Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Rechercher : un des nôtres

  • Un secret de Claude Miller ***

    Un secret - Patrick Bruel


    François, enfant fragile et maladif, souffre du regard que son père porte sur lui depuis sa naissance et de l’agacement qu’il lui provoque. Pour échapper un peu à ce tourment, il s’invente un frère sportif et vigoureux, son exact opposé, qui ferait la fierté de papa. A l’adolescence, choqué par les images d’un film qui présente les camps de concentration, il se révolte pour la première fois. Une amie de la famille, Sylvie, décide de lui raconter le lourd secret qui pèse sur sa famille en général et ses parents en particulier.
    Claude Miller réussit avec panache une œuvre où la grande histoire se mêle à celle d’une famille et dont la première originalité est que les scènes contemporaines sont en noir et blanc et les scènes du passé en couleurs. Dans ce beau film chargé d’un bout à l’autre d’une intense charge émotionnelle, il démontre avec finesse et sobriété comment les turpitudes d’un couple, un adultère, peuvent se transformer en tragédie suivant la période auxquelles elles se déroulent. Il évoque aussi la difficulté pour un enfant de se construire, de s'épanouir quand sa naissance et ses premières années sont entourées de mensonges, de mystères et de dissimulations.

    Le casting est irréprochable et Philippe Grimbert (ex Grinberg...) qui a écrit le best-seller dont est tiré ce film fait une apparition marquante et symbolique en "passeur" de la ligne de démarcation. Patrick Bruel, imposant, impressionnant, trouve SON rôle, le rôle de sa vie. Il faut le voir et l'entendre se battre contre sa judaïté "pourquoi faudrait-il être fier d'être juif ?", se faire traiter "d'autruche antisémite" par son propre père! Il est le seul à ne pas croire qu'en France des horreurs adviendront. Il refuse de porter l'étoile jaune. Cécile de France, jamais décevante, sirène, sylphide, est magnifique en femme idéale. Elle et lui forment un couple vibrant et passionné, un couple interdit, dont les corps athlétiques sculptés pour l'occasion sont quasiment caressés par une caméra amoureuse. Ludivine Sagnier, bien qu’elle ait du mal à me toucher, est enfin et pour une fois, sobre. Hélas, personnage central au coeur même du secret lorsqu'il est révélé, mes yeux sont restés secs, alors que j'avais versé des torrents en lisant le livre (oui, j'aime pleurer au cinéma !). Mais celle qui m’a vraiment et fortement épatée c’est Julie Depardieu. Débarrassée de son rôle de ravissante idiote rigolote, elle est vraiment époustouflante en amie sûre et solide, celle qu’on aimerait croiser dans la vraie vie.

    Un secret - Logo officiel du film est un film rare et poignant, éclaboussé d'une lumière estivale en contraste absolu et néanmoins bienvenu avec le drame qui se joue devant nos yeux et nous cloue sur place. Au générique de fin, une petite fillé récite les noms qu'elle découvre sur les tombes d'un cimetière de chiens alors que défilent sous nos yeux les milliers de noms de ceux qui ne sont pas revenus des camps inscrits au mur du mémorial de la Shoah, et qui eux n'ont pas reçu de sépulture.

    Un secret
    Un secret - Cécile de France et Patrick Bruel
  • COMME UN HOMME de Safy Nebou ***

    Comme un homme : photo Charles Berling, Emile BerlingComme un homme : photo Charles Berling, Emile BerlingComme un homme : photo Emile Berling

    Louis a 16 ans. Son père est le proviseur de son lycée. Son meilleur ami Greg est dans la même classe de Première malgré ses 18 ans et pour avoir menacé avec une paire de ciseaux sa jeune prof d'anglais Camille (dont c'est le premier poste), il risque de se faire expulser du lycée. Greg décide de se venger en kidnappant la jeune femme. Louis lui fournit les clés d'une cabane isolée dans une forêt qui appartient à sa famille. Les deux garçons ligotent, bâillonnent Camille et l'abandonnent ainsi seule pour une nuit, pour "lui donner une leçon". Censé la libérer le lendemain, Greg change finalement d'avis et décide de prolonger la séquestration. Greg mais soutient toujours son ami. Un méchant coup du sort va rendre la situation encore plus complexe. Et Louis se retrouve seul à gérer les événements de plus en plus inextricables et à mesure que les jours passent il s'enferme davantage dans le silence.

