Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

william hurt

  • J'ENRAGE DE SON ABSENCE de Sandrine Bonnaire ****

    J'enrage de son absence : photo Alexandra Lamy, Jalil Mehenni, William HurtJ'enrage de son absence : photo Augustin Legrand, Jalil MehenniJ'enrage de son absence : photo Jalil Mehenni, William Hurt

    Afin de régler la succession de son père récemment décédé Jacques, qui vit désormais aux Etats-Unis, revient en France. Il en profite pour revoir Mado qui avait partagé sa vie une dizaine d'années plus tôt, et avec qui il avait eu un fils. Lors de ces retrouvailles chaleureuses, on ne doute pas un instant qu'entre Jacques et Mado une forme de sentiments, si ce n'est l'amour, est toujours bien présent. A moins qu'il ne s'agisse de l'émotion qui fait ressurgir brutalement les souvenirs de leur douloureux passé. L'enfant né de leur union est mort à 4 ans dans un accident de voiture. C'est Jacques qui conduisait. Mais alors que Mado a "refait sa vie", s'est mariée et a eu un autre enfant, Paul 7 ans, Jacques n'a jamais réussi à faire le deuil de cet enfant perdu. Il souhaite néanmoins rencontrer Paul. Et entre l'homme triste et le petit garçon, le coup de foudre est instantané et réciproque. La relation d'abord ténue devient rapidement de plus en plus profonde et cette complicité insaisissable dérange et inquiète Mado qui interdit à son fils de revoir Jacques. Sauf qu'il est trop tard, l'homme et l'enfant sont devenus indispensables l'un à l'autre. Et ils vont continuer à se retrouver le plus souvent possible en cachette. 

    Et j'espère qu'aucun "critique" encarté n'a révélé la façon dont Jacques et Paul vont finalement continuer à se voir car ce stratagème est un des premiers chocs de ce film qui en réserve pas mal...

    Chacun des protagonistes va se mettre à mentir. Mado à son mari en ne lui révélant pas qu'elle a revu son ex compagnon. Paul à ses parents en gardant le secret de ses rencontres avec Jacques. Et chacun va faire peser sur les épaules de ce petit garçon incroyable le poids terrible de leur douleur et de leurs mensonges. Ce petit Paul qui mènera sa réflexion jusqu'à exprimer que si celui qu'il continue d'appeler "mon petit frère" alors qu'il ne l'a pas connu et serait plus âgé que lui, n'était pas mort il n'aurait lui-même pas vu le jour. Terrible de se dire et de penser que sa propre existence tient à la disparition d'un enfant. Et les paroles rassurantes de son merveilleux et si doux papa (étonnant Augustin Legrand (ne cherchez pas "je connais ce nom... je connais ce visage...", les Enfants de Don Quichotte, c'est lui)) ne réussiront pas à l'apaiser.

    Sandrine Bonnaire, actrice supra sensible choisit pour sa première réalisation (Je m'appelle Sabine était un documentaire) de nous parler du chagrin le plus inconsolable qui soit, la perte la plus injuste, inadmissible, inenvisageable, la mort d'un enfant. Alors ce n'est rien de dire que la vision de ce film est une épreuve et qu'il est d'une tristesse insondable. Mais pas seulement, si elle creuse jusqu'à l'os la douleur d'un homme brisé, perdu, on finit par se demander jusqu'où cet homme dévasté va aller pour tenter de calmer sa douleur. Que va t'il se passer entre cet enfant qui n'est pas le sien et lui ? Pourquoi ce lien soudain et mystérieux ne va t'il cesser de croître ? Comment cela va t'il finir ? La tension est donc constante, permanente et ne cesse de s'enfler jusqu'à un final sidérant. Une scène d'une intensité, d'une violence, d'une tristesse comme on n'en voit rarement et qui laisse le spectateur anéanti dans son fauteuil. Et tout ce déchaînement de fureur provient du personnage dont on l'attendait sans doute le moins...

    Pour nous faire partager et vivre toute cette douleur, Sandrine Bonnaire s'est entouré d'un casting complice à la hauteur de son ambition. Alexandra Lamy est son double. Physiquement d'abord. Même mâchoire carrée, même sourire éclatant, même fossette. Mais elles possèdent aussi la même profondeur "terrienne" tant elles semblent toujours l'une comme l'autre ne pas faiblir, ne pas flancher, être là, résister. Le petit Jalil Mehenni est parfait, fragile et solide. Augustin Legrand, un géant de douceur et de compréhension. Et William Hurt, dans son par-dessus bleu erre comme un fantôme désespéré à la recherche de l'impossible. Son beau visage livide, mélancolique, ses yeux rougis et délavés, sa démarche lourde portent toute la tristesse du monde. A tout jamais inconsolable. Et c'est lui qui prononcera cette phrase si belle "j'enrage de son absence"... une rage constamment contenue, intériorisée qu'il parvient par cette interprétation prodigieuse, phénoménale à rendre aussi palpable qu'inimaginable !

