DRACULA
de Luc Besson °
FRANCE
avec Caleb Landry Jones, Christoph Waltz, Matilda de Angelis, Guillaume de Tonquedec etc
Synopsis officiel (parce que franchement je ne peux dire mieux) : Au XVe siècle, le Prince Vladimir renie Dieu après la perte brutale et cruelle de son épouse. Il hérite alors d’une malédiction : la vie éternelle. Il devient Dracula. Condamné à errer à travers les siècles, il n’aura plus qu’un seul espoir : celui de retrouver son amour perdu.
Lorsqu'il existe un film que l'on nomme régulièrement LE Dracula de Coppola (indépassable), est-il nécessaire de tenter sa chance (ou de prouver qu'on peut faire mieux) en réalisant ce qu'il conviendra désormais d'appeler le Dracula de Besson pour bien le différencier de son illustre aîné ? Non, mille fois non. Pourquoi ? Pas facile à développer sans s'étaler (et j'ai peu de temps avant de m'éclipser à nouveau). En tout cas, dès le début, je dirais même dès la première image quelque chose cloche et me dérange. On surprend un couple en pleins ébats. Le premier geste de l'homme est de surprendre sa compagne par derrière et de serrer ses doigts autour de son cou. Un geste d'amour certes parce qu'il nous sera asséné pendant deux heures et neuf minutes (putain c'est long parfois deux heures et neuf minutes !) que ces deux là s'aiment d'un amour éternel qui va traverser les siècles et rendre le garçon inconsolable, mais ce geste, je ne l'aime pas. Ensuite, les deux font une bataille d'oreillers en rigolant comme deux saucisses (oui les saucisses rigolent), jouent à cache cache sous les draps et se courent après autour du lit en gloussant comme deux dindons (ce sont bien les dindons qui gloussent ?). Sauf que la guerre n'attend pas. "Rrrrrro lala dit l'amante pacifiste, c'est vraiment vrai que tu pars faire la guerre alors que la paix c'est vachement mieux ?" Et oui Elizabeta (elle s'appelle Elizabeta) il part ton Vladou. Il lui lèche le museau plusieurs fois pendant que ses soldats lui enfilent son armure et l'arrachent à l'étreinte. Et le vla parti empaler de l'ennemi à tire larigot et revenir au galop lorsqu'un messager vient lui dire : "Ô sire ! La princesse s'est fait attaquer, elle s'est enfuie" tout ça. Ni une ni deux, il enfourche son canasson et à fond de train il la retrouve dans la neige mais en zigouillant le type qui la maintient, il embroche aussi sa princesse, c'est ballot avouez. (Bon relisez le chef-d'oeuvre de Bram Stoker, ici on est dans le big porte nawak XXL). Le désespoir du gars est comac. Et là, on assiste à... pas une, pas deux, pas trois, pas quatre, pas... à VINGT tentatives de suicide de Vlad qui se balance par la fenêtre mais retombe chaque fois sur un épais tapis de neige qui amortit la chute. J'ai eu envie de me cacher devant le ridicule de la scène. Chaque fois qu'il revient il est un peu sonné mais au bout d'une vingtaine de fois, il dit STOP je vais plutôt devenir vampire et chercher Elizabeta à travers les siècles. Eueueuh gars, tu l'as enterrée ta Lizie !!! C'est à ce moment là que je me suis dit : Besson a voulu faire un film comique, sauf que Besson n'a pas d'humour ou que son humour est problématique. Même les gargouilles du château ricanent (la transformation des gargouilles à la fin : au secours, mais je ne dirai rien même sous la torture). Bon il traverse les siècles, passe par Versailles et là je vous jure qu'il y a cette réplique : "le roi s'appelait Louis mais je ne me souviens plus de son numéro"... Humour quand tu nous tiens. Il y a une scène de comédie musicale pour faire genre (j'étais cachée sous le fauteuil, de