    A la fois thriller psychologique, presque d'épouvante parfois, tant le conflit entre la victime et le bourreau prend de place peu à peu, et récit initiatique, Safy Nebou réussit son film sur tous les fronts. Dommage une fois encore que le titre ait été modifié car tiré d'un roman de Boileau et Narcejac L'âge bête, le film démontre en effet à quel point l'adolescence porte bien son sobriquet. En effet, ce qui se passe dans la tête d'un ado n'est jamais décevant et ce que cette catégorie d'êtres humains est capable de manigancer dans sa petite cervelle d'incompris est sidérant. La façon de pénétrer dans l'âge adulte prend parfois des directions déconcertantes. Ici, un ado plutôt taciturne issu d'un milieu aisé mais encore bien choqué par la mort de sa mère est en admiration devant un autre ado, un peu plus âgé, plus rebelle et qui tombe sans trop se forcer dans la délinquance. Louis ne veut pas décevoir son ami qui n'hésite pourtant pas à se moquer de lui, parce qu'il ne fume pas par exemple. Et lorsque son père lui dira : "je ne vois pas ce que tu lui trouves ?", Louis répondra simplement : "ben c'est mon ami". Et c'est sans appel. Les relations entre le père et le fils sont affectueuses mais le père ne s'aperçoit pas que son fils lui échappe. Absorbé dans son travail, même le soir lorsqu'il rentre du lycée, il s'étourdit de musique baroque, ne propose à son fils que des plats surgelés et ne partage rien avec lui. Tellement persuadé que son Louis ne déviera pas de la voie de la réussite toute tracée sur laquelle il se trouve. On ne sait pourtant pas toujours si c'est Greg ou son père que Louis cherche à éblouir. Lorsqu'enfin le père réalisera à quel point son fils est en danger, il sera un peu tard. En tout cas, c'est évident, les ados ont de bien étranges façons d'attirer l'attention à eux.

    C'est de manière perverse que Louis s'éveille aux sensations et à la sexualité. Espérons que tous les ados n'en soient pas réduits à se branler devant des films pornos ou à kidnapper une prof (le viol n'est pas explicite mais probable...) pour la tripoter, un peu comme un objet de laboratoire. La scène est surprenante. La réussite du film, la tension qui s'infiltre et émerge, le suspens tiennent également à un personnage hors du commun qui tient une place essentielle ici : la nature. Le marais poitevin n'est qu'un entrelacs de canaux, les branches des arbres des tentacules, les routes des déserts et les éoliennes les témoins majestueux des horreurs qu'elles semblent dominer en silence.

    Sarah Stern est une bien belle, réaliste et convaincante victime. Emile Berling, très beau jeune homme (dont la noirceur et la longueur des cils vont faire rêver beaucoup de filles !) ombrageux et androgyne porte avec une belle profondeur ce personnage de Louis qui se perd dans un imbroglio qui le dépasse rapidement. Les scènes d'affrontement avec son père Charles Berling (qui laisse généreusement toute la place à son petit garçon) font également partie de ces rares et beaux moments de cinéma.

  • UN TITRE DE FILM A TROUVER

    c'est simple comme tout et ça fait commencer la semaine de bonne humeur ! Je sais que c'est flou, c'est fait exprès gros malins.

    Une réponse à la fois, merci.

    GAME OVER

    1

    THIS IS IT trouvé par Martin K

    1.jpg 02422084-photo-michael-jackson-lors-des-repetitions-de-this-is-it.jpg

    2

    NASHVILLE LADY trouvé par marion

    2.jpg19100090_jpg-r_760_x-f_jpg-q_x-20090504_054115.jpg

    3

    JEAN-PHILIPPE trouvé par marion

    4.jpg3617737zulbw.jpg

    4

    CRAZY HEART trouvé par Martin K

    66.jpgcrazy-heart-colin-farrell-jeff-bridges.jpg
     

    5

    I'M NOT THERE trouvé par Dom

    6.jpgI%27mNotThere-Wenk07062c-761119.jpg

    6

    MAMMA MIA trouvé par Alicia

    7.jpgMammaMia-468x349.jpg

    7

    GAINSBOURG, UNE VIE HEROÏQUE trouvé par Foxart

    8.jpgphotos-culture-cinema-serge-gainsbourg-vie-heroique-en-images-Amoureux-de-musique_galleryphoto_paysage_std.jpg
    8
    SOEUR SOURIRE trouvé par marion
    9.jpgsoeur_sourire_1.jpg

