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LA CONSPIRATION DU CAIRE

de Tarik Saleh **

LA CONSPIRATION DU CAIRE de Tarik Saleh, cinéma, Tawfeek Barhom, Fares Fares, Mohammad Bakri

Avec Tawfeek Barhom, Fares Fares, Mohammad Bakri

Adam vit au bord d'un lac avec ses deux frères et son père. Les trois garçons aident leur père pêcheur et sont élevés à la dure avec châtiments corporels partagés en trois si l'un d'eux commet une erreur impardonnable comme fumer une cigarette.

Compte tenu de ses bons résultats, Adam est admis dans la prestigieuse Université du Caire Al-Azhar. Cet établissement est le phare de l'enseignement de la pensée islamique, le centre du monde islamique, comme le Vatican pour les catholiques. Il est l’un des plus anciens lieux d'enseignement islamique au monde. Il serait ou devrait être "un centre pour le juste milieu, de modération, de diffusion de la culture islamique et des enseignements de l’islam et de ses valeurs tolérantes qui ne connaissent ni excès, ni déviation ni extrémisme, ni fanatisme doctrinale ou politique" selon le site de l'Université. Ce n'est pas ce que (dé)montre le film...

Le Grand Imam à la tête de l'institution meurt soudainement le jour de la rentrée devant Adam et tous les élèves. Un nouvel Imam doit être nommé et l'Etat souhaiterait que l'élu ait les mêmes orientations politiques que le Président de la République, car "il ne saurait y avoir deux pharaons en Egypte". Pour réussir la manoeuvre, l'Etat a besoin d'une taupe infiltrée. Adam est désigné par les Services Secrets et Ibrahim l'agent qui le rencontrera régulièrement pour obtenir le fruit de ses observations.

Une fois encore Tarik Saleh ne va pas se faire que des amis car il attaque et dénonce autant le pouvoir autoritaire (doux euphémisme) et manipulateur que les religieux médiocres, hypocrites et manipulateurs également. Suédois d'origine égyptienne, le réalisateur est interdit de séjour en Egypte et n'a évidemment pas pu tourner dans le pays et dans l'illustre établissement. Néanmoins, je ne peux qu'admettre avoir vu un beau film formellement même s'il n'utilise pas suffisamment la beauté du lieu (reconstitué donc) sauf en quelques plans magnifiques. Les séances de pêche silencieuses, intimes, millimétrées, les moments solennels de cours, de prêches, le concours de récitations sont marquants.

Mais un prix du scenario à Cannes !!! Une fois encore je m'interroge sur les choix effectués par le jury cette année. A la fois confus et prévisible, j'ai trouvé le thriller haletant annoncé plutôt mou du genou. Si pendant la première demi heure je me suis installée prête à suivre passionnément une enquête sur un meurtre dans l'enceinte de l'université auquel Adam assiste, très rapidement, le réalisateur m'a abandonnée à l'extérieur de l'enceinte de cette école prison (il faut voir comment les étudiants sont logés !!!) et a multiplié les facilités de scenario presque risibles : comment Adam se rapproche de Zizo, comment il devient l'assistant d'un cheikh puissant, comment et pourquoi le cheikh aveugle revient sur ses faux aveux... tout cela m'a paru bien lourdingue et pas bien passionnant.

Je note par ailleurs que le pauvre Adam interprété par Tawfeek Barhom n'a pas les épaules suffisamment larges et solides pour un personnage qui se devait d'être très ambigu. Avec son regard constamment terrorisé, qui peut douter de ses intentions ? Son air de sainte nitouche apeurée ne l'empêche pas de trahir la seule personne véritablement amie avec lui. Tant pis je spoile. Et le grand Fares Fares en patapouf brutal ne m'a pas convaincue non plus.

Après l'excellent, formidable, brillant Le Caire confidential, une grosse déception.

Commentaires

  • Et bim, un autre qui sort de ma liste ! J'avais beaucoup aimé "Le Caire Confidential", j'étais chaud bouillant après avoir vu la bande-annonce de celui-ci et que lis-je ? "lourdingue et pas bien passionnant", voilà qui calme tout de suite mon envie de visiter la mosquée (même si ce n'est pas la vraie si j'ai bien compris).
    La prochaine fois, je lirai après.