honte, j'ai pas tout vu). Et on arrive en 1889 (je vous promets sur ma vie qu'à ce moment, on voit la Tour Eiffel et qu'il y a un petit air d'accordéon... l'humour de Luc c'est quelque chose) et c'est là qu'intervient Mina (la fiancée de Jonathan Harker mais j'ai vraiment pas le temps de vous faire un dessin) qui est le portrait craché d'Elizabeta (pas Jonathan, Mina). Après quelques mésaventures où Vlad diffuse son parfum qui fait se pâmer d'amour toutes les femmes de moins de trente ans (youhou Luc, ya encore des trucs qu'on t'a pas expliqué ou bien ?), il retrouve Mina. Il lui annonce qu'elle s'appelle Elizabeta et qu'elle est l'amour de sa vie. Mais non monsieur, je suis fiancée à Jonathan et je ne vous connais pas non mais oh ! Et puis si finalement, elle lui dit mon amour sans même avoir à renifler le parfum. C'est bien la preuve que cet amour là c'est du lourd (ou qu'il n'a pas d'odorat, chépa). Mais ça se gâte et comme Luc Besson a beaucoup de choses à se faire pardonner il a remplacé le scientifique Van Helsing par un cureton sans nom (ce qui permet au passage à Christoph Waltz de continuer à creuser son sillon, que dis-je son gouffre et de nous refaire son numéro bien rôdé de Hans Landa et pousser l'auto-parodie au-delà du supportable) qui va expliquer à Vlad qu'il est une créature de Dieu, pattin couffin amen et vive le sain d'esprit. Vlad dit ok, tu m'as convaincu, je vais me sacrifier pour qu'elle vive.
Voilà.
Donc, le romantisme échevelé qu'on trouvait chez Coppola entre Mina/Elizabeta/Vlad se réduit ici à une histoire de cul. Les deux ont juste envie de se rouler des pelles. Leur histoire est sinistre, sans intérêt, ridicule et à aucun moment on est transporté par le souffle de l'amour que rien ne peut éteindre, ni le temps, ni le sang, ni les larmes. Tout le film est d'ailleurs ridicule, mal fagoté, sans passion. Et, je sais ça ne se dit pas mais Mina/Elizabeta est moche et joue mal... mais ô surprise que vois-je il s'agit de Zoé Blu fille de Rosanna Arquette qui jouait dans Le grand bleu de... Luc Besson. Elle est mauvaise mais mauvaise (et moche, mais ça ne se dit pas, même les moches ont droit à l'amour) ! Et ce n'est rien à côté de la folle qui interprète son amie Maria (la possédée qui fait clac clac avec ses dents et se mouille les lèvres avec la langue). Une telle hystérie dans l'interprétation on n'avait pas vu ça depuis... on avait jamais vu ça ! J'ai vraiment eu envie de lui dévisser la tête pour la faire taire, mais je suis sûre qu'elle aurait continué à courir en hurlant. Oui, sans tête. Besson a bien réalisé Dracula, pourquoi une fille ne hurlerait pas sans sa tête ?
J'arrête, j'aurais aimé vous donner d'autres détails et raisons de faire des économies mais j'ai vraiment des trucs sur le feu...
J'espère que l'excellent, le monstrueux Caleb Landry Jones va se sortir des pattes de Luc Besson.
Commentaires
Trop drôle !
Et les Charlots, à quel moment ils arrivent ?
Tout ça me fait penser que Dario Argento a lui aussi fait SON Dracula. Pas vu, mais il n'a pas bonne réputation. J'ai l'impression qu'il se voit désormais concurrencé par cette version.
Merci d'avoir lu.
Je pense que les gargouilles tellement expressives qui semblent dire : mais qu'est-on allé faire dans cette galère, peuvent faire office de Charlot.
Je me contenterai désormais de la version Coppola.
Ce que tu décris des gargouilles, j'ai l'impression d'être dans "La Belle et la Bête" version Disney.
Ah non, rien à voir. Ici TOUT est ridicule.
En comparaison, j'ai l'impression que "Nosferatu" reprend du poil de la bête.