    9

    TINA trouvé par Fred

    88.jpg 0.jpg

    10

    PODIUM trouvé par sopel

    99.jpgpodium.jpg
  • C'ETAIT UN PIEGE

    je prêchais le faux pour connaître le vrai... mais "ON" m'a confirmé que c'étaient mes reportages photos qui étaient les plus intéressants. Je suppose que ça tient à la qualité des photos. Tiens, et si j'ouvrais un blog photos ??? Bon j'y réfléchirai plus tard. Dans l'immédiat voici quelques clichés :

    Le warrior avant qu'il n'aille traîner "en ville" (c'est vous dire s'il va bien... les "scores" de jeudi étaient EXCELLENTS !) pendant que je chargeais péniblement les photos pour vous :

    P2050001.JPG

    Les photos suivantes sont du Warrior himself, puisque je vous dis que j'étais restée enfermée à l'hôtel pour vous mettre en joie et vous donner envie de venir passer vos prochaines vacances à Nonnay :

    P2050003.JPGP2050006.JPGP2050004.JPGP2050009.JPG

    Annonay est une ville jeune, dynamique et toujours ensoleillée :

    P2050010.JPGP2050016.JPG 

    Et voici donc les membres du jury de cinéphiles sélectionnés dans toute la France après qu'ils aient envoyé une lettre de candidature motivée :

    P2050018.JPG

    Au premier rang en partant de la gauche : Gaëtan vient de Dignes les Bains (il a de jolies rouflaquettes), Zlata vit entre Prague et Epinal (je ne sais comment elle fait, mais les membres sont des êtres de lumière), Brigitte vient de Fontenay sous Bois (et assortit toujours son bonnet à son écharpe), Bénédicte de Paris (mais n'est pas noble pour autant). Deuxième rang en partant de la gauche : Michel arrive tout droit de Chaussan dans le Rhône (et ses lunettes se teintent avec le soleil), Léonard habite Paris mais est marseillais (et sur la photo il est plié en deux car il mesure 3m20), Anna vient de Bordeaux (et n'en a pas amené) et François d'Annecy (mais personne ne lui en veut).

    Vous voyez ils ont tous des têtes à peu près "normales", j'espère que ça vous incitera à tenter votre chance l'année prochaine. Je tiens d'ailleurs à préciser que Léo et Anna ont découvert le Festival grâce à ce modeste blog !

    Gaël Zi Artistik qui n'est pas rancunier et sa meuf Turtle rider (parce qu'elle chevauche les tortues) pour se faire pardonner ont offert ceci au Warrrior :

    9782842631017.gif

    C'est le livre dont est tiré le beau film de Frédéric Pelle que nous avons vu l'autre jour "La tête ailleurs".

    Et Joël un vieux de la vieille ancien membre du jury de 2008 et sa Catherinette m'ont offert sans raison ou parce qu'ils aiment mon rire, ceci :

    M6945H.jpg

    qui commence par un quizz "Les formules fameuses au cinéma" qui consiste à retrouver à quel film appartient telle phrase (ex. "Vive la cupidité !"). J'ai eu Gaël Zi en challenger, et je lui ai mis sa pâtée, il en pleure encore.

  • Un été italien de Michaël Winterbottom ***

    Un été italien - Colin FirthUn été italien - Colin Firth

    Sur une route enneigée de la banlieue de Chicago, la maman conduit pendant que les deux filles jouent pour passer le temps à deviner la couleur des voitures qu’elles croisent. Un moment d’inattention et c’est l’accident. Les deux filles survivent, la maman meurt. Face au cataclysme provoqué par ce drame et alors qu’il devient au fil des mois de plus en plus insupportable de vivre dans l’appartement familial, le père, prof de fac, profite d’une opportunité de poste à Gênes en Italie pour aller y vivre avec ses filles. La petite, Mary, va emmener avec elle le fantôme de sa maman et sa culpabilité (elle se sent responsable d’avoir détourné la vigilance de sa mère au volant), la grande va tenter de vivre sa vie d’adolescente, découvrir une forme d’indépendance, les premiers émois amoureux, sous le regard attentif et préoccupé du père.

