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Un secret de Claude Miller ***

Un secret - Patrick Bruel


François, enfant fragile et maladif, souffre du regard que son père porte sur lui depuis sa naissance et de l’agacement qu’il lui provoque. Pour échapper un peu à ce tourment, il s’invente un frère sportif et vigoureux, son exact opposé, qui ferait la fierté de papa. A l’adolescence, choqué par les images d’un film qui présente les camps de concentration, il se révolte pour la première fois. Une amie de la famille, Sylvie, décide de lui raconter le lourd secret qui pèse sur sa famille en général et ses parents en particulier.
Claude Miller réussit avec panache une œuvre où la grande histoire se mêle à celle d’une famille et dont la première originalité est que les scènes contemporaines sont en noir et blanc et les scènes du passé en couleurs. Dans ce beau film chargé d’un bout à l’autre d’une intense charge émotionnelle, il démontre avec finesse et sobriété comment les turpitudes d’un couple, un adultère, peuvent se transformer en tragédie suivant la période auxquelles elles se déroulent. Il évoque aussi la difficulté pour un enfant de se construire, de s'épanouir quand sa naissance et ses premières années sont entourées de mensonges, de mystères et de dissimulations.

Le casting est irréprochable et Philippe Grimbert (ex Grinberg...) qui a écrit le best-seller dont est tiré ce film fait une apparition marquante et symbolique en "passeur" de la ligne de démarcation. Patrick Bruel, imposant, impressionnant, trouve SON rôle, le rôle de sa vie. Il faut le voir et l'entendre se battre contre sa judaïté "pourquoi faudrait-il être fier d'être juif ?", se faire traiter "d'autruche antisémite" par son propre père! Il est le seul à ne pas croire qu'en France des horreurs adviendront. Il refuse de porter l'étoile jaune. Cécile de France, jamais décevante, sirène, sylphide, est magnifique en femme idéale. Elle et lui forment un couple vibrant et passionné, un couple interdit, dont les corps athlétiques sculptés pour l'occasion sont quasiment caressés par une caméra amoureuse. Ludivine Sagnier, bien qu’elle ait du mal à me toucher, est enfin et pour une fois, sobre. Hélas, personnage central au coeur même du secret lorsqu'il est révélé, mes yeux sont restés secs, alors que j'avais versé des torrents en lisant le livre (oui, j'aime pleurer au cinéma !). Mais celle qui m’a vraiment et fortement épatée c’est Julie Depardieu. Débarrassée de son rôle de ravissante idiote rigolote, elle est vraiment époustouflante en amie sûre et solide, celle qu’on aimerait croiser dans la vraie vie.

Un secret - Logo officiel du film est un film rare et poignant, éclaboussé d'une lumière estivale en contraste absolu et néanmoins bienvenu avec le drame qui se joue devant nos yeux et nous cloue sur place. Au générique de fin, une petite fillé récite les noms qu'elle découvre sur les tombes d'un cimetière de chiens alors que défilent sous nos yeux les milliers de noms de ceux qui ne sont pas revenus des camps inscrits au mur du mémorial de la Shoah, et qui eux n'ont pas reçu de sépulture.

Un secret
Un secret - Cécile de France et Patrick Bruel

Commentaires

  • Alors, je dois le lire ou le voir ? ou les deux ? mais dans quel ordre ?
    En tout cas, Julie Depardieu, je suis fan...

  • Les deux. Ben commence par le lire... parce que je suppose que tu vas attendre qu'il sorte en vidéo. Sinon, si tu vas le voir d'abord, ça te donnera envie de le lire ! Alors. Julie est extraordinaire et complètement différente de tout ce qu'on a vu jusqu'à présent.

  • J'ai pas envie de louper ce film. Ca se fait rare ces derniers mois des bons films français et bien perçus par les critiques ciné.

  • J'ai vu ce film lors d'une projection "propagande" à destination des enseignants, les distributeurs souhaitant que l'on emmène nos chers élèves voir ce film massivement ;-) Je ne le ferai pas car ce film m'a donné la nausée alors que le livre m'avait touché par sa sobriété et son émotion diffuse... Ici, tout est grossi, la mise en scène est lourde, il y avait ce problème de trois moments historiques, donc de flash back, mais le coup du noir et blanc pour le présent n'apporte rien (qu'allait faire l'excellent Amalric dans cette galère...) Cecile de France fait... du Cécile de France, autant son corps est sculptural autant son jeu est transparent, seule Julie Depardieu insuffle un peu d'âme à son rôle de confidente. Le film souffre d'un cruel manque de rythme du à tous ces allers et retours, et s'accélère pour finir sur des partis pris plus que discutables avec l'apparition furtif par exemple d'un acteur jouant le rôle de Serge Klarsfeld et la scène dont tu parles qui m'a profondément écoeuré, dans le même plan la lecture des noms de chiens du cimetière de la fille de Pierre Laval aux milliers de noms inscrits sur le mémorial de juifs de France... Je passe sur les approximations historiques, la facilité avec laquelle on s'envoie des courriers non codés d'une zone à l'autre par exemple, ou sur le folklore yiddish trop appuyé. Je rapproche ce film de la volonté de notre cher président à faire lire aux lycéens de France la lettre de Guy Moquet... quelle difficulté que de filmer le travail complexe de la mémoire...

