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LE TABLEAU VOLÉ

de Pascal Bonitzer ****

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Avec Alex Lutz, Léa Drucker, Arcadi Radeff, Nora Hamzaoui, Louise Chevillotte, Alain Chamfort, Olivier Rabourdin, Laurence Côte

André Masson (oui comme le peinte) est commissaire-priseur dans la célèbre maison de ventes Scottie’s. Lorsqu'il reçoit un courrier lui annonçant qu'une toile d’Egon Schiele aurait été découverte à Mulhouse au domicile d'un jeune ouvrier, il doute.

Il s'agit des Tournesols, peint en 1914 en hommage aux tournesols de Vincent Van Gogh dont l'oeuvre de Schiele serait le versant sombre, le soleil noir, la version maladive.

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Face à la description qui lui est faite du tableau, il se rend sur place accompagné de Bertina son ex femme, collègue et meilleure amie et de Maître Egerman l'avocate de Martin qui a découvert par hasard que la peinture qui orne la pièce principale est peut-être un chef d'oeuvre inestimable. Plus aucun doute, le tableau est authentique mais la façon dont il a été obtenu par les propriétaires précédents déplaît fortement à Martin qui souhaite s'en débarrasser au plus vite. Sauf que l'évaluation est estimée à 12 millions d'euros. De quoi faire réfléchir... mais c'est sans compter sur une multitude de difficultés qui vont faire barrage et rendre la récupération puis la vente de l'oeuvre très compliquées.

Tout cela paraît parfaitement farfelu et alambiqué sauf que l'histoire est vraie et que ces tournesols font partie de la multitude d'oeuvres appartenant à des juifs qui ont été spolié(e)s par les nazis. Considéré comme faisant partie de l'art dégénéré, terme qui désigne (en nazi dans le texte) tout ce qui se rapproche selon eux de l'art moderne, le tableau considéré comme sans valeur est peut-être passé de main en main et a été oublié.

Jusque là aucun film de Pascal Bonitzer ne m'avait plu. Ici je me suis prise au jeu instantanément de ce récit que le réalisateur mène tambour battant, sans temps mort avec une énergie, un rythme qui jamais ne faiblissent. Il nous accompagne dans ce milieu chic et snob où le prix de l'oeuvre semble compter davantage que la beauté ou l'intérêt de l'oeuvre. Il le traite comme un thriller. Je craignais que la bande-annonce en dise trop et finalement, oui, elle en dit beaucoup mais elle ne dit pas tout et de nombreuses surprises attendent le spectateur. D'abord parce que Bonitzer agrège à l'histoire principale, toute une série de petites intrigues annexes qu'il boucle toutes en réservant des coups de théâtre jusqu'à la fin. Rien de ce qu'on pressent devoir advenir n'advient et toute une succession de petits twists inattendus rendent le film très ludique.

Contrairement à ce que j'ai lu (chez les pisse vinaigre) je n'ai ressenti aucun mépris de classe généralisé puisque deux mondes opposés qui ne devraient pas se rencontrer se télescopent, mais au contraire beaucoup d'empathie et de bienveillance.

Les dialogues sont un véritable festival de répliques savoureuses, efficaces, assassines, piquantes et d'une grande vivacité. Marisa Borini ouvre le bal des hostilités dès le prologue en collectionneuse aveugle, raciste, méprisante et méprisable. La scène suivante mettant aux prises André et Aurore sa stagiaire bizarre est un grand moment également. C'est admirablement bien écrit et servi par un casting incroyablement bien dirigé. Louise Chevillotte est Aurore la stagiaire pathologiquement menteuse, Arcadi Radeff (une révélation) est le jeune ouvrier au regard et au sérieux étonnants. Il vit encore chez maman (Laurence Côte, super) à 30 ans et l'argent ne lui fait pas perdre la tête, Alain Chamfort balade sa classe nonchalante. Les relations entre les personnages sont vraiment intéressantes notamment l'amitié post mariage (ils sont séparés depuis 15 ans) de Léa Drucker et Alex Lutz. Ils sont tous les deux vraiment épatants mais Alex Lutz, malgré l'homogénéité et la qualité générales de l'interprétation, domine par une manière d'être acteur comme un poisson dans l'eau, d'un remarquable naturel et très juste ici en transfuge de classe accro aux voitures de collection, montres de luxe mais seul à crever.

Je vous souhaite d'être comme moi embarquée dans cette petite machine haletante qui n'esquive pas l'émotion par moments.

P.S. : je vous recommande la page Wikipedia d'Egon Schiele (mort à 28 ans en 1918 de la grippe espagnole), je l'ai trouvée passionnante.

Commentaires

  • Pascal Bonitzer ça passe ou ça casse. Chez moi, ça a souvent cassé. Mais ton billet m'incite à aller voir de plus près.

  • Chez moi ça n'était jamais passé. Le casting m'a attirée. J'ai bien fait. Excellent.moment.

  • Pour moi, Alex Lutz est un grand acteur, injustement sous-estimé.

    Ce film-ci est une excellente surprise. Bonitzer est en pleine forme, son intrigue pleine de malice et la distribution d'enfer.

    Des films français comme celui-là, j'en redemande !

  • Pourquoi sous estimé ? Je trouve qu'il se fait une belle carrière et que ses choix de personnages et réalisateurs sont variés et pertinents. Quand on pense qu'il était un fils de nazi hippie dans OSS117...
    Je l'ai vu deux fois sur scène. C'est prodigieux.
    Bonitzer m'a épatée et surprise avec ce récit tonique, original et bien mené. Et casting : formidable.
    Moi aussi j'en reveux.

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