    Le titre original du film est « Genova » et il est évident qu’elle est le 4ème voire le 1er personnage de cette histoire qui parle de deuil, de « survivance », d’amour. Ecrasée de soleil sur la plage, grouillante d’animation dans ses artères principales, moderne et chargée d’histoire, ombrageuse et parfois inquiétante par son labyrinthe de ruelles où il est si simple de se perdre, la vision de cette ville donne tour à tour l’envie de faire ses bagages pour aller y séjourner tant elle est mystérieuse et colorée et de ne jamais y mettre les pieds tant elle semble grouillante, bruyante et survoltée.

    C’est dans ces méandres que les trois personnages vont tenter d’apaiser la confusion et le chagrin qui règnent dans leur cœur et dans leur âme. Et on peut dire que le réalisateur sans pourtant jouer sur l’émotion, au contraire, met le cœur du spectateur à rude épreuve en scrutant et décortiquant tous les tourments endurés après un tel anéantissement.

    Les rapports entre le père et ses filles, ainsi que ceux des deux sœurs qui se rejettent tout en s’adorant, sont admirablement bien vus et décrits. Mais je crois que rarement le dévouement proche de la dévotion, la tendresse, l’inquiétude, la vigilance et l’amour paternels n’ont été si bien incarnés à l’écran. Le père Colin Firth débordant d’amour, est contraint de faire passer son propre chagrin au second plan. Sans effet appuyé, sans larme, patiemment, calmement, rongé d’angoisses par moments lorsqu’une de ses filles nage un peu trop loin, lorsqu’une autre disparaît, fait preuve d’une attention permanente, de tous les instants, de jour comme de nuit, la petite étant sujette à des cauchemars effroyables, la grande se permettant des retours de plus en plus tardifs après ses soirées… Délaissant les opportunités de rencontres, repoussant une vieille amie amoureuse de lui, il se consacre tout entier et sans partage à ses filles (les deux jeunes actrices sont formidables) avec un naturel renversant.

    A force de faire le grand écart entre tous ses films et en regardant de plus près sa filmographie, je me demande si Michaël Winterbottom n’est pas en train de devenir un des mes réalisateurs préférés tant il réserve de surprises à chaque fois. Ce film, tout en délicatesse, charme et pudeur est un nouvel ovni dans sa filmo, un coup de cœur et un coup au cœur.

    Quant à Colin Firth !!!

    Aussi…

  • Un jeu cinéma tous les lundi promis,

    un jeu cinéma tous les lundi dû.

    Vous aviez adoré (si, vous aviez adoré) ce jeu qui consistait à retrouver le titre d'un film à partir d'une image de paysage gribouillée. Donc, on remet ça, dans la joie et la bonne humeur, merci.

    Vous devez me donner LE TITRE du film. Et si vous le (re)connaissez, l'endroit où il a été tourné.

    INDICE (pour éviter de vous égarer) : Il n'y aucun film de Clint Eastwood.

    Quoique*.

    I

    1.jpg
    IL éTAIT UNE FOIS DANS L'OUEST - Bravo Yohan
    La Sierra Nevada en Andalousie
    etait-fois-l-ouest-264044.jpg

    II

    2.jpg
    UNE HIRONDELLE FAIT LE PRINTEMPS : Bravo Sandra (comment as-tu fait ?)
    Le massif du Vercors
    hirondelle-fait-printemps-264014.jpg

    III

    3.jpg
    L'homme au Pistolet d'or - Bravo Marion
    La plage de Phang Nga Bay (Thaïlande), le site a adopté depuis le nom de "James Bond Island".
    james-bond-264034.jpg

    IV

    4.jpg
    UN LONG DIMANCHE DE FIANçAILLES - Bravo Chu
    La pointe d'Eckmülh
    long-dimanche-fiancailles-264042.jpg

    V

    5.jpg
    Nuits blanche à Seattle - Bravo Marion
    Evidemment, ce n'est pas Seattle mais l'Empire State Building à New-york
    nuits-blanches-a-seattle-264018.jpg
    VI
    6.jpg
    THE ROCK (sans Clint Eastwood) : Bravo Frederique
    La prison d'Alcatraz au milieu de la baie de San Francisco.
    the-rock-264008.jpg
    VII
    8.jpg
    INDIANA JONES ET LA DERNIERE CROISADE : Bravo Marion
    Les ruines de Pétra en Jordanie
    indiana-jones-derniere-croisade-264022.jpg
    * mais non ch'rigole !!!
    Mais reconnaissez que c'est "cadeau" cette fois.
     
