FREUD, LA DERNIÈRE CONFESSION
de Matt Brown **
Avec Anthony Hopkins, Matthew Goode, Liv Lisa Fries
Début septembre 1939, l'Allemagne a envahi la Pologne et l'Angleterre entre en guerre.
Sigmund Freud menacé par le régime nazi a quitté sa Vienne adorée pour Londres dans une maison à la décoration en tout point viennoise et recréée à l'identique pour les besoins du film. Il la partage avec sa fille Anna, elle-même psychanalyste. Il souffre atrocement du cancer de la mâchoire et il mettra sans doute fin à ses jours quelques jours plus tard, aidé par son médecin personnel.
Le film n'est en rien un biopic puisqu'il évoque presqu'uniquement la rencontre (sans doute imaginaire) entre C.S. Lewis (qui s'inspirera de l'évacuation des enfants juifs de Londres à laquelle il assiste ce jour-là pour écrire les 7 tomes du Monde de Narnia) alors que dans le ciel les avions commencent à survoler la ville et certains citoyens à fuir.
Après Picasso, Nixon, Benoît XVI et Hitchcock, l'inépuisable Anthony Hopkins entre à nouveau dans la peau d'un personnage ayant vraiment existé. J'avoue que c'est pour lui que je me suis déplacée et que je n'ai pas été déçue par l'éternel cabotinage de l'acteur. Il fait partie des rares acteurs dont le cabotinage justement semble indissociable de sa personnalité et de ses interprétations et par la même supportable. Il est je trouve un Freud convaincant et la vivacité de son personnage est parfois entamée par de violentes et douloureuses crises qui le rendent aigri et acariâtre. Du pain béni pour Anthony Hopkins qui râle comme personne.
Face à lui, le très élégant Matthew Goode tient la route.
La longue conversation entre les deux intellectuels, l'un athée convaincu, l'autre profondément croyant et récemment converti, plane parfois dans des sphères inatteignables voire pas très compréhensibles. En ce qui me concerne je suis plus convaincue par les thèses de l'athéisme même si c'est toujours à eux (les athées) que revient la tache de prouver la non existence de ce qui n'existe pas... Et si le très pieux Lewis convainc un peu lorsqu'il dit que la chance du croyant est de toujours être en quête de quelque chose (forcément, le fait de chercher quelque chose qui n'existe pas peut durer longtemps), il reste sans voix lorsque le mécréant lui demande de lui exposer le projet de Dieu ! Puisqu'il est amour, quel est son plan ?
Hélas, la joute verbale au cours de laquelle on ne quitte pas la maison freudienne qui finit par devenir étouffante, écrasée par une déco abondante, se dilue parfois dans des divagations oniriques ou en flash-back sur l'enfance de l'un et le passé traumatique de l'autre et rendent le film interminable. Quant à la relation fusionnelle et toxique de papa Freud avec sa fille Anna (incarnée par la merveilleuse Liv Lisa Fries, Berlin, été 42, Hinterland), elle est hélas laissée au troisième plan et mériterait qu'un réalisateur s'y attarde.
Le film est adapté de la pièce de théâtre Freud's last session de Mark St. Germain elle-même inspiré du livre The question of God, du docteur en psychiatrie et professeur à Harvard Armand Nicholi.
Commentaires
Malgré Anthony et Liv Lisa, la bande-annonce ne m'a pas fait envie.
Je comprends parfaitement. Je m'attendais à mieux.
Un film relativement inutile.