  • ça c'est ma came !
    Cécile est toujours époustouflante, elle mérite des Tonnes de Fleurs (et de prix) !
    Sinon, s'il passe par là, j'irai, où alors dans 10 jours seulement... GRRR (en attendant la paye).

    Oui tu peux le dire : Saleté d'pauvre !!

    BisouCHü

  • Sith : oui ne le loupe pas.

    Guimauve : aaaah, ça doit faire du bien dis donc !!! J'espère que ta nausée va mieux... Moi aussi j'ai eu ça, mais pour "99 F" que je regrette infiniment d'avoir vu.
    Je crois que ce tu as vu est tellement laid et étant donné les idées que tu as, il est grand temps de te mettre à la réalisation. J'aimerais pouvoir le faire moi, mais je n'ai aucun talent.
    Je trouve le noir et blanc et la couleur particulièrement judicieux et singulier moi, un peu comme dans le livre où les scènes du passé étaient au présent et celles du présent (je ne sais plus quel temps)... et qui naviguait aussi d'une époque à l'autre (comme le film).
    Cécile fait peut-être du De France, mais c'est encore ce qu'elle fait de mieux. Je la trouve vraiment épatante ici de toute façon.
    Un acteur joue le rôle de Klarsfeld ??? Quelle histoire en effet !!!
    Quant à la scène finale, oui elle est écoeurante mais bien parce que les juifs n'étaient même plus des animaux...

    Oui Chou vazi : dès que tu ne seras plus un salaud d'pauvre !

  • Perso même en me payant 99 francs je ne serais pas allé voir ce film...
    Il y a chaque semaine tellement de pépites qui sortent... alors pourquoi aller vir des grosse machines de guerre, formatées pour le temps de cerveau disponible que cela soit 99 francs ou un secret... Du cinoche label qualité France... Control, 7h58, Tout est pardonné, L'ennemi Intime... Je préfère 1000 fois ces 4 là à Un secret... J'aime quand on oppose à qq qui n'a pas aimé le film que l'on a apprécié le sempiternel "tu n'as qu'à réaliser"... comme si un critique devait forcément réaliser, on qu'un amateur de resto ne pouvait pas dire s'il avait bien mangé ou pas sous prétexte qu'il n'est pas grand chef... Je n'aime pas ce film car je le trouve d'une lourdeur abyssale et que je me suis profondément ennuyé, je n'aurais pas le droit de le dire à cause du sujet ? c'est grave si je préfère Train de vie ou au revoir les enfants ? grave encore si je trouve que De France est d'une fadeur extrême d'un film à l'autre (le summum étant mauvaise foi ou peut être quand j'étais danseur ou encore Fauteuil d'orchestre, que des films franchouillards bien consensuels) ? ce n'est pas tant qu'un acteur joue le rôle de Klarsfeld mais que cela soit évacué de cette façon... quand à la fin, que dire...je ne suis pas sur que cela soit une méthonymie de la part de Miller...

  • Ce film est prévu au programme de ce soir, mais ta critique donne vraiment envie...

  • J'aime que tu aimes que je te dise "réalise". Moi j'avoue que tu me fatigues un peu.
    Il y a des pépites qui sortent ? Je suis entièrement d'accord avec toi. Allons les voir et donnons envie de les voir alors, c'est pratiquement ma seule ambition ici.
    Personnellement je ne me laisse pas influencer par le battage médiatique des incontournables qui sortent. Je ne regarde pas la télé et je n'ai parfois vu aucune image d'un film quand j'arrive en salle. Je peux aller voir une "grosse machine de guerre" ou un film qui sort confidentiellement dans deux salles... Parfois, la différence n'est pas la qualité mais, hélas, le budjet "pub". J'ai vu de grosses machines formidables et de "petits" films ennuyeux à mourir, et réciproquement. Je ne vois pas en quoi l'une ou l'autre catégorie rend mon choix plus ou moins digne.
    Je trouve ton "Du cinoche label qualité France", particulièrement méprisant. Je ne vois pas en quoi "99 F" est plus labélisé France que "Tout est pardonné"... Car il y a d'autres sons de cloches qui prétendent que le cinéma français est particulièrement intello, cantonné dans le cinéma d'auteurs...
    J'essaie de ne pas mettre les genres et surtout les nationalités des films dans des cases.