  • UN CONTE DE NOËL : ROUBAIX !

    d’Arnaud Desplechin ****

    un conte de noël,cinéma

    Impossible de s’y prendre autrement pour annoncer de quoi il s’agit. Le film débute par une voix off qui déclare :

    « A l’origine, Abel et Junon eurent deux enfants, Joseph et Elizabeth. Atteint d’une maladie génétique rarissime, le petit Joseph fut condamné à subir une greffe de moelle osseuse. Sa sœur étant incompatible, ses parents conçurent un troisième enfant, Henri, dans l’espoir de sauver Joseph. Mais Henri, lui non pus, ne pouvait rien pour son frère, et Joseph mourut à l’âge de sept ans. Malgré la naissance d’un petit dernier, Ivan, la famille Vuillard ne se remet pas des conséquences de ce traumatisme… »

    Bien des années plus tard et alors que les relations sont plus que tendues, surtout entre Elizabeth qui a « banni » son frère Henri, Junon et Abel décident de rassembler tout ce monde pour la traditionnelle fête de Noël. Or rien ne semble traditionnel ou classique dans cette famille. On dirait que la mère n’a pas pardonné à Henri de n’avoir pu sauver son frère. Or, aujourd’hui, c’est elle qui est atteinte de la même maladie et qui a besoin d’une greffe de moelle. Chaque membre de la famille a fait les tests.

    Par où commencer pour parler de ce film, de cette histoire, de ce conte humain, cruel qui emporte et submerge dans un maelström d’émotions insoupçonné et inattendu ? Toujours tendu, parfois drôle, souvent féroce, Desplechin réussit la prouesse d’être d’une profondeur inouïe sans jamais être lourd, d’une douceur, d’une légèreté, d’une gravité et d’une drôlerie ébouriffantes. Il vous cloue au fauteuil à la manière d’un P.T. Anderson au début lorsqu’il faut mettre en place les nombreux personnages sans embrouiller. Il y parvient. Ensuite, on pense à « Festen » pour les règlements de comptes familiaux, les révélations aussi, à Bergman pour la force et l’intensité. Et pourtant cela reste un film unique, de Desplechin, son meilleur, abouti, complet, intime, épidermique, un film qui approche la perfection tant il permet de visiter toute l’étendue de ce qui fait les rapports humains et plus encore les relations entre les membres d’une famille éclatée, décomposée.

    Amour, haine, égoïsme, générosité sont au cœur de cette tragédie familiale jamais pesante, souvent hilarante et pourtant ô combien tendue voire inquiétante. Se dire des horreurs, crier au secours mais pas vraiment, tenter de révéler en une soirée tous les non-dits, chercher à guérir de tous les traumatismes qui collent à la peau, à la vie, à l’identité… tel est le pari de ce conte sublime et cruel.

    Mais saura t’on jamais ce qu’Elizabeth reproche à Henri au point de ne pouvoir supporter physiquement d’être dans la même pièce que lui ? Henri, finalement seul donneur compatible pour sa mère lui fera t’il ce don ? Donnera t’il la vie à sa mère qui ne l’aime pas ? Est-ce que la vie, l’amour triompheront de la mort et de la haine ?

    Être happé, littéralement par les joies et les tourments d’une famille dont on ne connaissait pas l’existence est le miracle, encore une fois, de ce film de Desplechin, un cadeau dans une vie de cinéphile.

    Attardons-nous (le nous de majesté me sied à merveille non ?) sur l’interprétation, la distribution, le casting en acier trempé, en béton armé, en or massif.

