Est-ce que l'amour fait mal ?
« Oui, l'amour fait mal : comme les grands oiseaux rapaces, il plane au-dessus de nous, il s'immobilise et nous menace. » François Truffaut.
Voilà,
un an a passé et je me demande où est passée cette année, cette première année sans Ma Mouche à moi ! Plusieurs personnes m'ont dit à plusieurs reprises qu'au cours d'un deuil il fallait un an... Un an pour quoi ? Je n'ai toujours pas compris.
Pour aller mieux ? Je vais aussi bien que possible, malgré tout ce qui est apparu depuis un an (hypertension, cholestérol, hypothyroïdie...).
Un an pour quoi ?
Pour ne plus penser à lui sans pleurer ?
Pour comprendre ?
Pour admettre enfin ?
Pour ne plus embarrasser personne avec mon chagrin ?
Mais est-ce que j'embarrasse qui que ce soit avec mon chagrin ?
Je pense que non.
J'espère que non ! Je m'efforce le plus possible d'être "normale", même si parfois mon esprit s'échappe et je me dis :
"mais pourquoi il - elle - ils - on, ne me parle(nt) pas de Mouche là, maintenant ?"
Je pense, j'espère n'avoir jamais mis mon chagrin, mon drame personnel en avant, en concurrence ou en balance par rapport à ce que d'autres vivent. Je m'en voudrais d'avoir fait ressentir ça. Si c'est arrivé, et d'ailleurs c'est arrivé, je sais que certaines personnes ne me supportent plus parce qu'elles me pensent incapable de penser sans "comparer" les situations. Ce qui est faux, je ne fais pas ça, et pourtant je m'en excuse auprès de ceux qui l'ont ressenti. Pour moi aussi, cette situation est nouvelle, inédite, inattendue...
Je me sens la même, amputée et bancale, mais la même.
Un an Pour Quoi ?
Une personne un peu moins imprécise à propos de cette fameuse première année nécessaire pour... , m'a dit que plus jamais il n'y aurait de premières fois. Le premier Noël, le premier anniversaire etc... tout ça, c'est passé. Effectivement, c'était plus précis et j'ai compris. Mais je ne pense pas qu'il se va se passer quoi que ce soit aujourd'hui ou demain où j'entamerai la deuxième année du reste de ma vie sans Mouche. Il y aura le deuxième été sans lui, le deuxième Noël... Mouche reste irremplaçable et moi inconsolable. Je me réveille encore et toujours parfois en pleurant.
En un an, j'ai rêvé quatre fois de Mouche. C'était merveilleux et en me réveillant, je n'avais qu'une envie, me rendormir pour retourner dans mon rêve, le rejoindre. ça ne marche pas comme ça...Face aux gens pas corrects que j'ai côtoyés et que je côtoie encore mais de moins en moins... je demande parfois à Mouche de m'envoyer sa force, son calme, son détachement, sa force. Son détachement surtout. Le fameux "prendre de la distance" qui ne fait pas partie de mon ADN.
Parfois ça marche.
Si vous avez suivi ce que j'ai raconté cette année, vous savez que Mouche est venu me rendre visite récemment et que ça m'a "portée" pendant plusieurs jours. Quand quelque chose d'étrange ou d'inexpliqué se produit, mais jamais rien de négatif évidemment, je me dis que c'est Mouche qui est là... comme l'autre jour lorsque l'énorme ballon qui me sert -parfois- à faire des exercices de kiné s'est déplacé vers sa photo sur une table basse, j'ai immédiatement pensé que Mouche voulait jouer au ballon avec moi, pas qu'il y avait eu un courant d'air ou je ne sais quoi.
Je peux regarder des photos la plupart du temps et parfois c'est insupportable. Les vidéos, j'ai arrêté, même si c'est pénible de ne plus "entendre" sa voix dans ma tête, sa voix que j'aime tant.
