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THE DEEP BLUE SEA

de Terence Davies ****

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Hester prépare son suicide. D'une voix vibrante jusqu'à la brisure elle lit la lettre désespérée qu'elle rédige à son amant, son amour, avant d'avaler des comprimés et d'ouvrir le gaz. Pendant qu'elle glisse doucement, calmement vers le sommeil, Hester se souvient des bons moments, des moments fous, de la rencontre avec Freddie... La jeune femme est mariée à Sir William Collyer, un avocat qui l'aime profondément mais qui pourrait être son père. Ils mènent une vie aisée et Hester s'ennuie et dépérit car sa nature romanesque et passionnée est totalement bridée par les convenances et une éducation rigide. Puis la bienveillante gardienne de l'immeuble intervient et Hester est sauvée. Lorsque Freddie découvre cette tentative de suicide il entre dans une soudaine et incompréhensible colère. Tandis que William l'époux, qui avait d'abord refusé le divorce et promis de rendre la vie d'Hester impossible, essaie de lui porter secours mais la jeune femme totalement dépendante de son amour pour Freddie, ancien pilote de la Royal Air Force est incapable d'accepter la moindre aide.     

Ce Deep blue sea est la quintessence du film d'amour romantique. Un film comme on n'en fait plus. Il donne ainsi l'impression de dater de l'époque où se situe l'action tant ce classicisme, ces sentiments exacerbés semblent venir d'un autre âge. En 1950 donc, quelques années après la fin de la guerre et l'on voit en arrière plan quelques décombres et vestiges d'une ville, Londres, en pleine reconstruction. La guerre a laissé beaucoup de plaies, de traces et de souvenirs indélébiles. Des blessures qui ne se referment pas et des traumatismes qui ne s'expriment pas. Hester n'oublie pas les bombardements où elle se réfugie avec son mari dans le métro. Freddie ne parvient pas à "faire son deuil" de ses années d'aviateur. C'est sans doute pourquoi il ne peut comprendre l'acte d'Hester de vouloir mettre fin à ses jours. Comment la vie peut-elle avoir si peu de valeur pour elle alors que lui a vu la mort de si près ? Comment peut-elle renoncer à vivre à cause de sa demande perpétuelle d'amour jamais assouvie alors que lui est déjà reconnaissant d'être encore en vie ? Même sa logeuse, totalement dévouée à son mari mourant, lui dira "aucun homme ne mérite qu'on meure pour lui". Mais Hester est sourde à tout argument raisonnable. Justement, plutôt mourir que d'être raisonnable. Freddie est TOUT pour elle. Elle n'en est pas heureuse, c'est juste une évidence. Mais le jeune homme ne partage pas cette passion destructrice. Il aime Hester, simplement peut-on dire. Il est triste de lui faire du mal "je ne suis pas sadique" lui dit-il, mais il est incapable de répondre à ces suppliques permanentes et ne veut en aucun cas porter la responsabilité de la mort d'Hester. C'est pourtant lui qui après une dispute lancera "tu m'aimes encore ?".

Plus que la passion, ce sont ses effets et conséquences sur l'équilibre d'une jeune femme qui sont décortiqués ici. Lorsqu'Hester rencontre Freddie elle ne le regarde pas, elle le dévore des yeux. Son regard fasciné, émerveillé semble vouloir pénétrer l'âme du garçon dont l'amour n'atteindra jamais l'ampleur qu'elle quémande.

La toute première étreinte, magnifique comme rarement au cinéma tant ce genre de scènes est le plus souvent au mieux inutile, au pire ridicule, est filmée comme un entrelacs de cuisses, de jambes, de bras. On ne distingue plus la peau de l'un ou de l'autre, ni où commence l'un et où finit l'autre. L'homme est le prolongement de la femme et réciproquement. Les corps s'emboîtent et s'enchevêtrent si bien qu'on ne peut douter : ces deux là sont faits l'un pour l'autre. Sauf que non. Les exigences, le sérieux, la culture de l'une se heurtent à la puérilité, la vulnérabilité, la simplicité de l'autre.

