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  • UN HIVER À YANJI

    d'Anthony Chen *

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    Avec Zhou Dongyu, Liu Haoran, Chuxiao Qu

    Yanji se situe au nord de la Chine à la frontière avec la Corée. Je le précise pour les incultes comme moi qui ne peuvent pas situer.

    Allez, je suis mignonne, Yanji c'est là au point rouge (et y'a le nom écrit aussi en gros) :

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    Et cela a son importance puisque certains dialogues sont en chinois, d'autres en coréen. Mon attirance pour les films asiatiques depuis... très longtemps, me permet même à présent de distinguer les deux.

    Standing ovation.

    Merci.

    Haofeng, jeune homme perdu à lunettes (et à moustache moche) se trouve encore plus perdu dans un mariage très tradi avec robes qui tournent pleines de couleurs. Il fait la connaissance de Nana une nana sans lunettes mais triste aussi. Elle est guide touristique, elle a mal au pied et y porte une grosse cicatrice. Nous comprendrons plus tard l'origine de la cicatrice. Le duo se transforme en trio puisque Nana y intègre Xiao son ami cuisinier, un peu moins neurasthénique que les deux autres mais pas franchement le boute-en-train de folie non plus. 

    Après les merveilleux Ilo Ilo et Wet season, c'est avec une grande impatience que je me suis précipitée sur ce film. Hélas la magie des deux précédents n'a pas agi ici et c'est avec un ennui certain que j'ai attendu le dégel. Xiao a une moto et c'est cool car à trois sur une moto, cela permet de faire de joyeuses virées au restau, dans des boîtes de nuit, de s'alcooliser cul-sec, finir la nuit dans son vomi e tutti frutti. Pourquoi ces trois là sont aussi tristes et sans réaction est à peine abordé dans le film. On sent bien qu'ils sont à la recherche d'un sens profond à leur existence mais l'absence de vitalité et de charisme des personnages m'a tenue complètement à l'écart de leurs petites tribulations dont l'apogée tient en une course dans une librairie (tellement laide qu'elle pourrait donner envie de cesser la lecture) où le but est : çui qui vole le plus gros livre a gagné ! La scène se termine... allez tant pis, je spoile, t'façon vous n'irez pas voir le film, à la caisse !

    Sur un coup de tête, encore plus désoeuvrés qu'à l'ordinaire, ils décident de se rendre au Mont Chanbai (ou Mont Paektu pour les intimes) là où il y a un lac céleste. C'est là :

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    c'est vous dire si on a hâte de faire la balade. Ce mont est le point culminant en Corée (2 744 mètres d'altitude quand même). C'est un lieu sacré et le gardien de cette réserve naturelle avertit notre trio : "la météo change vite à cet endroit, appelez-moi si vous avez un problème". La promenade, pas facile, ça grimpe, ils n'ont pas choisi la version touristique facile, devient vite éprouvante. Et je ne vous cache pas que c'est le moment le plus attrayant de l'histoire qui se solde pas un big big maousse f*@¤§!g fog et une improbable rencontre avec effets spéciaux tellement ratés, visibles, moches que j'ai failli pouffer. J'ai préféré me contenter d'un "mais noooooon !" intérieur plus discret. J'adore dire "mais noooon". Et d'une, c'est hyper tendance, et de deux... c'est méga tendance.

    J'ai entendu parler de Jules et Jim concernant ce film sous prétexte qu'il y a une fille et deux garçons trois possibilités... (si vous en voyez davantage faites-le moi savoir, je suis pas une tronche en probabilités). Jules et Jim est loin d'être mon Truffaut préféré mais franchement Nana, la nana ici n'arrive pas sous la semelle de Jeanne Moreau, les deux loustics ont encore des preuves à faire et surtout m'étonnerait que Jules, Jim et Catherine seraient retournés chez papa maman. Tant pis, je re-spoile mais parfois comme disait ma mère-grand : "quand y'a d'l'abus, y'a d'l'excès" (vous avez trois heures).

