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SUBMARINO de Thomas Vinterberg ****

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Avant tout, pour ceux qui ne la connaissent pas encore, voici une petite explication du titre aussi mystérieux que parfaitement adapté... Submarino est une technique de torture qui consiste à enfoncer la tête d'une victime sous l'eau. Et c'est bien de cette noyade où la proie s'agite vainement pour tenter de sortir la tête de l'eau dont il est question ici. Si Thomas Vinterberg nous assénait il y a 12 ans déjà une baffe monumentale avec son "Festen" que personne n'a oublié... il nous invite cette fois à une descente aux enfers en apnée en compagnie de personnages qui sont comme aspirés dans une épouvantable et implacable spirale de lose. Il faut bien l'avouer c'est parfois à la limite du supportable tant les malheurs s'abattent les uns après les autres sur ces êtres qui tiennent bon malgré tout parce qu'ils n'ont jamais connu autre chose que le malheur et l'adversité, comme une fatalité. Et peut-être faut-il une sacrée dose de sadisme pour assister ainsi à tant de misère. C'est tout juste s'il n'apparaîtrait pas plus "normal" de s'échapper en courant de la salle pour respirer à fond et se réjouir d'être vivant, épargné !

Malgré le sordide souvent insoutenable des événements qui vont s'enchaîner, ce film s'ouvre et se clôt sur une scène, la même, d'une beauté, d'une douceur et d'une tendresse presque extravagantes. Entre les deux : l'horreur !

L'enfance de Nick et de son jeune frère n'a pas été un cadeau. Seuls avec leur mère alcoolique qui conclut régulièrement ses beuveries en frappant son aîné pour finir par s'écrouler ivre morte dans son urine, ils vont résister, serrés l'un contre l'autre. Et comme peu de choses empêchent un enfant de grandir, ils vont finalement continuer à bousiller leurs ailes d'anges fracassés au cours d'une vie qui ne va jamais les épargner. A l'âge adulte, les deux frères vont se perdre de vue et sombrer chacun dans une addiction, l'alcool pour l'un, la drogue pour l'autre. Et pourtant, s'ils sont marginaux, ils n'en sont pas des épaves pour autant car il leur restera toujours, envers et contre tout, une chose insensée, inouïe qu'ils n'ont jamais perdue même au plus profond du calvaire qu'ils endurent, leur humanité ! Une espèce de chose lumineuse, incontrôlable qui les rend absolument magnifiques et admirables, une aptitude extraordinaire à la compassion, à prendre soin les uns des autres et surtout, surtout à tenter coûte que coûte de protéger l'enfance, tous les enfants ! Il faut dire que Nick et son frère sont hantés par le souvenir d'un événement qu'aucune mémoire ne doit être capable d'effacer, qui les a traumatisés à tout jamais et accablés de culpabilité. Le genre de choc qui cloue le spectateur au fauteuil comme le coup de poing de "Festen"...

Les deux frères se retrouveront finalement dans l'endroit le plus improbable qui soit, mais avant ces retrouvailles où l'on aimerait pouvoir traverser l'écran pour leur permettre et les aider à se jeter dans les bras l'un de l'autre, il faut assister à tous les mauvais choix dont certains conduiront à de véritables tragédies, les mauvaises décisions, les renoncements qu'ils vont faire, les doutes, les hésitations.

Implacable et radical "Submarino" choque et bouleverse. Il est sombre et dur, rarement lumineux mais oserai-je dire qu'une timide lueur d'espoir naît dans la rencontre avec un enfant triste à qui l'on dit "je t'expliquerai bientôt pourquoi tu t'appelles Martin" ? Les flash-backs, qu'on ne voit pas arriver sont d'une subtilité admirable et donnent à ce film une construction particulièrement réussie alors que tout laissait à penser au départ qu'il était réalisé de façon linéaire.

Quant à l'interprétation, elle est magistrale. Dominée en particulier par le jeune Sebastian Bull Sarning, absolument époustouflant dans le rôle de Nick enfant, par Jakob Cedergren, magnifique, véritable bloc massif de douleur parfois mutique, capable de se broyer une main lorsqu'il ne trouve pas ses mots mais aussi du plus caressant des regards sur celle qu'il a aimée, et Peter Plaugborg, le frère de Nick, sorte de mort-vivant, brisé par l'angoisse de mal s'occuper de son fils et qui porte sa détresse dans son regard. Un film pas facile donc, vous êtes prévenus. 

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