    Abel, le père, c’est Jean-Paul Roussillon, débordant d’amour maladroit pour ses enfants parce que trop envahi par celui, inconditionnel qu’il porte à sa femme. Il tente, toujours un peu gauche, d’harmoniser l’ensemble mais se heurte constamment à l’omnipotence de Junon. Ivan, le plus jeune (Melvil Poupaud) grand enfant bien que père lui-même, aime sa femme et semble être tout surpris d’être aimé en retour. Sa femme c’est Sylvia (Chiara Mastroiani), lumière vive et irrésistible, aimée d’amour inconsolable par son cousin. Anne Consigny est Elizabeth, la grande sœur qui vit le drame d’avoir un fils schizophrène, celui de perdre sa maman, d’avoir un frère qu’elle déteste (pourquoi ?) et qui pleure et qui chuchote (insupportable pour moi… bien qu’elle soit idéale pour incarner la tristesse qui suinte par tous les pores de sa peau… ne peut-on arrêter de la faire murmurer en pleurant ???). Emmanuelle Devos est Faunia, l’amie d’Henri, compréhensive, énergique qui refuse de se laisser asphyxier par les déchirements et les incertitudes de cette famille. Elle est tordante.

    Mais au-dessus de ce monde en fusion, il y a Mathieu Amalric, indomptable, excessif et convaincant. Il est le plus torturé, le plus fragile, le plus abominable, méchant et drôle aussi. C’est lui qui peut regarder en face les gens et leur dire exactement ce qu’il pense d’eux (Jacques Becker si tu passes par là, regarde et écoute !) sans sourciller : « toi tu ne comptes pas », « je ne t’ai jamais aimée », « fous le camp ». Il est sans cesse au bord du coma éthylique (ce qui semble aider à pouvoir dire ce qu’on pense) sans jamais être ridicule. Il se prend des baffes, des coups de poing tant il est agaçant, sans sourciller. Il parle seul dans la rue, s’effondre tête première dans le caniveau. Il est grandiose, jamais ridicule, souvent drôle, parfois pathétique ou émouvant. Quel acteur, mais quel acteur !

    Un conte de Noël - Mathieu Amalric

    Et puis, évidemment, il y la reine, que dis-je elle est impériale, Catherine-Junon-Deneuve qui comme toujours m’hypnotise littéralement par sa présence, rien que sa présence, son visage et sa voix unique qui peut cracher à son fils dans un débit inimitable « je ne t’ai jamais vraiment aimé »… et lors de la greffe lui dire encore « regarde, je rejette tout ce qui vient de toi ». Elle n’est jamais meilleure que quand elle est sentimentalement incorrecte comme ici. On sent qu’elle jubile à être cette « Junon » autant crainte que vénérée. Elle peut aussi sans jamais être ridicule, manger du regard Jean-Paul Roussillon et lui affirmer « t’es mignon », on la croit, puisque c’est elle qui le dit.

    Ce film laisse son empreinte, délicieusement dérangeante et c’est avec de tels films que se renouvelle encore et encore l’amour du cinéma. Merci, que dire d'autre ?

     
    Un conte de Noël - Catherine Deneuve et Jean-Paul Roussillon
  • Allez un dernier petit effort :

    je constate que plus personne ne cherche à résoudre le merveilleux "jeu du lundi" qui paraît n'importe quel jour. Donc pour le "jeu du lundi" de lundi, il reste encore 3 titres de films à trouver et LE point commun entre tous ces films.

    Et ben voilà, y'a qu'à demander ! Et moi qui n'osais pas... Bravo et merci à ceux qui sont passés : F, Marion, Michèle qui est d'accord avec Jordane qui est d'accord avec Michèle !

    LE point commun est MOZART !

     

    Evidemment il n'y a plus rien à gagner mais pour vous encourager, sachez que très bientôt, il y aura un nouveau "jeu du lundi" (aujourd'hui ou demain).

    Hélas, deux énormes handicaps :

    - il n'y aura qu'une fois deux places à gagner,

    - il faudra être parisien ou être à Paris le 6 janvier 2010 pour pouvoir le remporter...

