FILLES EN DANGER
Des filles face aux prédateurs...
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AUX JOURS QUI VIENNENT de Nathalie Najem **(*)
FRANCE
Avec Bastien Bouillon, Zita Hanrot, Alexia Chardard, Marianne Basler
Laura a rompu avec Joachim le père de sa fille. Psychologiquement perturbé le garçon a néanmoins rencontré une autre jeune femme Shirine, avec laquelle, après des débuts tendres et complices, il se comporte rapidement comme avec Laura. Paranoïaque, maladivement jaloux, intrusif, il tyrannise et épie la jeune femme de la même manière que la précédente, entre chantage, menaces, repentir et rechute. Shirine, inquiète puis terrorisée par la violence soudaine de Joachim contacte Laura. Les deux femmes vont tenter ensemble de se sortir de l'emprise de cet homme imprévisible et changeant.
Avec ce titre étrange et pas très "parlant", la réalisatrice dont c'est le premier long métrage passe à peu près à côté de tous les sujets qu'elle aborde. C'est dommage. Trop de thèmes sont survolés et (mal)traités. D'abord cette séparation d'avec un type dont Laura voudrait ne plus entendre parler mais lorsqu'on a un enfant en commun c'est difficile. Pourtant Joachim ne s'occupe strictement pas de cette petite Lou (adorable) sauf pour émettre des reproches (elle fait beaucoup de fautes d'orthographe) ou faire d'odieux chantages affectifs. Puis il y a les thèmes du harcèlement, celui de l'emprise, de la déclaration aux services de police, de la violence qui va surgir on ne sait quand... Tout est survolé. Le summum du ratage est atteint lorsque les deux filles s'unissent pour "combattre" leur oppresseur. Là encore la réalisatrice ne fait rien de cette ébauche de "sororité" qui finit par s'évanouir. Rien n'est approfondi.
Dommage aussi que le personnage du tyran soit un toxicomane. Le sujet est d'autant plus grave et incompréhensible lorsque l'auteur des persécutions est un type "normal", sans histoire mais se comporte de façon quasi instinctive comme si les femmes lui appartenaient. Ici, constamment en manque ou en crise de paranoïa, Joachim aurait en premier lieu grand besoin de soigner son addiction sans doute responsable de ses comportements changeants et ses brusques accès de paranoïa . Quant à son tempérament égaré, il faut une nouvelle fois ne pas chercher trop loin : sa mère, bonne pour le cabanon, est évidemment en ligne de mire.
On a par ailleurs bien du mal à suivre ces constants allers retours entre Nice et la Sicile. Pour des personnages qui semblent ne pas avoir trop de moyens financiers (on voit bien que Laura "tire le diable par la queue" pour élever seule sa fille), ces voyages sont incompréhensibles. Evidemment au cinéma il est simple de se téléporter d'un endroit à un autre mais c'est difficile de se projeter dans des personnages ordinaires qui réussissent à voyager autant tout en démontrant qu'ils ont du mal à boucler les fins de mois. Joachim semble d'ailleurs n'avoir ni travail ni revenus.
Malgré ces réserves, certaines scènes au cours desquelles la tension monte crescendo sont particulièrement réussies. Là où la réalisatrice réussit un sans faute c'est dans le choix de son casting. Les deux jeunes femmes victimes, combattantes, résistantes face au harcèlement et à la brutalité d'un type qu'elles ont aimé ainsi que la petite fille sont parfaites. Mais c'est davantage sur le salaud qu'elle recentre son histoire. Où est-ce la performance subtile de l'excellent Bastien Bouillon qui retient toute l'attention ? En tout cas, l'acteur, charmeur, charmant alterne douceur, tendresse, promesse de ne plus recommencer avec de soudains accès de colère et de violence dont on ne sait jamais réellement à quels moments ils vont surgir. C'est quand il murmure "tu ne dois pas avoir peur de moi" qu'il fait le plus flipper. Et c'est presque gênant que ce soit le "bourreau" qui attire plus l'attention que ses victimes.
