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LE LOUP DE WALL STREET de Martin Scorsese ****

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Pour ceux qui l'ignoreraient encore, ce film est l'adaptation de la biographie éponyme de Jordan Belfort

surnommé le Loup de Wall Street par la presse américaine dans les années 90. Il décrit l'ascension fulgurante et la chute vertigineuse suivie d'une vague rédemption très très timide (le loup est incurable) après un passage de 22 mois par la case prison pour détournement de fonds, fraude, blanchiment d'argent... de ce courtier en bourse devenu multimilliardaire.

N'ayant rien vu, rien écouté, rien regardé de ce qui se disait ou montrait à propos de ce Loup, je m'attendais donc (en bâillant un peu) à voir la version troisième millénaire du culte Wall Street d'Oliver Stone (1987... déjà !), fêter le retour du Gordon Gekko de l'an 2 000,  avec la certitude de ne rien y comprendre. Et effectivement, comme son aîné, ce Wall Street nouveau s'intéresse à l'attirance, à la fascination d'un homme pour l'univers illégal et lucratif de la spéculation financière. Et je n'ai à peu près rien compris comme prévu. Pourtant le "héros" (Leo, grandiose, j'y reviendrai sans doute !) face caméra tente de nous expliquer le mécanisme des opérations effectuées sur les marchés financiers et se reprend : "vous n'y comprenez rien ? Ce n'est pas grave." En effet, ne pas comprendre les mécanismes permettant de devenir un abruti de première et accumuler une fortune considérable est secondaire et alors que Mouche mon voisin de droite se préoccupait du fond, je me consacrais à la forme. A la barre de cette somptueuse réalisation Martin Scorsese et à celle de l'interprétation, son désormais alter ego, binome et muse, Leonardo DiCaprio. Et le plus surprenant est que le réalisateur démontre pied au plancher pendant trois heures, harassantes pour le spectateur :-) comment le système financier international inique fait d'un obscur petit courtier une espèce de Robin des Bois qui prend aux riches comme aux pauvres dans le seul et unique but de s'enrichir personnellement. Au point de pouvoir s'offrir une maison démesurée, un yacht, un hélicoptère.

Mais le plus surprenant, c'est que cette histoire insensée est une comédie. Et j'ai hurlé de rire pratiquement pendant deux heures sur les trois que dure le film. Si Martin Scorsese affirme que son film Les Affranchis est une comédie, ce n'est pas flagrant à la première vision pour le spectateur. Ici, c'est évident dès les premières images où Jordan/Leo sniffe de la cocaïne à la paille entre les fesses d'une personne... dont on ne verra pas le visage !

Jordan Belfort n'est au début de sa carrière qu'un jeune homme moyennement ambitieux qui entre au service de Mark Hanna (Matthew McConaughey, hallucinant, et il sera désormais impossible de douter après cette prestation du génie de l'acteur). Ce dernier révèle les dispositions du jeune loup et l'incite à fonctionner à l'adrénaline. Le petit Jordan est bon élève et devient rapidement addict à toutes sortes de substances. Rien de ce qui se sniffe et s'ingurgite ne lui est inconnu. L'argent, l'alcool, la drogue et le sexe sont ses stimulants et il est défoncé en permanence.

Après une courte période de vaches maigres, il fonde à 30 ans sa propre société, Stratton Oakmont qui devient rapidement la plus importante de New-York. Devant ces succès, la presse s'empare du phénomène et fait de Belfort une star. Dès lors, des centaines de jeunes gens avides s'empressent de postuler pour travailler pour lui, avec lui, comme lui. Grisé par sa propre réussite, tout infatué de lui-même, Belfort divorce de sa première femme, épouse une bimbo, devient un véritable gourou. Il galvanise ses troupes lors de discours exaltés où chacun s'enthousiasme et s'émerveille devant le maître. Les fins de semaine sont fêtées dans les locaux mêmes de l'entreprise avec orchestre et dames de petites vertus qui vont de la plus raffinée (très chère) à la plus low cost (celle qui oblige à se bourrer d'antibiotiques après tout contact). Les orgies sont fréquentes, habituelles. On baise, on se drogue, on boit. Mais on organise aussi des lancers de nains sur cibles, entre autres fantaisies.