    En attendant, creusez vous un peu :

    5

    5.jpg

    OUT OF AFRICA

    18798061_jpg-r_760_x-f_jpg-q_x-20070815_090134.jpg

    8

    8.jpg

    EYES WIDE SHUT

    19106205_jpg-r_760_x-f_jpg-q_x-20090515_124926.jpg

    9

    9.jpg

    LA MAÎTRESSE DU LIEUTENANT FRANCAIS

    3344429009754.jpg
  • UN + UNE de Claude Lelouch *

    016306_jpg-r_640_600-b_1_D6D6D6-f_jpg-q_x-xxyxx.jpg

    Antoine compose des musiques de films. Oscarisé, charmeur, très sûr de lui il se rend en Inde pour superviser la musique du prochain film d'un réalisateur indien, une adaptation nouvelle de Roméo et Juliette. Il laisse en France son nouvel amour qui ne va pas tarder à le demander en mariage. Mais à Bombay il est reçu chez l'Ambassadeur et tombe sous le charme d'Anna la femme de l'Ambassadeur, une femme mystique qui ne parvient pas à avoir d'enfant. Chabadabada.

    Chaque fois que je commence à écrire à propos d'un film de Claude Lelouch, il me semble que je commence à m'excuser comme si aimer Claude Lelouch (ce qui est mon cas) était une maladie honteuse. Mais là je vais une fois de plus avoir un peu de mal à le défendre car déjà je n'avais pas du tout aimé le précédent On t'aime, salaud. Mais pour trouver ici des Lelouch que j'aime, il y a Roman de Gare et surtout D'un film à l'autre et un peu moins Ces amours-là.

     

    On reconnaît absolument la patte lelouchienne, même s'il y a beaucoup moins de personnages qu'habituellement, le film est donc beaucoup moins choral mais les histoires s'enchevêtrent, se répondent, sont des miroirs les unes des autres. Beaucoup de hasards et plein de coïncidences. Il y a le film dans le film, les aphorismes et la musique omniprésente et vraiment pas bonne du tout du fidèle Francis Lai. MAIS...

     

    Le plus gros souci qui s'est imposé à moi d'emblée, dès la première scène est le total miscasting en la personne de notre cher Jeannot national. Jean Dujardin, bien beau la plupart du temps, est parfois et involontairement à la limite de son imitation du dromadaire tant il semble mal à l'aise dans son rôle. Certes, il joue un type décontracté qui prend tout à la légère et tourne toutes les conversations en dérision, et pourtant je l'ai senti complètement empêtré dans le jeu faussement improvisé qu'on lui fait jouer.

     

    Les filles m'ont paru beaucoup plus à l'aise avec le savoir-faire lelouchien et notamment Elsa Zilberstein parfaitement crédible en fille qui a découvert une spiritualité dans ce pays et y consacre sa vie. C'est aussi elle qui est le plus convaincante dans l'histoire du couple qu'elle forme avec le mari qu'elle aime (Christophe Lambert, très bien et touchant) puis avec Jean/Antoine qui lui ne semble amoureux ni de sa compagne ni d'Anna. C'est très gênant pour une histoire d'amour. Il est par contre beaucoup plus persuasif quand il dit : "je l'aime parce que quand elle est là, c'est comme si j'étais seul".


    Et la scène de sexe enfin, pas de quoi éloigner les enfants hein, on la voit d'un peu loin. Mais on est bien loin de Cécile de France qui disait à Jeannot dans Moebius : "t'es un putain de cadeau !" Ici, avachi sur la pauvre Elsa/Anna il la bourrine comme un débutant et on a juste envie de lui dire : "pousse toi de là que je m'y mette".

     

    Par contre, ce qui vaut vraiment le déplacement c'est la rencontre avec Mata Amritanandamay, cette figure spirituelle, avatar de Dieu sur terre, qui "embrasse le monde". On sent bien que Claude Lelouch qui a reçu le darshan (étreinte) de cette femme qui passe 10 à 12  heures par jour à prendre des personnes dans ses bras, qui font des queues interminables pour se faire enlacer, est fortement marqué par ce moment. Il lui consacre beaucoup de temps, de nombreuses scènes de son film. Et on le comprend. Son film donne au moins l'envie d'aller en Inde et de se reposer un instant dans les bras de Amma.

     

    Il déclare 2014 à ce sujet : « Je pense que les 50 films que j'ai faits jusqu'à présent n'étaient juste qu'une préparation à celui auquel je me prépare et qui traitera de l'Inde et d'Amma. Recevoir le darshan d'Amma a été plus touchant que de gagner mes Oscars et la Palme d'Or. Ce jour, est probablement le jour le plus important dans mes 76 années de vie »

      

    15-paris-15-2.jpg