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LIBERTE de Tony Gatlif ***

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En 1943 dans un village français débarque une famille de tziganes avec ses roulottes, ses moutards, ses animaux et son attirail ! C'est la guerre et le glorieux gouvernement de Vichy a décrété l'interdiction aux "bohémiens" de ce peuple nomade de circuler librement, et ce bien avant que le raciste gouvernement nazi en demande lui aussi la déportation... Les tziganes doivent se sédentariser sous peine d'être internés dans des camps de concentration. Malgré la manoeuvre du Maire et vétérinaire du village qui cède pour 10 francs sa propre maison afin que Taloche et sa famille s'y installent, ils seront quand même inquiétés, poursuivis, arrêtés...

Il n'y a que Tony Gatlif pour nous parler de ce peuple qu'on ne connaît que par les clichés qui subsistent encore. Les "roms" font toujours peur mais le réalisateur nous les présente de l'intérieur, nous immerge au creux, au coeur de leur campement et brusquement on se retrouve en pleine nature pour les observer. Pourquoi leur mode de vie nous est-il si incompréhensible ? Simplement parce qu'il est différent et comme toujours c'est de la différence que naît la crainte et de la crainte la folie et la bêtise qui autorisent certains hommes à en persécuter d'autres ! mince je parle comme un maître Jedi moi ! J'ai eu la sensation d'être parmi les indiens, oui comme ceux d'Amérique dans les westerns. La famille est un tout indivisible. On ne se sépare ni des enfants, pas même pour les mettre à l'école, ni des vieux, jamais.

Une institutrice humaine et "résistante" (Marie-Josée Croze, subtile), un maire généreux et tolérant (Marc Lavoine, convaincant) qui recueille un petit garçon errant "P'tit Claude" (Mathias Laliberté... craquant) fasciné par les Bohémiens tentent par tous les moyens de protéger voire de sauver, non pas des "Roms" mais d'autres êtres humains. Ainsi le réalisateur rend t'il à la fois hommage à ces "justes" qu'on ne connaît pas et offre surtout un peu de la reconnaissance qu'attendent les tziganes qui ont connu, au même titre que les juifs, la barbarie de l'extermination.

Et évidemment un film de Tony Gatlif ne serait pas vraisemblable s'il ne débordait d'énergie, de vitalité, d'espoir et de musique ! Et c'est le cas une fois encore. Ce film en liberté sent l'air pur, le courage et la vitalité. Et même s'il est traversé de moments d'angoisse, de désespoir, de découragement et de beaucoup d'injustice, le réalisateur a décidé qu'on ne pouvait emmurer la liberté !

Pour exprimer cette liberté, cette indépendance, cette insoumission, Tony Gatlif a choisi un comédien, acteur, musicien, acrobate, fabuleux, fascinant et unique au monde : James Thierrée. Son rôle de Taloche, un peu simplet, sans doute secrètement amoureux de l'institutrice, est une espèce de farfadet qui court, virevolte, grimpe aux arbres, se jette de branche en branche ! Il est comme un animal sauvage qui se roule dans la terre, libère l'eau et pousse des cris de bête dès qu'on cherche à l'enfermer. Ce doit être usant pour lui de s'entendre constamment remettre face à son ascendance, mais je dois avouer que sa ressemblance impressionnante avec son génial grand-père me bouleverse jusqu'aux larmes moi !

Commentaires

  • Ça a l'air formidable, en effet !
    Et puis, enfin un film qui se coltine ce sujet, il était temps !!!

    La Rafle sera-t'il aussi réussi, dans le genre ???

  • Espérons que ça ne donne pas d'idée à certain dont je ne citerai pas le nom ou à des religieux de faire repentance... car ce film est sincère et subtil et n'accuse pas !

  • Aouuuu ! Moi qui dernièrement n'a pas vraiment flashé sur un quelconque film pour aller le voir en salle , en voila un enfin que je vais devoir noté !!

    J'attend La rafle aussi, je surveille je surveille pour voir si tu vas nous en parler ( car je suis sceptique toutefois ) afin de conforter (ou non) mon envie ....

    J'ai dceouvert et adoré Melanie Laurent dans je vais bien, ne t'en fais pas ... mais pour Gad ...je reste sceptique....

  • Ah bon ? Pas même Shutter Island ???
    J'irai voir la Rafle, dès qu'il sort.
    Je suppose que tu parles de Kad... dans 'Je vais bien, ne t'en fais pas"... Je l'ai trouvé extraordinaire dans ce film mais depuis... je suis redevenue sceptique aussi.

  • non gad elmaleh !!! j'ai apprécié ses rôle for the moment ... Liberté passait à nancy cette aprés-midi mais avec l'alerte orange je renonce ....

    Et tu as raison pour shutter Island ... je l'avais omis, mais j'attend un certain z'Homme pour m'offrir ce plaisir ... Mon petit cinéma de ville a toujours quelques semaines de retard, et je vais pas monter à nancy ou épinal tous les jours ;-)

  • Han ayé j'ai compris. Gad c'est rapport à la Rafle !!!

  • Je sors juste de la séance, et je suis assez d'accord avec ta chronique, j'ai trouvé le film très réussi.
    On a beau noter quelques clichés (dans la façon de traiter le sujet de la déportation, dans la dégaine des collabos qui sont de véritables images d'Epinal...), la beauté esthétique du film et la dimension de certains personnages (Taloche notamment, incroyablement attendrissant) rattrapent très bien le tout.
    J'ai été agréablement surpris par la maîtrise technique aussi : la lumière et la photographie sont magnifiques, simples et colorés, et le tout est très bien filmé, avec des plans assez originaux pour ce type de films.
    Un très bon moment pour ma part!

  • Je suis d'accord. L'énergie, l'enthousiasme et le refus du misérabilisme font beaucoup. C'est très beau, très lumineux. Et Taloche/James Thiérrée est inoubliable je trouve. Si tu viens depuis quelques temps tu sais que j'aime d'amour de nombreux acteurs :-)

  • Vu et ADORé !!!

    Un film indispensable et magnifique à mille lieu de La rafle... j'espère qu'un bon vent de buzz lui soufflera dans le dos afin qu'il récolte quelques spectateurs supplémentaires car La rafle certes bouleversante mais autrement plus lourdingue, écrase tout sur son passage...

    ALLEZ DONC VOIR CETTE MERVEILLE !!!!!

  • Effectivement les sujets sont proches mais vraiment pas traités de la même façon. Je trouve que les deux méritent qu'on se déplace même si celui ci a quelque chose en plus !

  • Un million de choses en plus...

  • La force de ce film tient dans le fait de suggérer, plus que de montrer des images choc...
    Tout est tricoté autour de Taloche, homme enfant très mystique, à l'instinct développé qui ressent les évènements plus qu'il ne les vit....
    Les dialogues en Roumnès et la musique nous plongent dans l'univers des Tziganes, leurs croyances....
    Très beau film pour parler d'une page d'histoire oubliée.

  • Ahhhh Taloche !

    Voila un merveilleux personnage de cinéma que je n'oublierai jamais !

    Tout ce que tu dis là Débla est très juste, la musique, la poésie, les rites et le folklore tzigane est merveilleusement rendu sans jamais tomber dans le "folklorique", justement, ni dans l'anecdotique.
    Depuis hier, ce film me hante et je ne m'en remets pas !

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