    Où t'ai-je dit que tu n'avais "pas le droit" ou que c'était "grave" ? N'importe quoi.
    Tu as aimé "Control", "7h58..." "Tout est pardonné" etc... Chouette, je le découvre. Moi aussi, mais peu importe. Ce que je contaste c'est que tu ne viens QUE pour des critiques négatives et jamais pour partager ton enthousiasme ! J'aime tellement le cinéma que dire du mal d'un film me coûte toujours mais ça m'arrive quand même (hélas)...
    Savoir que les gens ont aimé : j'aime... non parce que je me dis "ah voilà quelqu'un d'accord avec moi..." mais simplement parce que je trouve ça plus agréable.
    Je t'aurais bien accordé 10 points pour le "métonymie" car j'aime les jolis mots. Malheureusement, il y a une faute.
    Moi aussi je peux chipoter, y'a rien de plus simple.
    Quant à cette métonymie justement : je suis persuadée moi, non je SAIS que c'était bien l'intention de Claude Miller.

  • Tant mieux, c'est le but !

  • Oula, pourquoi cet emportement ? Je croyais que comme toi on pouvait donner son avis sans subir les foudres et les anathèmes ;-) Mais comme souvent, l'ironie ou l'humour passe très mal par écrit ;-)

    Je réponds à ton dernier post : il ne me semble pas méprisant de qualifier certains films de label qualité France, par exemple toute la production J.Becker, tous ces films bien pensants qui ne font pas de mal pas plus que du bien... Je ne peux pas croire à lire tes écrits judicieux que tu ne fais pas la différence entre 99 francs et Tout est pardonné... comment les deux films sont montés financièrement et médiatiquement... Encore une fois je suis comme toi je vais tout voir, enfin pas 99 francs car ma bourse étant limitée, je me passe de certains films dont je connais presque tout de A à Z sans en avoir vu la moindre image... alors je connais la chanson, on traite ensuite les gens d'élitiste, si choisir ce que l'on va voir c'est élitiste, alors je le suis, si dire qu'une grosse partie de la production française tourne en rond avec toujours les mêmes sujets c'est élitiste, alors je le revendique ;-) Tout est pardonné n'a rien à voir avec du cinéma intello, si raconter la vie des gens c'est intello et bien je prefère cela à de pauvres hères branchouilles quis'en mettent plein les narines et arrivent à nous refourguer 10 ans après le film après le bouqin ... cinéma d'auteurs je ne sais pas ce que sais, car jusquà preuve du contraire même Besson est un auteur ;-)
    tu dis que je viens là pour n'exprimer que du négatif, peut être, enfin laisse mon tout de même le bénéfice du doute ou du rookie ici car je ne suis pas là depuis longtemps, et mes enthousiasmes je les écrits sur mon blog par exemple concernant la naissance des pieuvres ou l'ennemi intime. Après je pense qu'il faut accepter le jeu quand on écrit de se voir opposer des arguments, je trouve d'ailleurs le consensus mou peu prolifique. Je préfère de loin des discussions animées et courtoises entre gens qui n'ont pas le même avis que le contraire, chacun son truc ;-) pardon pour la faute je ne pensais pas en plus de la police de la pensée il y avait la police de l'orthographe ;-) ;-) (humour hein je le souligne !) Et ce mot n'était pas là pour faire pédant, c'est juste une figure de style courante en littérature que l'on retrouve dans le cinéma, ni plus ni moins. J'aime les chipotages mais sur le fond ;-) et comment le sais tu ? ce n'est pas ce qu'il m'a répondu lors de sa présence à cette avant première. Iil sera d'ailleurs pour info à l'institut Lumière de Lyon pour discuter de son film, la chambre des magiciennes, le 31 octobre à partir de 19h30. Je signale aussi la venue de Fathi Akin (Head On) pour la sortie de son nouveau film De l'autre côté, le 17 otcobre et enfin la projection évènement des quatorze épisodes de Berlin Alexanderplatz,eles 10, 11, 12 et 13 octobre de Fassbinder. (plus d'info sur le site http://www.institut-lumiere.org/)

  • On est d'accord "l'ironie ou l'humour passe très mal par écrit" !

  • Je ne voudrais pas relancer la polémique mais j'ai du mal à comprendre en quoi la réalisation peut être jugée "lourde". Elle est d'une sensibilité rare, l'orchestration des corps et des couleurs, des regards aussi est magistrale et certains sujets s'accomodent mal de l'emphase dans la réalisation, d'où la sobriété. Je trouve d'ailleurs très bien que ce film soit montré à des enfants. La dernière scène loin d'être écoeurante est plus éloquente que n'importe quel discours et justifie le film à elle seule (c'est d'ailleurs ce cimetière abject qui a convaincu Philippe Grimbert d'écrire son livre, mais peut-être Guimauve ne l'a-t-il pas lu). Quelles sont les approximations historiques? J'avoue ne pas les avoir vues... En tout cas, un film que je recommande plus que vivement. C'est le film français de l'année! Sublime et nécessaire.

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