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DANGEROUS ANIMALS de Sean Byne ***
AUSTRALIE
Avec Hassie Harrison, Jay Courtney, Josh Heuston
Tucker organise des virées en pleine mer et propose à de jeunes touristes audacieux et en manque de sensations fortes de les immerger dans une cage au milieu des requins. Peur et émerveillement garantis. Mais Tucker est un serial killer psychopathe qui choisit ses proies (de très jolies et très jeunes filles) les séquestre à fond de cale après avoir éliminé un éventuel partenaire et les donne à grignoter aux sélachimorphes (c'est pour pas répéter trente six fois requins). Il pousse le sadisme jusqu'à filmer, faire admirer l'acte de dévoration par des requins d'une victime par la victime suivante et visionner en boucle au moment du repas ses exploits enregistrés.
Vous l'avez compris, Tucker est un grand malade refoulé à la John Doe mais il va tomber sur un os en la personne de Zephyr une surfeuse intrépide et solitaire (elle vit seule dans son camion et ne se nourrit que de neuf brioches par jour (détail aussi con qu'inutile)) toujours à la recherche des spots de surf et déferlantes les plus spectaculaires. Pas de bol Tucker, aujourd'hui la surfeuse en maillot se défend. Déjà, elle n'a pas la langue dans sa poche, en connaît un rayon sur la psychologie masculine et lorsqu'il s'agit de passer à l'action, elle répond présent. Mais avant de tomber entre les pattes du taré, Zeph fait la rencontre de Moses avec qui elle passe une nuit histoire de mettre un peu de sentiment dans le bousin et que quelqu'un se préoccupe de sa disparition.
Droguée, menottée et jetée à fond de cale, Zeph assiste au grignotage de la pauvre petite Heather et doit se creuser les méninges pour résister aux requins mais surtout à l'homme prédateur. Car le grand vilain ici n'est pas le squale mais évidemment l'homme décérébré.
Ce Dangerous animals est un divertissement d'été parfait qui arrive pile poil pour fêter le cinquantenaire du requin le plus célèbre d'Hollywood, celui de Steven Spielberg (Les dents de la mer en VF, Jaws en VO). Et contrairement à son illustre prédécesseur le requin ici n'est pas une horreur animatronic dont on ne voit que la gigantesque et répugnante mâchoire mais d'authentiques et majestueuses bestioles filmées dans leur environnement naturel. L'agressivité meurtrière ne vient pas des animaux mais de l'homme qui se repaît des souffrances de son prochain.
Dans son genre (thriller épouvante), le film est une totale réussite. On tremble, on ne doute guère de l'issue mais les multiples rebondissements ne cessent de relancer la machine. Des invraisemblances scénaristiques ne gâchent rien puisqu'elles font avancer la mécanique. Le méchant est irrécupérable, les poissons sont magnifiques, l'héroïne est une guerrière, les acteurs sont super bons... franchement, chapeau.
A noter que les deux acteurs principaux pourraient jouer dans la catégorie "sosies officiels"... Jay Courtney sosie de Richard Dreyfus (Matt l'océanographe des Dents de la mer) qui bénéficie cette fois sans avoir à le réclamer d'un "plus gros bateau" et Hassie Harrisson sosie de Jennifer Lawrence. Troublant. Josh Heuston quant à lui, ne ressemble à rien.
Si vous aimez avoir peur (juste ce qu'il faut), si quelques plaies et cassages d'os ne vous effraient pas, si vous ne devez plus vous baigner en pleine mer cet été : go !
Commentaires
Ce "Dangerous Animals" est une des bonnes surprises de cet été... et c'est un film malin. D'un côté, on invite les spectateurs à reluquer la plastique avantageuse des jeunes hommes et femmes (souvent peu vêtu.e.s), de l'autre, on offre une (toute) petite réflexion sur la résilience et le besoin d'indépendance. Fort heureusement, cela reste aussi un joli spectacle sanguinolent, avec ce qu'il faut de sauce tomate et de tripes.