  • UN JEUNE CHAMAN

    de Lkhagvadulam Purey-Ochir ***(*)

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    Avec Tergel Bold-Erdene, Nomin-Erdene Ariunbyamba

    A 17 ans, Zé est un très jeune chaman consulté pour sa capacité à communiquer avec les esprits et interpréter le sens de ses visions.

    Equipé de son costume traditionnel fait de peaux et de plumes et de son tambour qui lui permet d'entrer en transe, il se rend chez des voisins accompagné de sa mère ou de sa soeur chargée de "traduire" ses visions. C'est dire si le jeune homme a une vie spirituelle intense qu'il prend très au sérieux. Mais il est aussi un garçon de son âge qui va au lycée à Oulan-Bator dans l'espoir de réussir ses études. Lorsqu'il fait la connaissance de Maralaa, une jeune fille de son âge souffrant d'une insuffisance cardiaque qui doit se faire opérer et dont la mère veut qu'elle consulte le jeune chaman, elle se moque de lui et le traite de charlatan. Il est également la risée de ses camarades qui ont d'autres préoccupations que le chamanisme et les esprits. Mais sa rencontre avec Maralaa, cette fille joyeuse aux cheveux incroyables avec mille projets en tête, va transformer Zé. Son "pouvoir" va disparaître, il ne ressent plus rien.

    Après le récent et magnifique Si seulement je pouvais hiberner qui donnait déjà une vision des difficultés de la jeunesse en Mongolie, nous voici de retour à Oulan-Bator pour suivre à nouveau la chronique d'une adolescence. Moins dramatique, plus lumineux que Si seulement je pouvais hiberner, le film de la réalisatrice (merci de ne pas me demander de prononcer son nom) s'attarde sur la destinée d'un jeune homme qui exerce ses étranges compétences sous le nom de grand père esprit tout en continuant d'essayer de vivre sa vie de lycéen amoureux. Une double vie en somme qui fait de lui le symbole même d'un pays partagé entre traditions et modernité.

    Les scènes au lycée sont incroyables où l'on voit les jeunes hilares devant leurs portables jusqu'à l'arrivée de la prof, une espèce de vipère qui se fait saluer comme un militaire, hurle, se moque, insulte, punit ou frappe les élèves. La voir perdre pied et son autorité ridicule dans une scène de rébellion drôle et réjouissante fait vraiment plaisir à voir.

    Mais ce qui intéresse par dessus tout la réalisatrice c'est la naissance de cet amour de jeunesse dans un pays qui se cherche sans doute. On voit toujours les immeubles modernes, de grandes tours affreuses aux pieds desquelles s'étendent les yourtes chauffées au charbon. Yé rêve d'un immeuble qu'il aurait bâti lui-même et Maralaa rêve d'ailleurs, de nature et de campagne. Lorsque chacun dessine la façon dont il voit l'autre sur le pilier d'un immeuble est l'une des plus jolies scènes. C'est très beau, très doux. Les deux interprètes sont magnifiques et terriblement attachants. Et le jeune Tergel Bold-Erdene qui interprète Zé a reçu le Prix Orizzonti du meilleur acteur à Venise en septembre dernier. C'est amplement mérité, il est magnétique.

  • INCHALLAH UN FILS

    de Amjad Al Rasheed ***
    Inchallah un fils

    Avec Mouna Hawa, Haitham Ibrahem Omari, Yumna Marwan

    Nawal et son mari ont une fille et essaient d'avoir un deuxième enfant. Bien que jeune, le mari de Nawal meurt dans son sommeil. Cela se passe à Amman de nos jours en Jordanie.

    Le temps des condoléances passé où chacun affirme à Nawal qu'il est là pour elle en cas de besoin, la jeune femme va devoir affronter le système injuste d'une société encore patriarcale où en l'absence d'héritier mâle, le patrimoine du couple revient... à la famille du défunt !