  • 3 FOIS 20 ANS de Julie Gavras °

    isabella rosselini,3 fois 20 ans de julie gavras,william hurt,cinémaisabella rosselini,3 fois 20 ans de julie gavras,william hurt,cinémaisabella rosselini,3 fois 20 ans de julie gavras,william hurt,cinéma

    Mary et Adam forment un couple uni et aimant qui approche la soixantaine. Alors qu'Adam est pour ainsi dire momifié de son vivant en obtenant une haute distinction dans sa profession d'architecte, Mary a une perte de mémoire, panique et craint Alzheimer. Brusquement consciente qu'elle fait partie d'une génération, d'une tranche d'âge qui peine à trouver sa place dans la société actuelle, elle tente de convaincre Adam de trouver ensemble une nouvelle façon de vivre et d'affronter la vieillesse. Mais Adam prétend lui ne pas se sentir atteint par les prémices du troisième âge et multiplie au contraire ses collaborations professionnelles (et éventuellement plus...) avec de très jeunes gens.

    Voilà bien un film qui promet beaucoup et finalement ne propose RIEN. C'est bien joli et plutôt original de vouloir se pencher sur un âge peu glamour qu'on évite comme la peste et encore plus de le faire sur le ton de la comédie. Encore faut-il néanmoins tenter de dire deux ou trois choses audibles et ne pas réduire le propos à : "j'ai 60 ans, est-ce que je peux encore plaire... et surtout à des personnes du sexe opposé qui ont l'âge d'être mes enfants, voire mes petits enfants ???" Je refuse de croire que la préoccupation principale des sexagénaires soit d'être constamment et quasi exclusivement dans la séduction de jeunes gens. La scène où Isabella Rosselini frôle la déprime parce que des minots de 25 ans ne se retournent pas sur son passage  atteint à ce titre des sommets de ridicule et de bêtise !

    Faire de gros plans insistants sur le coup frippé de son actrice principale, la conjonctive chronique ou la prochaine cataracte de son acteur ne sont pas des arguments !

    Ce film est vide, creux et enchaîne les maladresses (pour rester polie). Que se soient les trois dadais d'enfants (frisant la quarantaine donc !) qui se mêlent de réconcilier leurs parents ou la grand-mère (qui vit sur le même palier que le couple) doucement indigne et autoproclamée originale ou encore l'amie qui brandit son MLF comme une bible... tous les personnages sonnent faux ou comme des archétypes tendant à une démonstration qui n'arrive jamais.

    Si les rôles secondaires et tertiaires manquent de charme à un point assez inimaginable, le summum est atteint par William Hurt qui ne se donne même plus la peine de jouer. Sur quelle carrière géniale se repose t'il pour être à ce point absent ? A quand remonte son dernier bon rôle ? 1985 ? Oui, je sais je suis impitoyable avec le troisième âge !

    Et ça fait une peine infinie de voir Isabella Rosselini, l'admirable, la superbe, qui se fout comme d'une guigne de ses rides et de ses kilos en trop dans ce film trop petit pour elle. Elle est le seul élément qui fait qu'on ne se sauve pas de la salle à toutes jambes dès les premières minutes pesantes ! Elle est comme toujours charmante, extravagante, drôle et bouleversante. Il faut la voir avec son bonnet de bain tenter de faire des mouvements d'aqua gym entourée de minettes à la peau ferme, se fâcher parce qu'une wonder woman à queue de cheval lui propose de faire des cakes pour une association, et puis soudain être décontenancée et paniquée de voir sa vieille maman malade...

    Il faut la voir, c'est tout.

  • LA COMTESSE de Julie Delpy ****

    19062205_jpg-r_760_x-f_jpg-q_x-20090220_021201.jpg19313161_jpg-r_760_x-f_jpg-q_x-20100316_054826.jpg
    19313162_jpg-r_760_x-f_jpg-q_x-20100316_054826.jpg
    19313164_jpg-r_760_x-f_jpg-q_x-20100316_054841.jpg

    Au XVIIème siècle, Erzsébet Bathory est une comtesse hongroise tellement riche et puissante qu'elle impose même ses vues au roi dans sa lutte contre les turcs. La légende veut que cette femme qui a réellement existé, ait assassiné plusieurs centaines de jeunes filles vierges car elle était persuadée que leur sang préservait sa peau de la vieillesse.

