est ainsi que ces gens vivent, tous ensemble dans des tipis, les joues cramées par le soleil et le froid, entourés de leurs précieux animaux. Quelques écarts de conduite (plutôt drôles) les incitent néanmoins à jouer de leur folklore auprès de touristes avides de sensations pour gagner quelques billets.

    On pourra objecter que le film, proche du documentaire souvent, fait penser à un épisode de l'émission Rendez-vous en terre inconnue. Comme dirait l'autre, c'est pas faux. Mais les paysages sont tellement somptueux, le message tellement positif et l'actrice tellement formidable qu'on passe un merveilleux moment et qu'on peut sortir de la séance étrangement apaisé. Pourquoi s'en priver ?

  • LE TITRE TIENT EN UN MOT

    C'est simple non ? Pas d'apostrophe dans le mot.

    Alors, amusez-vous bien.

    Pas plus de trois réponses s'il vous plaît.

    Game over. Merci.

    VOUS M'ÉPATEZ.

    Prochain jeu demain matin, encore plus ludique, vous l'avez bien mérité.

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    Inception, n'est pas à trouver mais n'a qu'un mot :-)

    •••••••••••••••••••

     

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  • UN PEU DE TOURISME

    pour m'aérer un peu, je suis retournée pour la troisième fois dans cet endroit que j'adore et où je passe des moments très contemplatifs et méditatifs. Si, comme toute œuvre d'art, Le Palais Idéal du Facteur Cheval "entend" beaucoup de conneries, la palme revenant ce jour à Monsieur JmeLaPèteMaisQu'ai-jefaitdeMesMains : "il avait quand même un ego surdimensionné", il y a aussi des réflexions qui me parlent, une dame a dit : "on se croirait dans un lieu sacré". Et c'est vrai, on a envie de faire silence, de faire taire les enfants alors que cet endroit a en partie été construit pour que la petite Alice Cheval, amèrement regrettée, puisse jouer. Alors laissez vos enfants s'émerveiller et courir en criant !

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    annonay 2020, UN PEU DE TOURISME, PALAIS IDEAL DU FACTEUR CHEVAL

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    J'étais seule et mon ego m'a fait utiliser le retardateur de l'appareil :-) pour votre plus grande joie.

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    aux alentours tout proches

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    Il faudra qu'on m'explique ou que je comprenne pourquoi dès que je vois une église, j'ai envie d'y entrer. Surtout, fait de plus en plus rare que celle-ci était ouverte. Mais je dois reconnaître que l'intérieur est décevant.

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    Le tombeau du silence infini et du repos éternel… y'a pas à dire, il avait le sens de la formule le Facteur.

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    Sur la route :

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    Bon je vous laisse, j'ai cinéma…

     

  • UN DIVAN À TUNIS

    de Manele Labidi ***

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    Avec Golshifteh Farahani, Madj Mastoura, Aïcha Ben Miled, Najoua Zouhair

    Après avoir exercé en France, Selma, 35 ans, ouvre son cabinet de psychanalyse dans une banlieue populaire de Tunis. Au lendemain de la Révolution, la demande s'avère importante.

    Entre ceux qui prennent Freud et sa barbe pour un frère musulman et ceux qui confondent séances tarifées avec "prestations tarifées", les débuts du cabinet sont mouvementés… Alors que Selma commence enfin à trouver ses marques, elle découvre qu'il lui manque une autorisation indispensable pour continuer d'exercer.

    Je suis contente d'avoir vu ce film que j'avais mis de côté car la bande-annonce laissait présager une farce un peu pataude où des nigauds tunisiens découvraient la psychanalyse. Il n'en est rien et le film est à classer parmi les (rares) comédies réussies. Il faut dire, comme je le dis à chaque fois que je la vois, que Golshifteh Farahani a tendance à tirer tous les films vers le haut. Mais elle n'est pas seule ici et l'ensemble du casting m'a semblé harmonieux et réussi laissant la place à des interprétations farfelues mais aussi tendres et émouvantes.

    Il s'agit d'un premier film et il est très réussi, dépaysant, drôle et intelligent à la fois. La réalisatrice a le talent de ne jamais en faire trop même si bien sûr certains personnages sont plus exubérants et pittoresques (le boulanger qui veut être une fille et rêve de tous les dictateurs, la coiffeuse très démonstrative...), d'autres sont plus touchants (la jeune fille qui veut se marier pour suivre son mari et quitter le pays, l'imam honni parce qu'il refuse de porter la barbe) et tous parlent de la société tunisienne. Il y a même un flic (beau gosse) qui s'applique un peu trop consciencieusement à faire respecter la loi. Et la scène de l'alcootest est un moment que j'ai trouvé hilarant.

    Mention spéciale à Najoua Zouhair en employée de ministère obsédée par la bouffe et aux fonds d'écran qui changent chaque jour. Cette tornade qui semble parler sans écouter et procrastiner au lieu de s'occuper des dossiers, se révèlera plus efficace qu'il n'y paraît. Le jeu nonchalant de Golshifteh Farahani fait ici merveille. La très jolie dernière scène où Selma observe le flic qui peine à se faire respecter et imagine plus si affinités... clôt formidablement ce film charmant, sympathique et plus profond qu'il n'y paraît.