    Autant dire que les promesses font long feu et que face à l'absurdité et à l'injustice administratives Nawal se retrouve bien seule. Sans compter que son beau-frère réclame une dette impayée et qu'il peut également en cas de défaillance devenir le tuteur de sa nièce et l'enlever à la garde de sa mère... Nawal a beau faire valoir ce qui ressemblerait à des droits, elle a participé au paiement du crédit de l'appartement, elle travaille (elle est infirmière mais sans contrat de travail...), elle a apporté des biens et de l'argent en dot au moment du mariage, rien n'y fait. D'ailleurs, aucun document officiel ne confirme ses affirmations. Les lois et Dieu, tellement commode à invoquer quand cela arrange les hommes, sont inflexibles.

    Nous allons de surprise en consternation devant ce film présenté comme une course contre la montre stressante au cours de laquelle Nawal n'obtiendrait qu'une aide précieuse qu'elle refuse puisqu'il s'agit de son collège kiné qui est amoureux d'elle. Malgré la gentillesse et la sincérité du garçon, l'aide ne serait peut-être pas gratuite. Pas de solidarité à attendre des femmes comme de son frère qui attendent de Nawal qu'elle rentre dans le rang et pourquoi pas se trouve rapidement un nouveau compagnon comme font toutes les veuves, sans faire de vague.

    Nawal est une femme qui lutte pour sa survie et son indépendance. Sur son chemin semé d'embûches, aucune place ne lui est accordée pour son chagrin. Elle avance, fonce même pour faire face à un enchevêtrement de situations de plus en plus absurdes. Dans son combat, elle semble n'avoir que des ennemis au sein même de sa propre famille. Le scenario infiniment réaliste et intelligent ne l'épargne pas et accumule les obstacles qui finissent par ressembler à des pièges.

    Si seulement elle avait un fils, les soucis disparaîtraient comme par enchantement !

    C'est complètement dingue et l'on est tendu d'un bout à l'autre de cette histoire où l'on a envie d'aimer, de soutenir et de secourir cette femme digne et courageuse. La voir couvrir ses magnifiques cheveux à la hâte même lorsqu'elle est chez elle dès qu'un homme fait une apparition est une des moindres aberrations qui jalonnent ce film admirable.

    A Amman capitale de la Jordanie, toutes les ruines antiques semblent disparaître sous les tentacules d'une ville moderne en perpétuelle construction. La ville est un des personnages du film.

  • UN SILENCE - SCRAPPER

    de Joachim Lafosse ***

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    UN SILENCE de Joachim Lafosse ***

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    Avec Emmanuelle Devos, Daniel Auteuil Matthieu Galoux, Jeanne Cherhal

    Depuis 30 ans Astrid cache un lourd secret de famille.

    Dans cette famille bourgeoise, le père, François, est un avocat médiatisé épié par la presse jusqu'au portail de sa maison/hôtel particulier. La fille aînée Charlotte est mariée et mère d'un bébé et le petit dernier, Raphaël, vit encore au domicile, il est au lycée, manifestement très en retard après de multiples renvois suite à des comportements répréhensibles.

    L'histoire s'inspire de celle de Victor Hissel, l'avocat des victimes de Marc Dutroux et je me suis appliquée à ne rien savoir véritablement de quoi il retourne avant d'entrer en salle. C'est un véritable exploit car quand je lis les critiques a posteriori, les encartés révèlent absolument tout de l'intrigue. C'est très dommage car même si l'on sait dès le départ qu'un acte délictueux a été commis puisque la mère, Astrid, se rend à la police, il faudra longtemps avant que l'on sache exactement de quoi il s'agit. Qui a fait quoi et à qui. Un passage à l'acte dont on ne sait ce qu'il est.

    Le film est donc un long flash-back qui va progressivement nous ramener à la scène initiale. Et Joachim Lafosse décortique comme dans la plupart de ses films les mécanismes qui font qu'une famille tient ou s'effondre. Elle tient ici grâce aux non-dits, au déni, aux dissimulations et dans l'espoir que le temps efface tout ou rende les victimes amnésiques. Elle s'effondre quand certains décident de parler, de ravaler leur médiocrité, leur rêve de toute puissance et de confort pour enfin assumer leur honte.