Je ne me suis pas sentie dans la position de "reluquer".
Et la petite réflexion est tellement petite qu'elle m'a échappé.
Quel dommage !
Je vais voir Zita et Bastien demain.
L'autre me tente aussi, mais je vais à nouveau manquer de temps, je pense...
Comme tu le vois le Zita/Bastien m'a déçue malgré ses bons côtés mais la prestation de Bastien est irréprochable.
Je ne connaissais pas Zita Hanrot, mais je l'ai trouvé éblouissante. Elle illuminait le film de sa présence malgré le sujet sombre qu'il propose. Pour autant, le film, en tant que film, ne m'a guère passionné. Comme tu dis, peut-être trop de survol... La jeune femme une jambe à moitié dans le plâtre qui s'enfuit dans une gare italienne, rentre dans le train à quai et se retrouve directement à Nice... Je veux bien croire que Nice n'est pas très loin de l'Italie... Bref... Les actrices sont belles et jouent bien mais ça n'en fait pas pour moi un grand film... Un peu déçu, je l'avoue... (peut-être que j'aurais dû aller reluquer les autres femmes de Dangerous Animals ;-))
Bonjour ami Bison !
Rien à voir avec le cinéma, mais...
De Nice à la frontière italienne (Vintimille), le trajet en train est assez court, en tout cas. Moins d'une heure si tout se passe normalement, quel que soit le nombre d'arrêts intermédiaires.
Merci pour ces précisions d'itinéraire.
Il semble que les protagonistes se retrouvent souvent en Sicile.
Je trouve que ces voyages ne présentent pas beaucoup d'intérêt et je les trouve incompréhensibles.
Je suis persuadée que tu as déjà vu Zita dans d'autres films.
Beaucoup de survol, d'approximation et d'aberration mais les acteurs sont épatants.
Les filles et les prédateurs valent le déplacement aussi.
"Aux Jours qui viennent"... Un très bon film, mais un peu "trop sage", jusqu'à une certaine complaisance pour ce mec. Dans le genre ce film est très bon mais un cran en-deça du magnifique et tragique "Jusqu'à la Garde" qui reste le must
"Dangerous animals"... j'ai adoré Jay Courtney dans ce rôle de dingue mais je n'ai jamais eu peur, finalement beaucoup d'esbrouffe mais sans réelle tension, on se doute que la blonde va s'en sortir et que pas lui...
Jusqu'à la garde était terrifiant.
La prestation de Bastien Bouillon souffle constamment le chaud et le froid et oui, il est parfois touchant.
Le principe est souvent que le ou la gentille s'en sorte et pas le vilain.
Je n'ai pas vraiment eu peur mais je n'aime pas les plaies... Les ados (filles) de mon entourage ont été terrifiées.
"Aux jours qui viennent" ? Une petite déception, liée notamment à des personnages un peu trop caricaturaux parfois. Ils sont cependant très bien interprétés. Alexia Chardard aurait dû être présente sur l'affiche, elle aussi.
Quelques jolies et bonnes scènes tout de même dans ce premier film. La réalisatrice méritera une autre chance.
Tout à fait d'accord avec ces arguments;
Les acteurs assurent et l'inconnue Alexia Chardard mérite mieux que d'être ignorée sur l'affiche.
J'ai beaucoup aimé Dangerous Animals, le méchant est incroyable. J'ai énormément aimé son personnage complètement foutraque, totalement prétentieux (mascu toxique bonjour) et dark à la fois. Vraiment un très chouette film, et depuis j'ai la chanson Baby Shark dans la tête. ahaha !
Très déconstruit le garçon :-) avec sans doute une maman castratrice (c'est toujours la faute des mères).
La chanson : un fléau !