Festival International du Premier Film d'Annonay 2011
Film présenté dans le cadre de la thématique : "Les artistes à l'écran"
Après un long séjour en hôpital psychiatrique, Vincent se rend à Auvers sur Oise sur les recommandations de son frère Théo. Le Docteur Gachet, amateur d'art et ami de nombreux peintres de l'époque prendra soin de lui. Vincent s'installe donc dans une petite chambre au café du village. Il y connaîtra ses dernières amours avec Marguerite la très jeune fille du Docteur, ainsi qu'avec Cathy une prostituée. Il réalisera là la plus grande partie de son oeuvre, s'épuisant littéralement à peindre 70 toiles en deux mois mais ne se sortira jamais de la profonde détresse qui l'habitait. Il finira par se tirer une balle dans le ventre et en mourra deux jours plus tard.
Pialat s'attache donc ici aux derniers jours de la vie de Vincent mais plutôt que de se concentrer sur la création de l'artiste (qu'on voit très peu peindre) il se focalise sur les relations souvent houleuses, parfois ambigues de Vincent avec toutes les personnes qui partagent ses derniers jours. Homme difficile à comprendre et à secourir Vincent déroute mais aimante tout le monde. Malgré cette attraction qu'il exerçait, personne ne parviendra à l'empêcher de sombrer dans le désespoir. Je pense pouvoir dire que Pialat tenait là son chef d'oeuvre et malgré la noirceur du personnage et sa fin tragique, réussissait un film particulièrement lumineux et parfois même très joyeux. Des dialogues savoureux et une direction d'acteurs remarquable font de certaines scènes des moments extraordinaires de naturel et de vraisemblance comme si on avait pour une fois et comme jamais demandé aux acteurs de faire en sorte d'oublier la caméra. Cette sensation ressentie d'improvisation est difficile à restituer par des mots.
Quant à Jacques Dutronc qui tenait là LE rôle comme tout acteur doit rêver d'en avoir un seul dans une carrière, il est constamment et absolument exceptionnel, d'une subtilité et d'une présence inouïes.