    Pour en arriver là et grâce à un montage astucieux qui rend le film très mystérieux, le réalisateur scrute ses personnages et surtout celui de la mère interprétée de façon étonnante par Emmanuelle Devos qui sous prétexte de respectabilité et de vie très confortable, se tait. Daniel Auteuil dans le rôle du père et du mari autoritaires, manipulateurs est magistral. Pourtant en retrait de l'histoire qui se concentre davantage sur la mère, lors de chacune de ses interventions il impose une présence monstrueuse impressionnante faite de silence(s) éloquents. Lorsqu'il se présente face aux micros des journalistes, on n'a qu'une hâte, qu'il parle. Il diffère ce moment en fumant un cigare. J'ai trouvé son interprétation dans cette scène où il fait l'étalage de toute sa morgue et sa supériorité, incroyable.

    Le jeune acteur Matthieu Galoux qui interprète le fils est une révélation et la maison de famille est le dernier personnage de cette histoire finalement violente.

    Le film est très austère, sombre, éprouvant et souvent surprenant.

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    SCRAPPER de Charlotte Regan **(*)

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    Avec Harris Dickinson, Lola Campbell

    Dans la banlieue de Londres. Géorgie 12 ans vit seule depuis la mort de sa mère. Elle ruse pour éloigner les travailleurs sociaux en prétendant vivre avec son oncle et gagne de l’argent en faisant un trafic de vélos avec son ami Ali. Cet équilibre fonctionne jusqu’au jour où Jason frappe à la porte. Il est son père.

    Si Ken Loach ou les frères Dardenne avaient voulu faire un film qui parle d'enfance, de deuil et de reconstruction, ils auraient sans doute fait celui-ci, ancré dans un réalisme social (la classe ouvrière) mais tout en lumière, en couleurs éclatantes et en grâce. Une petite fille de 12 ans en deuil récent de sa maman adorée essaie de continuer à vivre, d'entretenir la maison et de cocher toutes les cases imposées successives du deuil. La rencontre avec ce père si jeune parfois plus immature qu'elle réserve quelques scènes charmantes, douces et émouvantes.

    La réalisatrice dote son film de quelques gadgets visuels et effets de caméra qui le font parfois ressembler à un devoir appliqué de fin d'études mais l'ensemble tellement sincère, l'attachement que l'on ne tarde pas à accorder aux deux personnages, quelques scènes drôles et d'autres plus profondes,  la qualité de l'interprétation d'Harris Dickinson (vu dans Sans filtre, Palme d'or 2022), Lola Campbell et malgré l'excès de caméra à l'épaule, emportent l'adhésion.

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    NB. : pendant quelques semaines mes articles seront sans doute plus courts et moins nombreux. Je suis actuellement depuis plusieurs semaines, mais cela va s'intensifier, en mode working girl (coordonnatrice du recensement sur ma commune). Je vais donc devoir (contrainte et forcée) déserter un peu les salles et j'ai même dû renoncer à mon cher Festival d'Annonay.

  • TUER UN HOMME (Matar un hombre) de Alejandro Fernàndez Almendras ***

    tuer un homme (matar un hombre) de alejandro fernàndez almendras,cinéma

    Synopsis : Jorge est un homme honnête qui travaille dur pour faire vivre sa famille. Une nuit, il se fait insulter par une bande de jeunes, menée par un ancien délinquant du quartier. Puis son fils se fait à son tour agresser. La crainte et l’angoisse envahissent peu à peu la famille. Et peu à peu son quotidien devient un véritable enfer.

    Ou comment un ex-taulard, sorti de prison encore plus con qu'avant d'y être entré parvient à faire de la vie de Jorge et de sa famille un enfer ?

     

    Quitté par sa femme qui lui reproche de ne pas suffisamment se défendre contre les attaques incessantes du taré, Jorge va finalement réagir d'une façon qu'on attendait pas du tout de la part de cet homme si doux.

