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BERLIN, ÉTÉ 42

de Andreas Dresen ****

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Avec Liv Lisa Fries, Alexander Scheer, Emma Bading

Hilde et Hans tombent amoureux à Berlin un peu avant la guerre et se marient.

Le jeune homme s'engage rapidement dans la résistance clandestine contre les nazis. Aussi idéaliste que lui, Hilde rejoint ce groupe d'opposants désigné plus tard par la Gestapo sous le nom d'Orchestre rouge. Le groupe écoute Radio Moscou et son action consiste à distribuer des tracts, écrire des slogans sur les bâtiments, soutenir des personnes persécutées et faire passer des messages aux familles de prisonniers de guerre allemands en Union soviétique. Ils démentent ainsi la propagande nazie selon laquelle les soviétiques abattent systématiquement leurs ennemis sans faire de prisonniers. 

Le film débute en septembre 1942 avec l'arrestation par la Gestapo et l'interrogatoire des membres du groupe mais s'attache surtout au sort de Hilde. La jeune femme est enceinte de 7 mois et néanmoins incarcérée à la prison pour femmes de la Barnimstrasse de Berlin qui avait la particularité de disposer d'installations pour les mères incarcérées en compagnie de leurs bébés, mais aussi d'un hôpital. Hilde y accouche de son fils. Avant cela, le groupe d'amis résistants semble avoir vécu un été joyeux et presqu'insouciant malgré son activité clandestine.

Le film est ensuite une succession de flash-backs et flash-forwards. J'ai apprécié ces incessants allers retours entre le présent carcéral éprouvant et le passé plus lumineux. Malgré ce montage qui ne respecte aucune chronologie, on n'est jamais perdu. Et je suis heureuse de ne rien avoir lu avant d'entrer en salle car le synopsis en révèle beaucoup trop. Je peux néanmoins vous dire qu'il s'agit d'une histoire vraie et que Hilde est un personnage inoubliable. Cette sensation est renforcée par l'interprétation exceptionnelle de Liv Lisa Fries à l'apparence fragile mais qui trouve la force de résister encore malgré les conditions de détention grâce à l'amour qu'elle porte à son fils. Car finalement ce film est avant tout une histoire d'amour. Amour conjugal d'abord puis amour maternel. Et c'est bouleversant. La joie et la gaité de l'amour partagé avec Hans fait place au bonheur de cajoler son bébé et de s'y accrocher comme raison de survivre.

Une autre originalité de ce film est de réussir une histoire placée sous la terreur nazie sans que n'apparaissent aucun drapeau, aucun uniforme, aucune croix gammée, à peine entend-on un "discret" Heil Hitler... Le film peut être brutal, éprouvant mais parcouru de tellement de sentiments et d'humanité qu'il en devient lumineux parfois. Le contraste entre les différentes périodes décrites, l'éclat joyeux de l'été alterne avec la rudesse de l'incarcération rendant le sort de Hilde encore plus poignant. Aucun monstre ici. Juste des fonctionnaires appliqués qui obéissent. Et parmi ces agents qui exécutent les ordres sans discuter, certains ont gardé leur humanité comme cette infirmière sage-femme tellement compatissante pendant l'accouchement, d'autres évoluent comme cette gardienne si revêche qui s'adoucit au contact de Hilde et face à son courage. Un pasteur d'une bonté rayonnante apporte au film (et à Hilde) les instants parmi les plus doux et les plus réconfortants. Sa tranquille présence est aussi réconfortante qu'un rayon de soleil qui s'attarde sur un visage inquiet.

J'aimerais beaucoup découvrir les autres films de ce réalisateur. Le titre original de celui-ci est In Liebe, Eure Hilde (Avec amour, votre Hilde) tellement plus fort et évocateur (quand on a vu le film) que ce pauvre Berlin, été 42. J'ajoute que dans la bouche de la merveilleuse Liv Lisa Fries (déjà vue dans le prodigieux Hinterland de Stefan Ruzowitzky et qui rend Hilde inoubliable) la langue allemande parfois si rude, est une pure sucrerie. J'étais en larmes à la fin du film. Mes larmes ont redoublé lors de l'épilogue...

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Commentaires

  • J'aimerais bien y aller, je note (mais je ne suis pas encore retournée au cinéma, je désespère ..)

  • C'est long cette abstinence :-('

  • Bon... tu connais déjà mon point de vue sur ce film.
    J'y pense et repense encore (même si j'ai vu plusieurs autres longs-métrages depuis).

    Juste une petite remarque sur le fond de ton texte, auquel je souscris largement par ailleurs : le médecin-chef ne m'est pas simplement apparu comme "un fonctionnaire appliqué qui obéit". Je le rangerai plutôt dans la catégorie des "monstres", conscients de l'insupportable radicalité des règles sociales, mais qui n'ont aucun état d'âme à les faire appliquer. Bref... est-ce que j'aurais agi autrement si j'avais été à sa place ? Je n'en suis pas sûr...

    Je te remercie de ta nuance sur la langue allemande, "si rude parfois". Pour le parler un peu et m'y être intéressée beaucoup, et parce que j'ai TOUJOURS été très gentiment reçu en Allemagne, je ne la trouve pas aussi insupportable que j'ai pu l'entendre dire souvent quand j'étais ado. L'héritage de vieux clichés d'après-guerre, je suppose...

    Flûte (enchantée), quoi ! Il suffit de se souvenir de Mozart...

  • Oui notre échange au bord des larmes, je m'en souviens.
    Pour le médecin... je l'ai vu comme le plus anodin des fonctionnaires et donc sans doute monstrueux car totalement inconscient. La femme qui accouche il ne la regarde même pas et le bébé serait bon à jeter à la poubelle. Il est prêt à le découper en morceaux pour le faire sortir. Les personnes incarcérées ne sont plus des êtres humains à ses yeux.. J'aime bien la petite blague de Hilde quand elle l'envoie chez le pire dentiste de Berlin.
    Il y a des acteurs qui parlent allemand et c'est du sucre. Ça me fait cet effet aussi avec August Diehl. D'autres... on a l'impression qu'ils veulent envahir la Pologne.

  • Et même là où il est projeté, il faut être attentif pour ne pas le louper.

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