LES ENFANTS VONT BIEN
de Nathan Ambrosini **
Avec Camille Cottin, Manoa Varvat, Nina Barman, Monia Chokri, Guillaume Gouix, Frankie Wallach, Feodor Atkine, Myriem Akhedhiou, Juliette Armanet
Un jour d'été, Suzanne débarque chez sa soeur Jeanne avec ses deux enfants, Gaspard bientôt 10 ans et Margaux 6 ans.
Les deux femmes ne se sont pas vues depuis de longs mois mais les retrouvailles d'abord un peu frisquettes se détendent. Jeanne accepte de les héberger mais le lendemain alors qu'elle s'apprête à se rendre au boulot, elle découvre que Suzanne n'est plus là. Cette dernière a laissé un mot près de la valise des enfants où elle précise qu'elle les confie à sa soeur, sans autre explication. Rapidement Jeanne se rend à la gendarmerie pour signaler cette disparition sauf qu'au regard de la loi (et d'un gendarme plein d'empathie) la disparition volontaire d'un adulte ne peut en aucun cas donner lieu à des recherches. Paniquée, elle constate qu'elle n'a pas le choix, elle DOIT s'occuper des enfants. Sauf que sans autorité parentale elle se trouve confrontée à un enchaînement de difficultés administratives. En outre, elle n'a elle-même pas d'enfant, n'en a jamais voulu, c'est d'ailleurs ce qui a provoqué la rupture avec sa compagne de longue date, et ne sait pas s'y prendre avec les mutchachus. Sauf que si, elle s'y prend très bien. Et c'est ce qui est à mettre au crédit du film, cette façon calme, douce et efficace que les trois protagonistes principaux ont de faire face à cette disparition brutale. De rares emportements ou agacements et aucune hystérie de la part des enfants tellement tristes, séparés de leur maman et qui vont forcément se sentir à un moment responsables de son départ.
Jeanne doit complètement réorganiser sa vie. Elle osera penser et dire ce qui ne se dit pas, que ces responsabilités sont trop pour elle, que des soirées sans enfants c'était bien, parce que les mois passent et Suzanne ne revient pas, ne donne aucune nouvelle. Et les enfants, comme font tous les enfants, ils s'adaptent avec leur chagrin insurmontable. Car même les parents défaillants sont adorés par leurs enfants abandonnés. C'est ainsi.
Alors pourquoi deux petites étoiles me direz-vous alors que je trouve le traitement du sujet, voire des sujets (perte de sa soeur, deuil impossible, disparition inquiétante, parentalité non désirée) plutôt délicat ? Je vais encore être la vilaine face à la critique qui s'agenouille... j'ai même lu "oeuvre incontournable". Et là je dis, on se calme les gars. Car malgré le courage et l'endurance des trois personnages à résister à leur angoisse et à leur tristesse, le film est lent, mou, sans énergie. Et le réalisateur nous déroule le guide du parfait petit juriste ou le comment il faut faire et pas faire quand on se retrouve dans cette situation délicate. Merci à Frankie Wallach (la géniale Melle Edf de la pub jecherchedessolutionstangiblesauréchauffementclimatique) d'énumérer tout le parcours du combattant pour que des enfants laissés par leur mère (le père est mort, tant qu'à charger la barque allons-y gaiment) ne se retrouvent pris en charge par l'ASE (Aide sociale à l'enfance) ou placés séparément dans des familles d'accueil. C'est didactique mais lassant, à la limite du documentaire. Même l'inscription dans une nouvelle école est problématique. Cela se comprend, il faut l'accord d'au moins un parent. Brusquement la directrice dit : "bon ben allez on va faire comme si" et inscrit les enfants.
Les hommes sont quasi absents de l'histoire parce que c'est bien connu, les femmes entre elles c'est plus doux. Il y a donc le père des deux soeurs "placé" dans une structure médicalisée et pas particulièrement intéressé par le sort de ses filles. Ajouter quelques petits traumas de l'enfance ça ne mange pas de pain. Et surtout, il y a Sébastien. J'adore Guillaume Gouix (qui est beaucoup trop rare à mon goût) mais vraiment ce personnage, ça va pas du tout. A quel moment un gendarme vient sonner chez une plaignante qu'il ne connaît absolument pas et lui dit : "bon, je suis hors la loi (d'ailleurs il est en civil à ce moment), j'ai pas le droit mais j'ai un copain à la préfecture de chépaou qui pourra me donner des infos sur la carte bleue de votre soeur et où son téléphone a borné..." etc ? J'aime pas quand on nous prend pour des biiiiip ! Cette scène est à peu près équivalente niveau absurdité à celles de Dossier 137 où la flic de l'IGPN croise la mère de la victime au supermarché, qui se trouve être une patiente de sa propre mère aide-soignante et se rend plus tard chez elle pour lui annoncer un verdict !!! Parfois les scénaristes se laissent emporter.
Sinon, il y a aussi toutes ces chichiteries de réalisation de premier de la classe (Nathan Ambrosini a 26 ans) tellement voyantes que même moi je les vois : conversations entre deux portes, derrière des vitres voire derrière une porte fermée. Et brusquement, alors que les personnages sont la plupart du temps filmés de loin, il y a une scène en très très TRÈS gros plans sur les visages successifs (champ contre champ ça s'appelle) de Camille Cottin et Monia Chokri au restaurant. Leur visage occupe tout l'écran. C'est bizarre.
Juliette Armanet réussit l'exploit d'être au centre de l'attention tout en étant absente à l'écran (Dieu existe). Cela dit je ne l'ai absolument pas reconnue, à aucun moment. Son visage semble avoir diminué de moitié !!! Ou alors il y a une deuxième Juliette Armanet et dans ce cas je demande : POURQUOI ???

Finissons-en, j'avais décidé de faire court. Certains enfants accomplissent des petits miracles devant la caméra. C'est le cas de Manoa Varvat qui joue le rôle de Gaspard. Cet enfant est un petit miracle (ah oui, je l'ai déjà dit). Camille Cottin est merveilleuse et la petite Nina Barman très bien aussi. J'ai été touchée par le sort des enfants car je ne supporte pas qu'on fasse du mal aux enfants mais le film ne m'a pas bouleversée et je l'ai trouvé vraiment TRÈS long, interminable (presque deux heures) et un peu lourdingue.
J'en ai assez des films dossiers de l'écran, je me mets en retrait. C'est Romane Bohringer qui en fera les frais. Tant pis. A bientôt. Soyez sages.
