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BORDER LINE

de Juan Sebastian Vasquez, Alejandro Rojas **(*)

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Avec Alberto Ammann, Bruna Cusi, Ben Temple, Laura Gomez

Elena et Diego quittent joyeusement Barcelone où ils vivaient depuis quelques années pour s'installer à Miami.

Elle est espagnole, il est vénézuélien et il s'agit d'un nouveau départ pour les deux amoureux trentenaires. L'escale à New York de deux heures leur laissera juste assez de temps pour faire un bisou au frère de Diego qui vit dans la grosse pomme. Sauf qu'à la Police des Frontières de l'aéroport, ils sont désagréablement conviés à suivre un agent et les deux heures suivantes ne vont vraiment pas se passer comme prévu. Pourtant dans le taxi qui les menait à l'aéroport, la radio évoquait le mur de la honte que Trump avait pour projet d'ériger (l'action se passe en 2019) entre le Mexique et les Etats-Unis. Tout le monde n'entre pas, tout le monde n'est pas le bienvenu aux Etats-Unis.

Les réalisateurs vénézuéliens d'origine installés en Espagne, s'inspirent de leur propre expérience et de celle d'amis ou membres de leurs familles pour évoquer ce passage dans les couloirs et bureaux sans fenêtres, terriblement anxiogènes de cette police des frontières située dans des sous-sols labyrinthiques, isolés du reste du monde. Comme les deux protagonistes, nous finissons par avoir l'angoisse de ne plus jamais revoir la lumière du jour. 

Les premières questions sont presque anodines et déroulent plutôt le parcours du couple,  comme un C.V. Elles deviennent rapidement de plus en plus intrusives et peuvent passer de qu'elle est votre profession à qu'elle est la fréquence de vos rapports sexuels ? Si Elena se montre plus indignée face à ces questions, Diego est de plus en plus mal à l'aise, s'agite, transpire. Le malaise s'intensifie, à l'écran comme dans la salle, car l'agressivité à peine contenue des interrogateurs démontre que ces gens là ne plaisantent pas. L'enquêtrice du départ, latino américaine, issue elle aussi de l'immigration, laisserait supposer que l'indulgence pourrait pointer le bout de son nez. Il n'en est rien et elle s'adjoint les services d'un autre agent (blanc de blanc) encore plus machiavélique qui réussit l'exploit de détourner ou interpréter toutes les réponses. Il manifeste même un plaisir sadique certain en exigeant d'Elena qu'elle prouve son métier de danseuse. Les portables et ordinateurs sont décortiqués, aucun détail de la vie privée n'est négligé et peut servir de preuve à charge. On n'en doute pas un instant, ces gens là ont le pouvoir de vous autoriser ou non à fouler le sol américain, et ils l'utilisent avec un plaisir évident. C'est totalement arbitraire et doit tenir en grande partie à la personnalité des protagonistes de chaque côté du sinistre bureau.

Pour ajouter à la tension, l'étage des interrogatoires est en travaux et les sons que l'on perçoit depuis le bureau donnent une impression d'être en zone de guerre. Les outils résonnent comme des armes à feu.

Evidemment, le spectateur s'interroge et pense qu'il va découvrir dans l'un des sacs (longuement fouillés), de la drogue, tout produit illicite qui ne doit pas passer la frontière voire pire. Le doute est assez savamment suspendu et la raison de cet interrogatoire est plutôt inattendu. Malgré cela, la tension progressive puis persistante, l'interprétation impeccable des quatre protagonistes, le film (me) laisse une sensation de déception et d'inabouti. On a beaucoup de mal à cerner la personnalité opaque de Diego et j'ai trouvé que le film finissait par ressembler à une thérapie de couple où les flics jouaient le rôle de psys. Et malgré sa longueur très resserrée, 1 h 17 min. le film m'a paru long. Mitigée donc à propos de ce huis clos asphyxiant qui traite d'abus de pouvoir, de racisme, de peur de l'autre et s'égare un peu.

Par contre la fin, très réussie plongeant dans un absurde effrayant, m'a bien fait rire.

Commentaires

  • Tu es donc bien moins enthousiaste que nous le sommes avec Jérémy, moins emballée que le public de Reims Polar qui lui avait décerné son prix l'an dernier, moins convaincue que le jury du festival Premier Plan d'Angers qui lui a décerné son Grand Prix cette année.
    Je me souviens avoir été pris à la gorge dès les premières minutes passées dans cette première salle "d'attente". Je me suis complètement identifié (mes origines espagnoles sans doute).

  • Bien moins enthousiaste, emballée, convaincue que tous ces gens là réunis en effet.
    Peut-être en savais-je trop avant d'entrer en salle.
    Malgré mes origines flamandes j'ai moi aussi été d'abord prise à la gorge et puis quand ça a viré à la thérapie de couple, j'ai lâché l'affaire.
    La fin est exceptionnelle néanmoins.

  • Bien aimé, huis clos réaliste qui m'a fait aussi penser à "Reality" de Tina Satter. Et d'accord avec toi, la toute fin est particulièrement réussie

  • Bien aimé mais sans plus.
    La dernière image est réussie et le couple va devoir se remettre en question. Voilà pourquoi pour moi ça vire à la thérapie de couple.

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