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LA COMTESSE de Julie Delpy ****

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Au XVIIème siècle, Erzsébet Bathory est une comtesse hongroise tellement riche et puissante qu'elle impose même ses vues au roi dans sa lutte contre les turcs. La légende veut que cette femme qui a réellement existé, ait assassiné plusieurs centaines de jeunes filles vierges car elle était persuadée que leur sang préservait sa peau de la vieillesse.

Avant d'en arriver à ces extrémités inhumaines et sanglantes, elle était déjà une femme autoritaire redoutée de tous. Un jour, alors qu'elle est veuve et qu'elle assiste à un bal, elle est victime d'un coup de foudre (réciproque) pour le bel Istvan Thurzo, de presque 20 ans son cadet. Leur liaison passionnée n'est pas du goût du père du jeune homme qui souhaitait épouser la comtesse pour mettre la main sur son immense fortune. Il va intercepter les lettres des amants, les empêcher de se revoir, maintenir son fils enfermé. Délaissée, désespérée et sans nouvelle, Erzsébet est persuadée qu'elle a été abandonnée par Itsvan à cause de la différence d'âge. Elle se laisse mourir doucement jusqu'à ce qu'elle frappe et blesse une de ses servantes qui lui a brossé trop vigoureusement les cheveux. Quelques gouttes de sang l'atteignent et sans doute à la faveur d'un éclairage favorable, elle s'entête à croire que le sang de la jeune fille lui donne plus d'éclat. C'est alors, qu'aidée par son entourage tellement terrorisé qu'il n'ose la contredire, elle va littéralement "saigner" de jeunes vierges pour s'emparer de leur sang.

Malgré la cruauté sanguinaire du personnage et ses possibles connexions avec l'histoire du Comte Dracula, Julie Delpy ne fait pas de son film une sombre et "simple" affaire de vampires, de sorcellerie ou de magie noire. Et pourtant, sa confidente, amie et parfois amante Darvulia, un peu médecin, un peu sorcière lui prépare des onguents pour se soigner et entretenir sa peau. La réalisatrice évite de s'apesantir sur les scènes de torture. Elle préfère au film d'horreur, s'attarder avec finesse et profondeur sur deux thèmes beaucoup plus passionnants, l'amour unique et éternel qu'on n'attend pas ou plus, qui survient sans crier gare et la peur, le refus de vieillir d'une femme encore jeune, encore belle mais qui fait obstinément mentir son miroir. Ce dernier thème étant tout à fait moderne et actuel d'ailleurs. S'y ajoute encore une espèce de sombre et machiavélique complot politique ourdi par le père de l'amoureux pour hériter de la fortune.

Julie Delpy, artiste dans tous les sens du terme, signe une oeuvre véritable, complète, complexe, riche et profonde. Non seulement réalisatrice, actrice, scénariste, elle compose également la musique de son film. Et tout est réussi. Je crois que Julie Delpy, je l'aime d'amour. D'abord, elle est d'une beauté absolument éblouissante et pas ordinaire ce qui n'est évidemment pas suffisant mais ni négligeable ni désagréable. Malgré l'ambiance angoissante et l'horreur accablante des actes commis, elle fait de son héroïne une amoureuse éperdue que l'abandon et la solitude font constamment approcher la folie sans l'y faire sombrer tout à fait.

En quelques scènes vraiment adroites et sans excès elle nous démontre comment l'enfance d'Erzsébet lui a été confisquée par une mère implacable qui souhaitait l'endurcir à tout, la faisant assister à des exécutions à mort et l'obligeant à se marier très très jeune à un homme, un guerrier rustre mais riche, qu'évidemment elle n'aime pas. Devenue veuve, elle reprend les activités belliqueuses de son mari en levant et finançant des armées pour le roi. Elle fait montre d'une audace toute "masculine", d'un humour et d'une modernité totalement inédits pour l'époque. Un dîner absolument savoureux donne d'ailleurs toute la mesure de son sang froid, de sa modernité et de son originalité.

C'est d'autant plus inconcevable de voir cette femme d'une force et d'une autorité absolues s'effondrer et dépérir d'amour pour un jeune homme plutôt falot qu'elle idéalise au-delà de toute mesure. Mais les moments où elle compare sa jeunesse à la sienne, ou elle semble tester la douceur de sa peau et la sienne, où elle a un mouvement de dégoût et d'affolement en voyant ses mains qui sont les pires traîtresses pour témoigner de l'âge, sont absolument troublants et pathétiques.
Julie Delpy est sublime dans le rôle et son film est un choc.

Commentaires

  • La Julie a la tête bien faite à l'intérieur comme à l'extérieur... et il était super choupi le mari
    J'ai particulièrement aimé la scène où il se fait photographier sur son tas d'turcs...
    Fascinantes les scènes de chasse

  • Delpy s'en sort bien dans le rôle de Bathory mais le film s'enlise rapidement dans un rythme d'une lenteur abyssale, qui finit par faire bailler le spectateur. Il y a certes de belles images (notamment une intro rythmée qui met bien en scène les prémices de la folie de la comtesse), mais le résultat est moyen, du sans doute à l'absence d'acteur susceptibles de se démarquer face à une Delpy qui domine l'ensemble du film.