On n'est pas ému comme j'aurais aimé l'être (plus je pleure au cinéma, plus j'aime !!! c'est ainsi !), mais les sensations se situent ailleurs que dans l'observation et le délitement d'une passion cinématographique. La quête éperdue d'Hester, son hystérie parfois, les humiliations qu'elle s'inflige et dont elle a parfaitement conscience installent un climat de tension, de malaise et d'inquiétude qui frôle parfois l'angoisse. On se demande jusqu'où Hester s'abaissera pour tenter d'obtenir l'amour qu'elle réclame, jusque quand et de quelle façon Freddie le lui refusera !

On comprend que Vivien Leigh ait interprété ce rôle d'un romantisme délirant dans la version d'Anatole Litvak en 1955, mais Rachel Weisz est magnifique en héroïne tragique, parfois furieuse, parfois soumise et anéantie, consciente toujours de vivre la version la plus (auto)destructrive de l'amour. Tom je t'aime d'amour Hiddleston hérite du rôle peu aimable de celui chargé de dire non et de faire souffrir cette femme amoureuse. Il est beau, suffisamment ambigü pour qu'on ne sache s'il est conscient du mal qu'il fait, s'il aime ou pas, s'il va fuir ou céder...

même si sa prestation manque évidemment de "hé hé hé !!!". Et je vous dispense de vos réflexions sur mon coeur de midinette, merci !

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Commentaires

  • Tu pourrais creuser
    Je ne serai pas toujours là
    http://www.youtube.com/watch?v=2Hu15p3o1Yg

  • ô toi si je ne me retenais pas... je dirais des trucs tiens !
    Nan mais t'imagines Tom et Michael ensemble ?

  • Avant de lire la critique dans son intégralité j'ai lu cette phrase: Ce Deep blue sea est la quintessence du film d'amour romantique.

    L'amour aux temps du choléra se positionnait aussi dans cette catégorie mais dans un autre style.

    A vous lire on penserait à une adaptation d'un roman de Zweig mais il n'en est rien.

    En tout cas, c'est vendu. Ça tombe dans une bonne période en plus.

  • Je ne me souviens plus de l'amour au temps du choléra...
    J'espère en tout cas que vous aimerez, comme moi.

  • Un film avec un titre pareil et qui ne nous sert pas la vie des poissons, je tend à adhérer tout de suite aussi !

  • Il paraît que c'est tiré d'une expression : "Between the Devil and the Deep Blue Sea". Mais je ne sais ce que ça veut dire !

  • Entre la peste et le choléra !

  • M'a l'air bien tentant, celui-là!
    Il passe dans mon art et essai, faut que je le cale dans mon agenda surbooké!
    Pour l'anecdote, "between the devil and the deep blue sea", c'est une expression qui désigne un dilemne, un choix impossible entre deux options peu désirables. C'est en quelque sorte l'équvalent de notre expression "entre la peste et le choléra".
    (Qu'est-ce qu'on parle du choléra dans ce post, c'est fou!)

  • Je vois que le dada m'a devancé pour la traduction! ;)
    Son cerveau a la vitesse d'un cheval au galop!

  • Ed : merci.

    Mister Loup : merci aussi.
    Quelle épidémie !!!
    La peste c'est l'amour, le choléra c'est la passion ??? Ben.
    Ce film est triste et je suis incorrigiblement sentimentale. M'étonnerait qu'il plaise à tout le monde ! Tu me diras.
    Le cheval est devenu cheval de course vu qu'il est en vacances pour plusieurs mois !

  • Ouh la la, il faut que je voie ce film :)

  • Magnifique film.

  • J'ai absolument adorée la Bande son, mais je n'arrive pas à trouver les musiques du film !! Est-ce normal ??

  • De mémoire je dirais Rakhmaninov ou Chostakovitch...

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