JURASSIC WORLD : RENAISSANCE
de Gareth Edwards ***(*)
Avec Scarlett Johansson, Jonathan Bailey, Mahershala Ali, Rupert Friend, Manuel Garcia Rulfo, Luna Blaise, David Lacono
Les dinosaures, les musées consacrés à la préhistoire et les parcs à thèmes ne font plus recette.
L'humain se lasse de tout et les dinosaures survivants agonisent en ville en attirant à peine l'attention tandis que d'autres sur lesquels ont été réalisées des expériences et autres manipulations génétiques restent isolés sur une île de l'Equateur dont les conditions sont proches de celles de leur ère d'origine. Un labo découvre que le sang et le plasma de certains dinosaures recèleraient la possibilité de créer une potion miracle capable de soigner certaines maladies mortelles. Une équipe composée de mercenaires, d'un scientifique passionné de dinos et d'un gars du labo se rendent sur place avec pour objectif de prélever la précieuse substance sur trois parmi les plus grands spécimens, un en mer, un sur terre et un dans les airs. Point trop de blabla, on embarque dès le premier quart d'heure pour une aventure à couper le souffle.
Je me suis rendue presqu'à reculons à cette séance car malgré mon amour pour le Jurassic Park 1er du nom (Spielberg aux commandes s'il vous plaît), la saga n'a cessé de s'effondrer au fil du temps et des sept séquelles qui ont suivi, transformant au passage le park en world... J'ai bien fait de ne pas écouter la petite voix qui me disait de fuir en sens inverse. Ce film est un GRAND film d'aventures. C'est avec un plaisir fou et une grande surprise je l'avoue que je découvre que Gareth Edwards a réussi l'exploit de renouveler le genre tout en y étant fidèle. Bravo mille fois et merci tout autant.
Puisqu'il s'agit de rencontrer trois espèces différentes, trois aventures s'offrent à nos experts. Leur équipe sera même augmentée d'une famille (le père (big up à l'acteur mexicain Manuel Garcia-Rulfo), ses deux enfants et le petit ami de son aînée) naufragée après l'attaque par le dino marin.
La première étape en mer est une explosion de rebondissements démentiels qui vous clouent au fauteuil. On se demande comment le réalisateur armé d'un scenario minimaliste (en gros, il faut réussir la mission) peut à ce point nous transporter dans des montagnes russes de suspense, de peur et d'émotion. Il y parvient avec une deuxième partie foudroyante de beauté où l'on assiste à la parade amoureuse des dinosaures les plus gigantesques mais les plus pacifistes et herbivores. Et là, chapeau bas, l'émotion forte humidifie dangereusement le regard parce que l'on se souvient d'avoir vu émerger de la brume ces grands animaux mythiques au cou gigantesque et d'avoir trouvé cela très beau. Le réalisateur ne se contente pas de refaire une scène admirable à l'identique, il rend hommage à Spielberg en renouvelant la grâce, la douceur et la beauté de ce moment magique. La musique originelle de cette scène qu'on voudrait voir se prolonger accompagne la marche souple de ces dinos des prairies à qui notre Alexandre Desplat ajoute sa note respectueuse. C'est beau mais c'est BEAU.
La troisième partie est également riche en suspense et mésaventures.
Même l'inévitable flirt entre la baroudeuse (incarnée avec beaucoup d'énergie et de panache par Scarlett Johannson) et le scientifique (le délicieux Jonathan Bailey) n'est qu'une amorce, jamais lourdaude et absolument charmante.
Tout va bien dans ce film (le meilleur depuis le premier épisode qui date de 1993) qui ressuscite le film d'aventures comme on l'aime. Le titre n'est pas trompeur.
Ajouterai-je que j'y ai perçu un bien beau message voire une réflexion humaniste et écolo. Ce n'est pas rien.