Je peux aller dans certains endroits où nous allions souvent et pour d'autres c'est impossible. Je n'ai jamais pu remonter dans sa voiture qui appartient à Amaury désormais. Parfois la voir arriver au loin ou entendre le moteur reconnaissable me produit encore un choc. Je peux encore écouter certains chanteurs qu'il aimait tant mais d'autres comme Lou Doillon (il a écouté son album en boucle pendant les dernières semaines de sa vie) ou Arno, c'est impossible.
Je "revis" toujours en pensées, souvent le soir avant de m'endormir, cette dernière terrible journée où "on" ne m'a pas aidée ou prévenue que c'était ou que ce serait éventuellement les dernières fois, même si j'ai bien compris que personne n'a de certitude absolue en la matière... Le dernier yaourt que je n'ai pas pu lui donner, le dernier massage, le dernier mot, le dernier regard. Je "leur" en veux toujours de leurs manquements, de leur maladresse, de leur "distance"... même si j'ai arrêté de "leur" écrire pour "les" empêcher d'oublier Hervé !
Des témoignages reçus de personnes soignées ou qui ont vu un proche mourir dans le même service, prouvent qu'hélas, rien n'a changé. Le malade, l'entourage ne sont toujours que des anonymes qu'ils soignent. C'est leur boulot. Basta. L'humanité, la compassion ne font pas partie du package (sauf chez Cécile P.).
J'ai parlé récemment avec une infirmière qui accompagne les malades en fin de vie. Elle m'a dit que ce que j'avais fait était exceptionnel et rare. Je n'arrive franchement pas à réaliser que ça l'est. Avoir été là, et plus que là, pendant toute la maladie, avoir été là jusqu'au tout dernier instant, jusqu'au dernier souffle, être restée le jour et la nuit près de lui, lui parler, lui tenir la main... Il paraît que c'est absolument exceptionnel dans le sens où peu de gens le font à l'hôpital. La maladie, la mort font peur. Elles me font peur évidemment. La maladie surtout. Mais ne pas être là avec la personne qu'on aime... Bref, autre débat.
Pour vous les fidèles qui êtes toujours là, certains ont disparu et je ne leur en veux pas car je crois que ce qu'ils préféraient en moi c'est Mouche... Comment leur en vouloir ? Je suis tellement contente que Mouche ait plu à toutes les personnes que je lui ai présentées, la majorité issue des blogs... alors que je n'ai réussi à plaire strictement à aucune de celles qu'il m'a présentées lui (ah si, Joëlle et Bruno, les seuls), à vous donc, qui ne m'oubliez pas, qui ne L'oubliez pas, j'ai envie de vous montrer des photos de Mouche au temps de l'insouciance et du bonheur. Que d'amour en 22 ans ! Je "travaille" toujours sur cet aspect de la réalité, avoir pu vivre cet amour là avec cet homme là, avoir eu cette chance, ce bonheur, cet honneur. Jamais il ne m'a fait de mal, enfin volontairement bien sûr... parce que depuis son absence je déguste. Mais son but, son objectif : me voir heureuse, m'entendre pouffer, m'esclaffer. Je pense, je crois, j'espère que je lui ai rendu.
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Mouche petit, avec celui qu'il a toujours appelé "mon petit frère"
et Haut et Fort s'obstine à mettre la photo ainsi... il vous faut pencher la tête.
Le petit frère, "disparu" tragiquement à 28 ans...
Mouche quand je l'ai rencontré... Comment ne pas tomber amoureuse ?
Nous, tous jeunots, trentenaires, l'année de notre rencontre...
Les années 90 :
J'ai toujours aimé le déguiser, le maquiller, avec Baptiste :
Le mariage (nous étions 9 :-)) et le spectacle Full Monty du mariage avec Amaury et Baptiste :
Venise, le Sénégal, le Maroc, Paris avec les enfants :
Les années 2000 : des travaux, des grimaces, des bêtises et des cascades pour me faire rire :