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TEL PÈRE, TEL FILS de Hirokazu Kore-Eda ***

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Ryoata est un jeune architecte tokyoïte à la réussite exemplaire.

Sa femme l'attend docilement à la maison et s'applique à agir comme il l'entend, notamment en essayant de faire de leur fils de 6 ans Keita la copie conforme de son papa. Mais un jour de novembre, la maternité où Keita est né souhaite rencontrer ses parents. On leur apprend que leur fils a été échangé à la naissance avec un autre bébé et que Keita n'est pas leur enfant et Les tests ADN le confirment. Sur les conseils d'un avocat, ils rencontrent l'autre enfant Ryusei qui vit en banlieue avec ses parents commerçants et son frère et sa soeur. Les deux familles se voient à plusieurs reprises et le contraste entre les deux modes de vie, les deux modes d'éducation est saisissant. Mais il est décidé que chaque enfant passera progressivement du temps avec sa famille biologique. Les deux mamans sympathisent et échangent des informations sur l'enfant qu'elles ont élevé. Les pères ont plus de difficultés, d'autant que Ryoata aveuglé par son statut social et sa réussite est convaincu d'avoir la solution et que ce sont les liens du sang qui priment.

La réalité est toute autre. Et ce film pose et fait qu'on se pose une infinité de questions sans asséner de réponse péremptoire. C'est l'une des subtilités de Kore-Eda de ne pas proposer de solution à un problème d'une complexité sans nom. Et comme toujours, il filme ce drame de l'enfance avec une délicatesse extrême, même si on aurait aimé qu'il donne davantage la parole aux deux enfants concernés. La scène où le petit Ryusei ne cesse de répéter "pourquoi", pourquoi devrait-il désormais appeler cet inconnu "papa" est édifiante et déchirante. Il pose cette question doucement, calmement car toutes les réponses fournies par son père embarrassé ne le satisfont pas.

Sans cris et avec peu de larmes, avec intelligence, bienveillance et douceur le réalisateur met ses personnages face à une situation inextricable. Que sont les liens du sang quand on a vécu avec un enfant depuis six ans et qu'on l'aime ? Comment ne pas s'attacher à cet autre enfant qui débarque avec son innocence, sa gaieté mais aussi sa tristesse et son incompréhension ? Quelle est la meilleure façon d'être père ? Est-on père ou le devient-on au contact de l'enfant ? Être mère signifie-t'il qu'on doive instinctivement reconnaître son enfant ? Faut-il consacrer du temps à un enfant ou lui assurer un confort matériel ?

Kore-Eda retourne les questions dans tous les sens mais ne nous inflige pas de discours moralisateur. Là où Chatilliez réussissait sur ce même thème une comédie trash et irrésistible (La vie est un long fleuve tranquille) en opposant les Groseille et les Le Quesnoy, le réalisateur japonais choisit de faire évoluer ses personnages vers une compréhension mutuelle mais semble aussi persuadé que le bien être de l'enfant est fondamental.

Commentaires

  • Je l'ai vu hier et j'ai été très touchée par ce film, où les situations sont amenées avec finesse et subtilité. J'ai été frappée par le calme et le rythme lent, alors que la violence infligée aux familles et aux enfants est grande. Comme "the lunch box" où le contexte indien était passionnant, là, voir les deux familles japonaises se débattre avec le problème fait toucher du doigt les différences culturelles.

  • ah oui ? J'hésite à voir Lunchbox !

    Mais là, cette histoire d'enfants, ça fend le coeur !

  • Pourquoi tu hésites à voir "lunchbox" ? Je trouve qu'il a été mal vendu, parce que je m'attendais à voir une comédie légère et décoiffante, or c'est assez triste au fond, mais sur la vie quotidienne à Bombay, l'organisation de bureau, la préparation des plats avec la voisine que l'on ne voit jamais c'est plutôt prenant .. Et tout comme dans "tel père, tel fils" on constate que les femmes n'ont vraiment rien à dire ou presque ; elles subissent.

  • Ben je fais un blocage sur l'acteur... Oui c'est con mais c'est comme ça.
    Mais bon, Mouche a très envie de le voir !

  • Alors fais plaisir à Mouche !!!

  • AH ben voilà, on devait y aller aujourd'hui... Et il ne s'est pas réveillé à temps...

  • j'ai été bouleversée par ce film ! ce que tu en dis est très juste. J'ai adoré, et j'ai pleuré comme une Madeleine, ce qui ne m'arrive jamais. J'ai quand même eu du mal, avec les mamans qui restent aussi en retrait, qui ne se rebellent pas !!! le coup des photos m'a choquée, je dois dire...et ce petit Keita est tellement mais alors tellement chou !!!

  • Comme dans beaucoup de pays, les femmes n'ont pas vraiment voix au chapitre.
    Va voir The Lunchbox tiens, c'est encore pire. Et quand on pense que la petite fille va suivre la même voie !

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