A aucun moment le réalisateur n'essaie de rendre son héros sympathique. Au contraire, il le ridiculise, le rend pathétique, insiste sur sa déchéance physique et parfois intellectuelle. Et ce toxico, mégalo, complètement dingo tombera rapidement dans le collimateur du FBI et plus particulièrement de l'incorruptible, intègre et obstiné agent Greg Coleman (Kyle Chandler, parfait). Délirants et monstrueux, ces gens n'ont plus aucun sens moral. Leur seul et unique raison d'être est l'argent.

Je n'ai plus aucun doute quant au fait que Leonardo DiCaprio est à ce jour MON acteur préféré. Celui qui me fascine, m'aimante à l'écran et m'impressionne. Je n'avais pas connu ces sensations depuis Jean Marais, Paul Newman et Clint Eastwood... au point que je me demande parfois si je ne vais pas rebaptiser ce blog Attrape-moi si tu peux, sur la route du cinéma... Ses rôles border line de paranos, schyzos des Infiltrés, de Shutter Island (et sa déchirante réplique finale) ou d'Aviator m’avaient  déjà fort impressionnée, secouée mais cette fois il pousse la folie jusqu’au délire, la démence. Et il fait rire. Aux éclats. Et je n’ai pas le souvenir d’un acteur, d’une star qui s’humilie, s’enlaidisse, s’avilisse à ce point sans jamais être ridicule. Les scènes d’anthologie se succèdent et à tenter de suivre le rythme épuisant pour le spectateur, on se demande à quoi carburait Leo pour les interpréter. Ses discours de rock star, ses orgies, sa soirée sado/maso une bougie dans le fondement, ses engueulades avec sa femme, sa façon de recevoir des verres d’eau à la figure, son mime de «l’acte », sa contrition rampante lorsque sa femme (et ils s’appellent papa et maman lors de cette scène inouïe…) lui annonce qu’elle ne portera plus de culotte mais qu’il ne pourra plus l’approcher, et surtout, surtout LA scène délirante, hallucinée de Leo en overdose de mandrax (voyez les effets de cette drogue... Leo les retranscrit à merveille) brusquement privé de l’usage de la parole et de ses jambes, obligé de ramper jusqu’à sa voiture : inoubliable !

Je lui ai déjà porté la poisse chaque année en lui prévoyant l'Oscar à chacune de ses interprétations parfaites, et je pense que cette assemblée de grabataires ne lui remettra toujours pas la statuette pour ce rôle ou pour son beau regard désespéré à la fin de Gatsby. Tant pis, il est extraordinaire au-delà des récompenses.

Et si je ne vous ai pas convaincus de voir ce film drôle sur un sujet qui ne l'est pas, voyez quelques avis de critiques encartés :

François Blet de à voir à lire 

"Remercions Martin, en cette période, d’être (re)venu à nous les bras chargés de chèques cadeaux, sous une jolie neige colombienne".  

Julien Barcilon de Télé 7 jours 

"Avec la complicité de son acteur fétiche, Leonardo DiCaprio, une fois de plus habité par son personnage hors-normes, Scorsese signe un grand film sur l'envers du rêve américain". 

Nicolas Schaller de TéléCinéObs 

"Scorsese se lâche. Son film est outrancier, drôle, jouissif."  

Louis Guichard de Télérama 

"Peut-on se passionner pendant trois heures pour un bouffon doublé d'une ordure ? Le nouveau film de Martin Scorsese nous apprend que oui." 