    Avant d'en arriver à ces extrémités inhumaines et sanglantes, elle était déjà une femme autoritaire redoutée de tous. Un jour, alors qu'elle est veuve et qu'elle assiste à un bal, elle est victime d'un coup de foudre (réciproque) pour le bel Istvan Thurzo, de presque 20 ans son cadet. Leur liaison passionnée n'est pas du goût du père du jeune homme qui souhaitait épouser la comtesse pour mettre la main sur son immense fortune. Il va intercepter les lettres des amants, les empêcher de se revoir, maintenir son fils enfermé. Délaissée, désespérée et sans nouvelle, Erzsébet est persuadée qu'elle a été abandonnée par Itsvan à cause de la différence d'âge. Elle se laisse mourir doucement jusqu'à ce qu'elle frappe et blesse une de ses servantes qui lui a brossé trop vigoureusement les cheveux. Quelques gouttes de sang l'atteignent et sans doute à la faveur d'un éclairage favorable, elle s'entête à croire que le sang de la jeune fille lui donne plus d'éclat. C'est alors, qu'aidée par son entourage tellement terrorisé qu'il n'ose la contredire, elle va littéralement "saigner" de jeunes vierges pour s'emparer de leur sang.

    Malgré la cruauté sanguinaire du personnage et ses possibles connexions avec l'histoire du Comte Dracula, Julie Delpy ne fait pas de son film une sombre et "simple" affaire de vampires, de sorcellerie ou de magie noire. Et pourtant, sa confidente, amie et parfois amante Darvulia, un peu médecin, un peu sorcière lui prépare des onguents pour se soigner et entretenir sa peau. La réalisatrice évite de s'apesantir sur les scènes de torture. Elle préfère au film d'horreur, s'attarder avec finesse et profondeur sur deux thèmes beaucoup plus passionnants, l'amour unique et éternel qu'on n'attend pas ou plus, qui survient sans crier gare et la peur, le refus de vieillir d'une femme encore jeune, encore belle mais qui fait obstinément mentir son miroir. Ce dernier thème étant tout à fait moderne et actuel d'ailleurs. S'y ajoute encore une espèce de sombre et machiavélique complot politique ourdi par le père de l'amoureux pour hériter de la fortune.

    Julie Delpy, artiste dans tous les sens du terme, signe une oeuvre véritable, complète, complexe, riche et profonde. Non seulement réalisatrice, actrice, scénariste, elle compose également la musique de son film. Et tout est réussi. Je crois que Julie Delpy, je l'aime d'amour. D'abord, elle est d'une beauté absolument éblouissante et pas ordinaire ce qui n'est évidemment pas suffisant mais ni négligeable ni désagréable. Malgré l'ambiance angoissante et l'horreur accablante des actes commis, elle fait de son héroïne une amoureuse éperdue que l'abandon et la solitude font constamment approcher la folie sans l'y faire sombrer tout à fait.

    En quelques scènes vraiment adroites et sans excès elle nous démontre comment l'enfance d'Erzsébet lui a été confisquée par une mère implacable qui souhaitait l'endurcir à tout, la faisant assister à des exécutions à mort et l'obligeant à se marier très très jeune à un homme, un guerrier rustre mais riche, qu'évidemment elle n'aime pas. Devenue veuve, elle reprend les activités belliqueuses de son mari en levant et finançant des armées pour le roi. Elle fait montre d'une audace toute "masculine", d'un humour et d'une modernité totalement inédits pour l'époque. Un dîner absolument savoureux donne d'ailleurs toute la mesure de son sang froid, de sa modernité et de son originalité.

    C'est d'autant plus inconcevable de voir cette femme d'une force et d'une autorité absolues s'effondrer et dépérir d'amour pour un jeune homme plutôt falot qu'elle idéalise au-delà de toute mesure. Mais les moments où elle compare sa jeunesse à la sienne, ou elle semble tester la douceur de sa peau et la sienne, où elle a un mouvement de dégoût et d'affolement en voyant ses mains qui sont les pires traîtresses pour témoigner de l'âge, sont absolument troublants et pathétiques.
    Julie Delpy est sublime dans le rôle et son film est un choc.