     

    Les premières images et la musique démente vous happent instantanément et le réalisateur très doué va faire en sorte de ne pas laisser l'attention et la tension faiblir. On pressent que le drame va se jouer dans cette forêt majestueuse et inquiétante. Ou pas... Et la dernière décision de Jorge surprend et finit par être évidente venant de cet homme "bien", poussé à bout !

  • TUER UN HOMME (Matar un hombre) de Alejandro Fernàndez Almendras ***

    tuer un homme (matar un hombre) de alejandro fernàndez almendras,cinéma

    Synopsis : Jorge est un homme honnête qui travaille dur pour faire vivre sa famille. Une nuit, il se fait insulter par une bande de jeunes, menée par un ancien délinquant du quartier. Puis son fils se fait à son tour agresser. La crainte et l’angoisse envahissent peu à peu la famille. Et peu à peu son quotidien devient un véritable enfer.

    Ou comment un ex-taulard, sorti de prison encore plus con qu'avant d'y être entré parvient à faire de la vie de Jorge et de sa famille un enfer ?

     

    Quitté par sa femme qui lui reproche de ne pas suffisamment se défendre contre les attaques incessantes du taré, Jorge va finalement réagir d'une façon qu'on attendait pas du tout de la part de cet homme si doux.

     

    Les premières images et la musique démente vous happent instantanément et le réalisateur très doué va faire en sorte de ne pas laisser l'attention et la tension faiblir. On pressent que le drame va se jouer dans cette forêt majestueuse et inquiétante. Ou pas... Et la dernière décision de Jorge surprend et finit par être évidente venant de cet homme "bien", poussé à bout !

  • A PERFECT DAY, UN JOUR COMME UN AUTRE de Fernando León de Aranoa ****

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    Avec : Benicio del Toro, Mélanie Thierry, Tim Robbins, Olga Kurylenko, Fedja Stukan

     

    Synopsis : Un groupe d’humanitaires est en mission dans une zone en guerre : Sophie, nouvelle recrue, veut absolument aider ; Mambru, désabusé, veut juste rentrer chez lui ; Katya, voulait Mambru ; Damir veut que le conflit se termine ; et B ne sait pas ce qu'il veut.

    Quand il y a "synopsis" en début d'article c'est que je ne suis pas responsable du résumé succinct du film ! Et en essayant de synopser celui-ci j'étais bien embarrassée. Je pensais pouvoir me reposer sur le synopsis "officiel", mais en le lisant je me suis dit : mais qu'est-ce que c'est que ce synopsis de caca ? En effet, je ne pense pas que ce film s'attache à s'occuper de la destinée des uns et des autres, même s'il met en présence des personnages qui n'ont rien pour s'entendre, d'autres qui souhaiteraient s'éviter ou reformer le couple qu'ils ont été jadis.


    En tout cas, les cinq personnages principaux sont bien croqués et surtout terriblement attachants, sauf cette pauvre Olga Kurylenko qui écope du rôle peu enviable de la beauté irrésistible qui a un poste important certes mais est aussi la reine des emmerdeuses ! Elle a chaud, elle a froid, elle a peur des vaches, elle est une briseuse de ménage... bref, pas grand intérêt. Le fait est qu'ils sont tous dans une zone de guerre dans les Balkans. Le conflit est en passe d'être réglé, en tout cas des pourparlers sont en cours. Pour les associations humanitaires, à chaque jour suffit sa mission. Et ce jour-là, il s'agit de sortir le corps d'un type qui a peut être été jeté volontairement au fond d'un puits car sa décomposition risque de contaminer l'eau. Sauf que la corde casse et dans une région dévastée par les bombardements, trouver une corde s'apparente à trouver le Saint Graal. L'équipe parcourt donc les environs à la recherche de la précieuse corde.

     

    Plutôt que de dire et de répéter que la guerre est absurde, le réalisateur qui n'est ni serbe, ni croate, ni balkanais mais espagnol, décide plutôt de le démontrer en réalisant un film absurde basée sur une histoire absurde ou qui fait mine de l'être mais qui, prouesse, ne cesse de souffler le chaud et le froid, de nous faire rire et nous émouvoir aux larmes sans jamais "jouer" sur des facilités.