Commentaires

  • Coucou
    Purée c'est de la bonne !!!! Et moi Léonardo je l'adooorrrrreeeee et comme toi je trouve incompréhensible cette mise à l'écart pour les récompenses qu'il mérite haut la mains !!!! Peau de lapin !
    Bisous bisous
    P.S : j'irais le voir c'est certain !!! Hier j'étais avec ma filleule de 16 ans et nous avons pris moins corrosif : Casse tête chinois et un bon moment !

  • Bon oui tout le monde en est resté à Titanic -où il était excellent néanmoins- mais c'est pas grave, il est parfait !

  • Le pour : Di Caprio, l'humour.
    Le contre : le sujet du film.

    J'hésite encore. J'aimerais bien voir "The Lunchbox" avant. Je sais, ça n'a rien à voir.

  • Là, je ne peux rien pour toi.
    Mais Leo est PARFAIT.

  • Je n'étais pas forcément tenté au départ, mais tu t'avères drôlement convaincante, il faut l'avouer!
    Bon, en même temps, un film de loup, c'est fait pour moi. ;)
    Et c'est vrai que Léo fait partie des grands. Autant je peux le trouver un peu froid ou trop sérieux en interview, autant en acteur je l'ai toujours trouvé d'une étonnante justesse et ce, dès son plus jeune âge. Pas le moindre faux pas me semble-t-il. La classe.
    Alors qu'il n'ait jamais reçu un Oscar, c'est une injustice incompréhensible. Idem pour Julianne Moore, mon actrice préférée. Mais bon, regarde Chaplin, Hitchcock, Kubrick...

  • Ouais je sais pas pourquoi je veux absolument lui donner une récompense... quand on pense que par exemple Gwyneth Paltrow a un oscar, ça n'a pas vraiment de sens.
    Maintenant il faut réussir à caser les 3 heures !

  • eh bien ! voilà une critique qui me laisse sur le cul. J'ai détesté ce film où tout est caricatural, outrancier, hystérique... lui sous cocaine, ou toute autre drogue et qui bâtit un empire, épaulé par une bande de boloss aussi défoncés que lui ??? toutes les femmes dans ce film sont prêtes à écarter les cuisses pour une liasse de billets, toutes des putes quoi... c'est nul, c'est long, c'est pas drôle du tout, d'ailleurs l'ensemble de la salle a baillé avec moi, je ne comprends même pas quand tu dis que Scorcese impose un rythme "épuisant pour le spectateur". Mais oui, en revanche, le spectateur est harassé par tant de bêtise, de démonstration de ce qu'était censé être Wall Street dans les années 80, soulignée à très très TRES gros traits pendant ces 3 heures qui n'en finissent pas. Alors oui, Léo est bon, voire parfois très très bon, Scorcese est amoureux de lui, comme Laetitia Masson l'était de Sandrine Kiberlain, mais à part Matthew, excellent comme d'habitude, tous les autres sont nuls, même ce pauvre agent du FBI, avec son air de chien battu et tout ça fait un film bourré de clichés, invraisemblable, macho et sans aucun intérêt, même pas cinématographique. Quelle horreur ce film !!!

  • Oui je me doute que ce film peut et doit agacer. Et même je comprends, oui je suis d'accord, c'est une bande d'abrutis. Mais je ne les encense pas ! Je pense que j'aurais eu une autre opinion si Scorsese avait tenté de faire de Belfort un héros positif. Quant aux filles, oui ce sont des putes et des filles intéressées mais parce que c'est uniquement ainsi que ces mecs les voient et les considèrent.
    Je trouve donc que tout ça est bien vu. Mais pas sympathique du tout.

    Matthew est GRAND... je pense qu'on s'en apercevrai cette année :-)

    Quant à savoir que "l'ensemble de la salle a baillé avec" toi, t'es forte quand même.

  • Pas d'accord, ce ne sont pas des putes ou des filles intéressées "parce que c'est comme ça que les mecs les voient et les considèrent", c'est juste comme ça qu'elles sont dépeintes (et même classées entre putes très chères, chères et pas chères du tout) Toutes des putes et puis c'est tout. J'ai détesté ce film.

  • J'avais compris.

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