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  • Sagan de Diane Kurys *

    Sagan - Sylvie Testud

    La vie, la mort, les amours, les emmerdes de Sagan… et quelques pages d’écriture de celle qui devint un mythe et dont la carrière commença par la sortie du livre jugé scandaleux « Bonjour tristesse ».

    On ne peut que reconnaître deux atouts imparables à ce film : la performance miraculeuse de Sylvie Testud et l’envie qu’il donne de (re)lire de toute urgence toute l’œuvre de Sagan.

    Bizarrement le film laisse une impression très mitigée de malaise et de déception, comme s’il était poussiéreux, inadapté et surtout l’insondable tristesse qu’il dégage, malgré les quelques tentatives pour faire sourire, laisse complètement anéanti.

    Sagan était une femme gaie qui aimait faire la fête et ne savait que faire une chose : écrire. Elle n’attendait qu’une chose de ses amis (nombreux) : qu’ils soient heureux ! Dès la parution de « Bonjour tristesse » elle devient millionnaire alors qu’elle n’a que 18 ans. Elle passera sa vie à dilapider tout l’argent qu’elle gagne, aux jeux, dans l’achat de luxueuses voitures, de maisons et surtout en s’entourant d’une cour de pique-assiette qu’elle entretient, loge, nourrit, sort. Elle s’en fiche, elle est généreuse, elle ne sait pas compter, elle veut qu’on l’aime.

    Deux mariages, un enfant (renié… pourquoi ?), ses relations homosexuelles, ses beuveries, son accident de voiture qui l’a rend pour toujours accro à la drogue, son arrestation… tout le film n’est qu’une succession de pages people ou scandaleuses. C’est un peu comme si on feuilletait en accéléré 50 ans de « Paris Match » et c’est assez écoeurant car si on se rend compte à quel point cette femme était adorable et imprévisible, on cerne peu sa personnalité complexe et son génie d’écrivain. Les plus beaux (et rares) moments sont ceux où en voix off, elle « écrit » ses plus belles pages. Pour le reste, toute une galerie de marionnettes plus caricaturales les unes que les autres se succèdent auprès d’elle pour l’abandonner finalement.

    Mais au centre de ce tourbillon de fêtes, de séductions et de défaites, il y a Sylvie Testud à la tête d’un rôle colossal qu’elle a empoigné, petite brindille au corps anorexique, comme possédée par l’écrivain. Elle est incroyable, troublante car on ne peut qu’insister sur la ressemblance confondante avec son modèle. Sans maquillage outrancier, sans latex qui enlaidit et dénature, juste par le mystère d’une mèche blonde qui balaye le front, d’une démarche qui devient de plus en plus hésitante avec les années, d’une façon de se caresser le sourcil, de se plaquer les cheveux dans la nuque nerveusement, et d’une voix sans pareil et surtout d’un débit hypernerveux, inquiet et impatient, elle devient Sagan, gaie, excessive, timide, attachante, touchante.

    Ce film doit TOUT à Sylvie Testud mais ne rend pas hommage à Françoise Sagan réduite ici à une fêtarde désespérée.

    Il faut également remercier, féliciter et rendre grâce à Chantal Neuwirth et à Sylvie Testud encore, qui dans le « spectacle » final de l’agonie rendent, par la force de leurs regards, toute sa dignité à une scène qui aurait sombré dans un mauvais pathos sans le talent de ces deux actrices.

    Un film d’une grande, profonde et insondable tristesse !