  • UN AMOUR IMPOSSIBLE

    de Catherine Corsini ***

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    Avec Virginie Efira, Niels Schneider, Estelle Lescure, Camille Berthomier

    Synopsis : À la fin des années 50 à Châteauroux, Rachel, modeste employée de bureau, rencontre Philippe, brillant jeune homme issu d'une famille bourgeoise.

    De cette liaison passionnelle mais brève naîtra une petite fille, Chantal. Philippe refuse de se marier en dehors de sa classe sociale. Rachel devra élever sa fille seule. Peu importe, pour elle Chantal est son grand bonheur, c'est pourquoi elle se bat pour qu'à défaut de l'élever, Philippe lui donne son nom. Une bataille de plus de dix ans qui finira par briser sa vie et celle de sa fille.

    L'amour impossible du titre n'est pas celui qu'on croit. Celles et ceux qui ont lu le livre de Christine Angot savent. Pour les autres comme moi, ils comprendront, se douteront petit à petit. Je n'ai lu aucun livre de cette auteure à cause de sa personnalité. Je rate peut-être de la bonne lecture mais elle m'est tellement antipathique que je n'y parviens pas, et ces vociférations dans une émission tardive que je ne regarde plus non plus, quelques instants et je zappe, n'ont rien arrangé.

    L'histoire racontée est celle de Christine... devenue ici Chantal, s'étale sur 40 années et le film souffre d'abord comme nombre de productions de ces dernières semaines, de sa longueur : 2 h 15 mn !!! Une demi-heure de moins, une voix off un peu trop explicative (on comprend parfaitement ce qui se passe à l'écran) et l'apparition dans la dernière demi-heure de Chantal adulte, aussi antipathique que son modèle aurait allégé le film. Et je ne parle pas de l'explication psychiatro-freudienne d'une prétention sans nom (on reconnaît bien le ton et le style Angot) autour d'une tasse de café lorsque Chantal accepte de revoir sa mère et lui explique le pourquoi du comment de ce qui leur est arrivé. Voilà pour les réserves...

    Néanmoins, en faisant abstraction du paragraphe précédent, j'ai apprécié le film. La reconstitution des années 50/60 est exceptionnelle. Bien sûr on voit qu'elle a fait l'objet d'un soin appliqué mais on s'y croit, on y est. Et surtout j'ai compris pourquoi beaucoup de réalisateurs s'arrachent Virginie Efira. Outre le fait que je la trouve physiquement magnifique, elle est ici absolument bouleversante. D'abord rayonnante de bonheur puis comblée par une grossesse et la vie avec sa fille et enfin détruite, broyée, défaite.

    Le film aborde la question du couple au cours de quarante années et surtout les rapports de domination et les répercussions sur les femmes. Lorsque Rachel rencontre Philippe, on tremble immédiatement pour elle. On voit bien que ce jeune homme cultivé, prétentieux, beau parleur n'est pas fait pour elle. Elle est sténo-dactylo dans un garage et il lui lance rapidement : "il faut que tu lises Ainsi parlait Zarathoustra... oh et puis non il vaut mieux commencer par Par-delà le bien le mal... oh c'est trop dur de choisir !". Je ne sais si l'amour est aveugle ou s'il finit par rendre aveugle mais c'est évident que ces deux là ne jouent pas dans la même catégorie et on a envie de dire à Rachel de fuir. Mais Rachel est fascinée et Philippe aime coucher avec elle. Elle est si belle et sa peau est comme de la soie. Il lui annonce que jamais il ne l'épousera. Il lui dira plus tard : "si seulement tu étais riche. Mais ton père est comme tous les juifs il dit qu'il n'a pas d'argent mais il en a sûrement". Niels Schneider mufle minable et arrogant (enfin, son personnage évidemment) réussit à proférer toute une litanie d'horreurs tout en nous laissant l'impression qu'il y a du bon en lui ; une performance. Peut-être parce que par intermittence il rend Rachel heureuse et que c'est tout ce qu'on lui souhaite. L'acteur est en tout cas impressionnant.

    Rachel aura donc son enfant seule. Philippe osera encore cette sortie : "on l'a voulue cette enfant", sans jamais s'en occuper le moins du monde, ni la prendre dans ses bras "ah non vraiment je ne sais pas faire", ni verser de pension, ni la voir. Une fois tous les 4 ou 5 ans lui suffit amplement. Mais Rachel n'a qu'une obsession et s'obstine. Elle veut que Philippe reconnaisse sa fille, qu'elle porte son nom sans rien lui demander en échange. Ce qu'il finira par accepter lorsque la petite sera adolescente. Rachel semble avoir gagné son long combat puisqu'enfin le père et la fille apprennent à se connaître et passent du temps ensemble. Comme sa mère, la petite sera fascinée par la culture du type. Et là encore apparaît une actrice époustouflante. Estelle Lescure est incroyable et tire les larmes lorsqu'elle explique à sa mère que son père s'énerve pour rien et lui hurle dessus.

    Je vous laisse découvrir le calvaire de ces femmes manipulées, aveuglées par ce qu'il est à la mode d'appeler aujourd'hui un pervers narcissique, mais aussi une ordure inqualifiable. Et surtout je vous invite à tomber amoureux de Virginie Efira qui passe du bonheur à l'affliction sans jamais surjouer. Elle porte le film, elle est éblouissante. J'ai envie de l'embrasser.

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