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l'ennemi public n°1

  • Mesrine, l’ennemi public N° 1 de Jean-François Richet *

    Mesrine : L'Ennemi public n°1 - Vincent Cassel Mesrine : L'Ennemi public n°1 - Vincent Cassel

    La vie, l’œuvre et la mort de Jacques Mesrine, déclaré, pour sa plus grande fierté « Ennemi public N° 1 » dans les années 70.

    Que resterait-il si cet ennemi n’avait été incarné à l’écran par un autre que Vincent Cassel ? Je ne lis pas dans les marcs de café bien sûr, mais je pense sincèrement qu’il ne resterait pas grand-chose. En effet c’est à un véritable « one man show » d’acteur auquel on assiste ici. Ce n’est pas désagréable et je ne peux que saluer l’omniperformance physique impressionnante de Vincent Cassel, sa voix, son allure, ses éclats de rire tonitruant… Mais pour le reste, oh la la, quelle soupe, quelle bouillie !!!

    Si le premier « épisode » m’avait quelque peu intriguée, il n’en est pas du tout de même ici où j’ai assisté à une succession, que dis-je un empilement de scènes sans surprise qui commencent alors que la précédente n’est pas encore terminée et qui ne se concluent jamais. Comme dans l’épisode précédent, les protaganistes apparaissent et disparaissent au gré d’un scénario qui laisse plus de place que jamais aux élipses. On ne sait pas forcément qui est qui, d’où il sort et pourquoi on n’en entend plus parler ! Quelques séquences mouvementées, un braquage par ci, une cavale, une évasion par là et dans l’ensemble un fatras de trucs bruyants qui s’agitent et une musique patapouf pour tenter de nous faire croire que ça remue. Ça dure deux heures et c’est interminable.

    La première scène du premier film est reprise ici et étirée à l’infini, et comme on ne doute pas un instant de l’issue (puisqu’on la connaît), qu’on sait où et quand exactement « ça » va se passer, le réalisateur ne réussit même pas à installer l’ombre d’un suspens et d’une tension, si ce n’est dans la bouche des policiers en planque qui disent « merde, putain, y’est passé près d’moi, j’ai chié dans mon froc ! » (oui, les dialogues sont d’une grande finesse !). Donc pendant un bon quart d’heure, on assiste au départ de Mesrine et de sa dernière compagne. Sylvia porte une perruque rouge écarlate frisée, pour passer inaperçue (je suppose), quitte l’appartement en faisant des mines de chat échaudé qui craindrait l’eau froide, se retourne à chaque pas, arrive au coin de la rue, fait signe au Jacquot (la perruque de traviole) pour qu’il la rejoigne. Ils marchent l’un derrière l’autre (pour faire croire qu’ils se connaissent pas) jusqu’à la voiture avec l’air de ceux qui sont pas dans leur assiette voire franchement inquiets. Ils démarrent et font 15 kms en marche arrière à toute berzingue… Puis… Ils retournent à l’appartement chercher leurs valises !!!!

    Bon je vous donne un autre exemple de la délicatesse des dialogues. A un moment le gros Mesrine est en embuscade dans la campagne avec son meilleur pote (je ne sais plus lequel vu qu’il change de meilleur pote comme de perruque). Le pote a une paire de jumelles et observe. Tout d’un coup :

    - le pote : « oulala, on dirait que ça bouge là ? »

    le gros empoigne les jumelles, regarde et dit :

    - « montre, fais voir ».

    Le pote reprend les jumelles et au bout d’un moment dit :

    - « oulala, on dirait que ça bouge là ??? »

    Le gros empoigne les jumelles, regarde et dit :

    - « montre, fais voir ».

    (Gentil lecteur, à ce moment de ta lecture, ne te demande pas si tu vois double ou si la taulière bégaie ou a trop forcé sur la Vodka… la scène t’est relatée dans toute son authenticité).

    Sinon, et bien Jean-François Richet nous présente Mesrine comme un brave type, plutôt sympa et franchement rigolo qui passe sa vie à faire des bons mots en riant fort de ses propres blagues. Evidemment il est un peu sensible de la gâchette et a un chouilla tendance à tirer sur tout ce qui remue mais… miracle, il semble ne jamais atteindre sa cîble alors qu’il va s’accuser de 40 meurtres dans son autobiographie et clamera toujours hilare « ah ah ah, c’est quoi le faux du vrai, hein je vous le demande ? » et réciproquement. Comme le réalisateur ne veut pas d’ennui avec la police, il terminera la cavale de son idole par une scène bien longue et bien raffinée où il torture un journaliste de « Minute » qui a osé le critiquer, histoire de nous dire que le gars est un gros con violent. Mais finalement, il préfère ne pas laisser de doute sur la fin de son héros et tranche sans ambiguité en le faisant assassiner sans sommation. Foutue police !

    Question interprétation, je suppose que Vincent Cassel peut déjà demander à Monica de lui repasser son smoking pour la cérémonie des Cesar. Le problème c’est que les autres acteurs (sauf Mathieu Amalric) sont écrabouillés par sa prestation. En premier lieu Ludivine Sagnier qui ressemble à une petite souris et se donne un mal de chien pour être sexy mais doit se contenter de tortiller des hanches. Gérard Lanvin est d’un comique irrésistible même si je n’ai pas compris ce que venait faire ici son imitation très réussie d’Eric Cantona. Samuel le Bihan n’est pas bien convaincant. Anne Consigny a l'oeil humide et chuchote comme à son habitude. Même si là, on ne comprend vraiment pas la pertinence de cette interprétation en tant qu'avocate de Mesrine en personne ! Olivier Gourmet ressemble à un nain de jardin (grincheux évidemment) avec son collier de barbe du plus bel effet. Et la scène annoncée comme « la grande scène du 2 » où, en tant que commissaire Froussard ah ah ah, mais non, c’est Broussard avec un B, il va se faire inviter par son ennemi à boire le champagne à 6 heures du mat est complètement ratée. De toute façon Gourmet semble complètement absent et d’ailleurs arrive en retard au canardage de Mesrine. Je le répète, seul Mathieu Amalric résiste face au monstre Cassel mais a quand même un petit air de dire « je suis entouré de tarés sans cerveau ici ! ».