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CE SOIR SUR FRANCE 4

Je vous recommande ce grand et merveilleux film si vous ne l'avez pas vu à sa sortie. Un film qui fait du bien, réconforte et fait pleurer aussi.
Moi je n'y serai pas, je fais l'ouverture...

UNE AFFAIRE DE FAMILLE de Hirokazy Kore-Eda ****(*)

PALME D'OR 2017 sous la présidence de Pedro Almodovar 

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Avec Lily Franky, Sakura Andô, Mayu Matsuoka

Par une soirée glaciale de février Osamu et son fils rentrent de leur séance de chapardage en magasin et découvrent en route une petite fille seule, frigorifiée et affamée. Ils l'emmènent chez eux où vivent également une jeune femme, une grand-mère et une ado.

D'abord réticents, les membres de la famille acceptent de nourrir la petite à condition de la ramener chez elle ensuite. C'est alors qu'ils comprennent en entendant des cris qui proviennent de l'appartement où elle vit et en découvrant les bleus et les brûlures sur les bras de la petite, qu'elle est une enfant battue. Ils décident de la garder. La petite est ravie. 

Je le répète à nouveau mais dès Nobody Knows, ce réalisateur m'a grandement remuée avec l'histoire de ces 4 enfants abandonnés par une mère infantile et inconsciente. Depuis, excepté avec son renversant Air Doll très fantastique, il ne cesse de raconter la famille dans tous ses drôles d'états, sans jamais se répéter mais en conservant cette douceur et cette élégance qui sont un peu sa marque. Il évoquait le deuil dans Still Walking et nous intimait doucement de ne pas passer à côté des vivants en pleurant trop les morts. Dans I wish (nos vœux secrets), deux frères séparés par leurs parents divorcés tentaient tout pour être à nouveau réunis. Tel père, tel fils était une sorte de La vie est un long fleuve tranquille tokyoïte où deux bébés ont été échangés à la naissance, Notre Petite sœur l'histoire d'amour fusionnel de 4 sœurs et Après la Tempête, le portrait d'un père et d'un mari démissionnaires qui se rêve écrivain.

Cette Histoire de famille me semble être son film le plus accessible. Une Palme d'Or, grandement méritée, douce calme et douloureuse à la fois. Hirokazu pose une fois encore cette question fondamentale pour lui : qu'est-ce qu'une famille ? Les trois quarts du film y répondent. C'est, ce ne peut être que ce qu'on voit à l'écran. 

Ici : une pagaïe indescriptible dans un quasi taudis qui s'ouvre sur une minuscule cour fermée, elle aussi encombrée et malgré tout au cœur de ce foutoir sans nom, le bonheur ou quelque chose qui y ressemble. Dans un capharnaüm indescriptible fait de papiers, de plastique, de vêtements, six personnes entassées vivent dans une harmonie qu'on a du mal à imaginer tant il faut ramper, déplacer mille choses pour aller d'un endroit à un autre, atteindre son lit par exemple ; mais les images parlent d'elles-mêmes. Ces gens-là sont pauvres mais serrés les uns contre les autres, avec beaucoup de tendresse et un humour fou, ils vont bien. En dépit de tout ce qu'ils font, souvent hors normes, souvent hors la loi. Et on s'y attache, fort.

Le père et la mère travaillent mais là-bas comme ailleurs deux maigres salaires ne suffisent pas à nourrir tout le monde. La grand-mère escroque les services sociaux en ne déclarant pas qu'elle abrite 5 personnes qui se cachent lorsqu'un fonctionnaire lui rend visite. Le jeune garçon ne va pas à l'école car "l'école c'est pour ceux qui ne peuvent pas apprendre chez eux", l'ado travaille en tenue d'écolière dans un peep-show aussi naturellement que si elle était vendeuse ou caissière. La petite a-t-elle été kidnappée ? "Ben non, puisqu'on ne demande pas de rançon". Est-ce que voler dans les magasins c'est mal ? "Absolument pas si l'épicerie n'est pas en faillite". Voilà, cette drôle de famille, étrangement composée a sa propre morale, sa réponse aux questions qu'elle se pose parfois. La pauvreté, les difficultés sont compensées par l'attention, la tendresse que chacun porte à l'autre. La jeune ado dort chaque nuit blottie contre sa grand-mère, la jeune femme explique à la petite enfant battue que si sa mère lui a laissé croire qu'elle la battait pour son bien, c'est faux. Quand on aime les gens, on fait comme ça... et elle la serre tout contre elle. Des évidences pour se tenir chaud, se réconforter, tenir bon, prendre soin les uns des autres, s'aimer tout simplement.

L'art du cinéaste est de croquer le portrait sensible de chacun des personnages à la perfection, sans en oublier ou délaisser aucun. De la plus jeune à la plus âgée, chacun trouve sa place dans l'histoire, chacun est un maillon essentiel. Aucun n'est mis en retrait ou négliger. La maîtrise avec laquelle il parvient par ailleurs à filmer cette affaire dans l'espace confiné de cet appartement étroit est un autre savoir-faire du réalisateur qui démontre en plus un art de la direction d'acteurs étonnant. A noter également la toute première scène de sexe chez Hirokazu au cœur d'un été caniculaire.

Mais il va encore plus loin et oppose à ce quotidien solaire, la dureté, la violence de l'ordre social qui finira par intervenir, car tout ce qu'on voit et suppose finit peu à peu par révéler une toute autre réalité qui là encore peut mettre KO à mesure que s'installe une sorte de suspense qu'on n'a pas vu arriver...

La fin est-elle synonyme d'espoir ou un désastre irrémédiable pour cette "famille" associale, amorale ? Je n'ai pas encore réussi à trancher. Mais j'ai trouvé ce film merveilleux.

N.B. : ne voyez pas ce film le ventre creux. Les personnages mangent 90 % du temps.

Commentaires

  • Un peu plus que bien.
    Le 2ème acte : j'ai ADORÉ.

  • J'ai failli y aller hier soir et puis... la flemme. Ce week-end impossible. Tout ça me mène à... Tu es cruelle.

  • Je n'avais jamais fait l'ouverture sur grand écran. Franchement ça le fait ! Plus immersif que devant le poste.
    Je sais pas comment tu fais pour attendre si longtemps. J'espère que le film te réjouira autant que moi.
    Merci, être cruelle j'adore.

  • C8 Ça fait rêver.

  • Tu veux rêver ?
    Lève les yeux au ciel... Top gun sur la 6 !

  • Non merci.

  • Bonjour Pascale, j'ai relu mon billet sur ce film : pas mon préféré du réalisateur. Je m'étais un peu ennuyée (fatiguée peut-être). J'ai compris qu'il faut que j'aille voir Le deuxième acte. Bonne journée.

  • Bonjour dasola. Je suis surprise. Les films de Kore Eda ne provoque jamais d'ennui chez moi.
    Je ne me souviens plus de ton avis sur les films de Dupieux, celui-ci se hisse parmi les bons et toujours surprenant. Mais il peut être clivant.

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