    Peut-on rire de tout et notamment de la guerre et de ses dommages collatéraux ? Oui répond clairement le réalisateur qui évidemment ne rit pas DE la guerre et des horreurs qu'elle sème mais des situations ubuesques auxquelles sont confrontés les personnages armés de leur bonne volonté  touchante et d'une obstination aveugle, d'un entêtement irrationnel. Il pointe également du doigt le manque de moyens, l'impuissance des organisations humanitaires qui lorsqu'elles semblent arriver au terme de leur mission, se heurtent aux casques bleus. C'est à la fois risible et révoltant. On a vraiment envie de supplier ce militaire, pourtant compréhensif, de fermer  les yeux sur des ordres émis par des personnes qui ne sont pas sur place.

     

    Témoin de l'épopée burlesque de ces pieds nickelés ô combien bienveillants, un petit garçon qu'ils vont protéger, est le 6ème personnage émouvant de cette tragi-comédie qui fait mal et qui fait du bien.


    Et les acteurs Benicio Del Toro plus qu'humain, Tim Robbins tordant, Mélanie Thierry idéaliste et Fedja Stukan le traducteur se montrent tellement compatissants, altruistes et secourables qu'ils en sont infiniment émouvants.

  • Un crime de Manuel Pradal ***

    Alice aime Vincent mais Vincent est inconsolable depuis l’assassinat de sa femme. Pour lui permettre de reprendre goût à la vie et à l’amour elle se met en quête du meurtrier idéal et pose son dévolu sur Roger, chauffeur de taxi.

    C’est simple et complètement tordu. Normal qu’avec de telles idées bancales, les trois personnages pathétiques à souhait, et chacun bien pourri à sa manière, se cassent le nez. C’est néanmoins captivant de les voir, comme des insectes dans les phares d’une voiture se cogner sans cesse à la réalité et à leur propre connerie.

    Il y a dans ce film une ambiance froide, sombre, glauque, envoûtante. New-York l’hiver est fascinante d’autant plus avec les deux animaux sensuels qui la traversent (Emmanuelle Béart et surtout, surtout Harvey Keitel). C’est vicelard et pervers, donc forcément réjouissant car les personnages pleins d’épines et d’aspérités sont beaucoup plus passionnants que des personnages lisses et bien pensants.

    Harvey Keitel si rare et si indispensable pourtant, est un animal, vulnérable, inquiétant, d’une douceur infinie, amoureux éperdu, mais toujours à la limite de l’excès. C’est ce qui est bon. Sa composition, très « Bad Lieutenant », vaut à elle seule le voyage.

    (V.O. indispensable pour apprécier sa voix râpeuse et abîmée comme semble l’être son âme).

     

  • UN PRINTEMPS A PARIS – Jacques Bral **

    Voilà un film d'un genre que les moins de 20 ans (voire plus...) ne peuvent pas connaître. Voilà un polar pépère qui semble assumer son côté vieillot et désuet et rien n'y manque : les truands fatigués, les trahisons, les amitiés viriles, un cadavre dans un coffre, une voiture qu'on pousse dans un étang (je n'avais plus vu çà depuis 1972 au moins !), des répliques énoncées sans sourire : "cette balle là j'te l'offre... la prochaine j'te l'incustre", une femme fatale (cuir et jupe fendue), le tout sur un air de jazz avec saxo-sexy qui pleure non stop. Les acteurs se régalent : Eddy Mitchell nous la joue à la Mitchum (flegmatique et désenchanté) mâtiné de Kitano (tic récurrent au visage), Sagamore Stévenin se la joue jeune chien fou à la  Delon (oeil de velours, sourire en coin diabolique) et les autres font un numéro de trognes jouissif : Gérard Jugnot, Pierre Santini, Jean-François Balmer (aaah, la voix de Jean-François Balmer).
    Evidemment c'est macho, c'est misogyne, les femmes jouent les utilités décoratives ou gênantes, mais j'ai fait comme si j'avais rien vu.
    C'est un régal.