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LA PETITE VENISE de Andrea Segre ***

 La Petite Venise : photoLa Petite Venise : photoLa Petite Venise : photo

Shun Li a récemment immigré de Chine et travaille dans un atelier de couture à Rome. Ses employeurs lui ont payé le voyage et elle doit le rembourser. Elle doit également payer suffisamment pour faire venir son fils de 8 ans resté en Chine. Pour cela, elle est corvéable à merci, mais Shun Li ne se plaint jamais. Brusquement, son patron lui annonce qu'elle doit se rendre à Chioggia, ville côtière sur une île de la lagune vénitienne. Chioggia est aussi un port de pêche et Shun Li devient serveuse dans un bar où se retrouvent quotidiennement tous les hommes des environs, les pêcheurs, mais aussi les chômeurs et les retraités de l'île. Alors qu'elle maîtrise à peine l'italien, elle fait la connaissance de Bepi un vieux pêcheur poète qui lui aussi à émigré de Yougoslavie 30 ans avant elle. La complicité qui naît entre les deux va être la source de bien des bonheurs mais aussi de bien des tourments.
Car hélas, impossible d'en douter, la bêtise, le racisme, l'envie, la méchanceté sont universels, planétaires et sans aucun doute au-delà !  Bepi observe Shun Li se faire chambrer plus ou moins bêtement puis se charge de lui donner quelques ficelles concernant les étranges mélanges et cocktails italiens. Shun Li s'amuse et apprend vite. Le soir dans sa minuscule chambre partagée avec une compatriote affectueuse mais étrange et solitaire, elle écrit de jolies lettres à son fils et lui promet des retrouvailles prochaines.
Parfois, Bepi retrouve Shun Li après la fermeture et ils évoquent sans se plaindre leur déracinement. Il l'emmène en barque dans sa petite cabane sur la lagune et il n'en faut pas plus aux types, ses "copains" avec qui il partageait le Spritz, pour se moquer, bavasser comme des commères et en arriver à des supputations ahurissantes. Tout cela en présence de Shun Li qui poursuit son travail sans broncher. La jeune femme serait là pour se faire épouser du vieux et lui piquer tout son héritage. Malgré la judicieuse remarque d'un pêcheur qui aurait éventuellement un peu plus de cervelle que les autres : "mais Bepi ne possède rien !", les balourds ne lâchent pas.
L'amité de Bepi et Shun Li parvient aux oreilles des chinois qui eux aussi la voient d'un mauvais oeil et ils somment leur "esclave" de cesser cette relation, la menaçant d'avoir à recommencer le remboursement de sa "dette" depuis le début. Les deux communautés, repliées sur elles-mêmes font payer le poids de leur rejet réciproque sur ces deux déracinés inoffensifs...
C'est donc un conte cruel, révoltant mais émaillé d'instants de grâce pure que deux égarés s'offrent comme une embellie face à l'adversité.
Les deux acteurs, Zhao Tao et Rade Serbedzija (très beau, regard bleu et traits burinés) sont frémissants, résignés mais dignes. Et la lagune en hiver, nappée de brume épaisse est comme toujours sublime et comme chaque fois un personnage à elle seule ! 

Commentaires

  • T'as fini de tomber amoureuse tous les quatre matins toi ?!

  • Si seulement c'était tous les quatre, j'aurais un peu de répit !!!

  • je note !

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