  • Je pense que tu peux lire mille autres avis qui crient au génie et à la merveille.
    Pour moi c'était mou mou mou et le pauvre Adam semble complètement à côté de la plaque.
    ça m'a quand même donné envie de revoir Le Caire confidential.

  • Bonsoir Pascale, je ne suis pas d'accord avec toi. J'ai trouvé ce film passionnant de bout en bout et pas du tout mou du genou. Bonne soirée.

  • Voilà un commentaire qui me redonne espoir.
    Merci Dasola.

  • Oui j'ai vu :-)
    Je trouve qu'il manque cruellement de rythme, l'acteur n'est pas à la hauteur et il y a trop d'invraisemblances. Bon dimanche.

  • Va draguer ailleurs :-)

  • Nous attendions davantage de ce film vu les éloges qu’il a reçus. Il manque vraiment de rythme pour un thriller, même si c’est au bénéfice d’un certain esthétisme.

  • Ravie quand même de ne pas être la seule à trouver ce film en dessous des éloges.
    Esthétiquement : parfait.

  • Même si le réalisateur est identique, même si la ville (reconstituée) du Caire sert d'arrière-plan à l'histoire, je crois qu'il ne faut pas essayer de comparer ce film-ci à "Le Caire confidentiel". Compte tenu des aspects religieux de l'intrigue, le polar prend ici un tour plus cérébral. C'est moins un film d'action qu'un portrait de société, le personnage d'Adam jouant le rôle de la petite souris qui permet aux spectateurs de quasiment tout voir.
    J'ai trouvé cela prenant, avec le choix de mettre en scène la violence morale plutôt que la violence physique.

  • C'est sans doute parce qu'on a tant apprécié Le Caire confidential qu'on en attend autant du réalisateur. Je pense avoir compris l'enjeu et le propos mais je me suis ennuyée et j'ose le dire avec le recul, l'acteur petite souris est catastrophique.

  • Je ne suis évidemment pas d'accord sur la prestation de Tawfeek Barhom, qui est chargé d'interpréter un personnage ambigu. Au départ, bien que majeur, il vit sous l'autorité d'un père violent. la religion est peut-être pour lui autant un moyen de s'évader, au quotidien, qu'un exercice de piété. Le départ pour l'université est lui aussi ambigu : cela représente à la fois l'accomplissement de sa dévotion et un moyen d'échapper à l'autorité du père. On retrouve cette ambiguïté dans le parcours du héros à Al-Azhar : on sent qu'à un moment il pourrait être tenté par la radicalité des djihadistes, mais il comprend que servir la police peut lui être très utile... d'autant qu'il en profite pour dénoncer les agissements d'un gros hypocrite.
    Ce n'est pas un rôle facile (il est moins spectaculaire que celui interprété par Fares Fares), mais, selon moi, il s'en sort très bien.

  • Oui je trouve que son personnage sur le papier est ambigu mais que l'acteur ouvre constamment de grands yeux ronds effrayés quelle que soit la situation. Comment le cheikh qui l'accueille dans son cercle privé ne voit il pas qu'il est un espion. Cela reste un mystère pour moi.

  • Je le regrette car je voulais vraiment l'apprécier mais on m'annonce un scénar dur à suivre, et j'ai touvé ça assez mou et prévisible moi aussi. Il m'a manqué quelque chose. Bon en plus j'avas une migraine ce qui fait que j'ai un peu fermé les yeux au début et j'ai loupé des trucs. Mais même sans ça je suis un peu déçue :(

  • Je comprends ce que tu veux dire, moi aussi j'avais envie d'aimer ce film. Il est vraiment survendu et oui... MOU.

  • Excellent film, espionnage intra-muros qui est d'un fond géo-politico-social passionnant bien au contraire. Un grand réalisateur, vivement son prochain film !

  • Je suis d'accord avec : vivement son prochain film, pour le reste, quel ennui !

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