    La version de Jakubisko n'était pas forcément plus réussie au final, mais le rythme était moins rébarbatif : http://blog.vampirisme.com/vampire/?684-delpy-julie-la-comtesse

  • Fred : et l'amant maso tu l'aimes l'amant maso ? (Il est très laid non ?).

    Vladkergan : je suis d'accord avec tout ce que vous dites. Je ne suis pas le genre à contrarier un vampire :-)
    Oh et puis si, j'aime vivre dangereusement.
    Je n'ai ressenti aucune lenteur mais une ambiance oppressante vraiment bien vue. Pour moi ce film est maîtrisé en tous points.

  • Bon je ne l'ai pas encore vu mais ça ne m'étonne pas que son film soit réussi, je trouve qu'on sous-estime complètement cette actrice/réalisatrice/scénariste de tout premier plan, audacieuse, originale bref, indispensable. Et puis elle assure sur tous les registres, cf. l'hilarant Two Days in Paris

  • Ne jamais faire confiance à un homme dont les sourcils se rejoignent c'était la leçon de la mère-grand de la compagnie des loups et je suis sûre et certaine que ce type s'épile entre !
    brrrrrrr

  • Marine : contente que tu l'aimes aussi. Elle me plaît cette fille c'est fou :-)

    Fred : je t'agrée à 3 000 %, les sourcils sont très révélateurs.

  • J'ai adoré ce film ! Je pense que le fait que ce soit une femme qui en est la réalisatrice, cela atténue la violence des images. Elle ne s'attarde pas dessus comme l'aurait très certainement fait un homme.
    Non Messieurs, ceci n'est pas une critique, c'est une constatation :-)
    Julie Delpy est superbe, formidable, géniale, j'adore tout ce qu'elle fait. J'ai une certaine admiration pour elle qui garde en plus une certaine simplicité.
    Ce film m'a vraiment plu et troublée car j'y pense encore quelques jours après l'avoir vu. Tiens, j'ai même envie d'aller le revoir...! Pascale, tu aurais pu en effet mettre les 4 étoiles !

  • Oui c'est un film qui donne envie d'être revu.
    Et j'en parlais avec une cinéphile de mes connaissances... Les mecs là dedans sont pas à la fête... Les pauvres ombres caricaturales, ça fait pitié et du bien en même temps.
    Et puis les relations entre la Comtesse et son amie sont vraiment sensuelles sans qu'il y ait besoin d'une explicite et débile scène de cul... ce qu'un réalisateur aurait fait c'est évident !

  • Entièrement d'accord avec toi Pascale...!

  • J'aime qu'on soit d'accord :-)

  • Bon ben on va vous laisser
    voilà voilà voilà

  • Aaah j'attendais cet avis avec impatience!
    Bon, on ne se refait pas, je suis une grande admiratrice de Julie Delpy, de la 1ère heure.
    Par contre je ne comprends pas pourquoi ses films ne sont pas + diffusés dans les salles françaises!
    Autant pour 2 Days in Paris, j'avais dû aller dans Paris pour le voir, et là j'ai trouvé in extremis une salle de banlieue pour La Comtesse.
    Mais quel chef d'oeuvre!
    J'ai vraiment lu avec plaisir ta critique sur ce film :)

  • Oui c'est une merveille ce film. J'espère rencontrer Julie Delpy un jour pour lui en parler; Je l'avais croisée au Festival de Cabourg et n'avais pas osé l'aborder. Je le regrette souvent.

  • Hélas, le public n'a pas suivi.
    Très beau texte encore.
    T'embrasse benoit

  • Oh ben c'est bon, cette fois je rougis.
    Je confirme, t'as pas de coeur.
    Bon, faut que je trouve l'adresse de Julie pour lui dire TOUT sur son film !

  • Merci, Pascale, pour ce billet enthousiasmant qui m'a poussé à aller voir La comtesse, ce que je ne regrette pas une seconde. Julie delpy signe un film culotté, féministe et révisionniste (dans le bon sens du terme), tout à fait maîtrisé. Merci encore de m'avoir incité à découvrir ce film !

  • Quelle chance de l'avoir croisée, tu aurais dû lui parler oui, j'imagine comme tu regrettes ;)

    C'est marrant mais j'ai toujours apprécié cette fille et su qu'elle irait loin, je le "sentais", et l'évolution de sa carrière ne m'a pas fait mentir :D
    J'espère encore plein de belles choses à venir, mais je sais que ce film là est vraiment une consécration, vu que ça faisait des années qu'elle était sur ce projet.
    Le résultat fait vraiment plaisir.

    As-tu une idée pourquoi ce film est si mal distribué en France?
    Beaucoup galèrent à trouver une salle où il se joue depuis sa sortie...? :(

  • Elle est fabuleuse je ne peux pas mieux dire.
    J'espère la recroiser et je la "coince" cette fois :-)

    Quant à connaître lesmystères de la distribution je suppose que le sujet, l'époque, le manque de "star" etc...

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