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LES GARÇONS ET GUILLAUME À TABLE de Guillaume Gallienne ***(*)

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Synopsis : Le premier souvenir que j’ai de ma mère c’est quand j’avais quatre ou cinq ans. Elle nous appelle, mes deux frères et moi, pour le dîner en disant : "Les garçons et Guillaume, à table !"

et la dernière fois que je lui ai parlé au téléphone, elle raccroche en me disant : "Je t’embrasse ma chérie" ; eh bien disons qu’entre ces deux phrases, il y a quelques malentendus.

Ah les mères ! Quels boulets ! Tout est toujours de leur faute, elles sont responsables de tous les maux de la terre et sans doute grâce à elles la patientèle des psys ne faiblit pas. Et pour certains artistes leur mère devient carrément le fonds de commerce et c'est la plupart du temps hilarant. Impossible de ne pas trouver des points de comparaisons d'ailleurs entre la mère de Guillaume Gallienne et celle de Philippe Caubère qui fut l'objet elle aussi de spectacles et d'années de représentations. Peut-être Guillaume Gallienne a-t'il pu faire ainsi l'économie d'une psychanalyse ou peut-être son spectacle et ce film dont il est tiré en sont le complément. La "béquille" supplémentaire pour ne pas sombrer dans la déprime ou la folie. L'humour permet parfois d'échapper au pire. Ceux qui ont eu la chance de le voir en spectacle se régalent aussi avec ce film. Pour les autres, la découverte est de taille, car en effet, comme on dit aujourd'hui, la mère de Guillaume Gallienne "c'est du lourd !"

Alors que toutes les mères se réjouissent d'avoir des garçons et s'acharnent coûte que coûte à les rendre le plus masculin possible, celle de Guillaume lui a dès sa plus tendre enfance trouvé des allures, une voix, un comportement féminins. De là à être convaincue que Guillaume était une "fille manquée" comme il y a des "garçons manqués", il n'y avait qu'un pas qu'elle a franchi allègrement sans se préoccuper des dégâts collatéraux. Parvenant à en convaincre le principal intéressé et tout son entourage. Sauf qu'elle avait tout faux. Guillaume est un garçon qui aime les filles. Mais il a dû en vaincre des obstacles, en supporter des moqueries, en vivre des épreuves douloureuses (le pensionnat "pire qu'une prison turque" par exemple) pour devenir l'homme qu'il est ! Sans beaucoup de soutien pour affronter tout ça si ce n'est celui épisodique d'une tante à qui on avait promis l'enfer si elle faisait l'amour avant le mariage et qui s'est "tapée toutes les filles du pensionnat sans être homosexuelle pour autant". Totalement fasciné par cette mère qui soufflait dans la même minute le chaud et le froid, Guillaume faisait tout ce qui était en son pouvoir pour lui plaire et attirer son attention.

Guillaume Gallienne choisit de nous raconter ces années fondamentales de construction sur le mode burlesque et absurde quand d'autres auraient sans doute pris le parti d'en faire un drame. Et ici plus que jamais la citation d'Erasme prend tout son sens "On ne naît pas homme, on le devient". Même s'il est en effet difficile de croire que la vie du petit garçon et du jeune homme fut une succession d'épisodes comiques, la réussite de Guillaume derrière et deux fois devant la caméra tient au fait qu'il ne règle pas ses comptes avec cynisme mais déclare son amour à sa mère tout en coupant définitivement le très solide cordon ombilical.

Interpréter lui-même à la fois Guillaume de l'enfance à l'âge adulte (sans se grimer) mais aussi la mère à qui il ressemble tant est l'autre exploit de l'acteur réalisateur. Il parvient rapidement à nous faire oublier que c'est un homme qui interprète une femme, et c'est bien la mère elle-même que l'on "voit" dans le film. On ne peut que remercier Guillaume de nous faire rire aux éclats, vraiment, de tous ses problèmes existentiels, même s'il est évident que l'émotion n'est souvent pas bien loin du rire.

Une multitude de scènes sont des bijoux de comédie. Je ne citerai que celle qui ravira les Sissiphiles dont je suis où Guillaume déguisé à la fois en Impératrice d'Autriche face à sa belle-mère reprend à l'identique la scène tirée du film. Désopilant.


Guillaume Gallienne est ce genre de personnes, d'artistes craquant, attachant, irrésistible, aux talents XXL qui transforme tout ce qu'il touche en moments de bonheur. Et si vous ne le savez pas encore, sachez qu'il anime tous les samedis à partir de 18 h 10 une émission sur France Inter (LA radio) intitulée "ça ne peut pas faire de mal". Elle est à son image : différente, érudite et passionnante. Il lit des oeuvres littéraires à l'antenne. Que vous soyez lecteurs assidus ou occasionnels, c'est chaque fois époustouflant. Il est quand même le seul à réussir à lire du Proust en se marrant ! Rien que pour cet exploit, il faut l'écouter.

Commentaires

  • Vu sur scène avec quelques accessoires. Magique

  • ah la chance !!!

  • C'est dans les scènes où il joue la mère que je l'ai préféré. Je n'ai pas tant ri que ça, tellement il y a de tristesse dans tout ça au fond, en réalité il a dû en baver des ronds de chapeau. Et je l'écoute bien sûr sur France-Inter, c'est là que je le préfère.

  • Il est incroyable mais c'est sûr, il n'a pas du rigoler tous les jours ! jusqu'à ce qu'il rencontre cette fille qui a l'audace "d'être mignonne, jolie et belle..."

  • J'ai eu la chance de participer à une rencontre avec Guillaume Gallienne, et il nous expliquait qu'il a dû faire 4 ans de psychanalyse... Plus il nous parlait, plus il reprenait la gestuelle de sa mère dans le film et lui ressemblait, c'était troublant. Il ne peut pas se défaire de ce "personnage". J'ai beaucoup aimé le film aussi, surtout la scène de Sissi et celle chez les médecins militaires...

  • Je serais curieuse de connaître cette femme. Quel personnage !

  • Ca à l'air vraiment sympa.

  • Oui

  • j'ai adoré ! Un régal !

  • Oui...

    Magnifique le tournesol au chocolat :-)

  • Extra ! L'image préférée : la table de massage, vue de dessous !

  • Oui c'est drôle !

  • Désolé d'être rabat-joie dans ce concert de louanges des: critiques, particuliers et même amis. Désolé, car un peu marre d'être toujours à contre courant des emballements. Que se passe-t-il? On s'emballe pour "Police"? J'ai détesté; on s'emballe pour "La guerre est déclarée"? j'ai détesté. On s'emballe pour "Les garçons.....", j'ai détesté. Franchement pour ce dernier, ce n'est pas trop le fond (encore que) mais la forme; où est l'hilarité promise, où est le comique? rien, rien, rien. Ce film est RIEN. Et je le regrette d'autant plus que j'aime vraiment l'univers poétique, subtil, littéraire de Monsieur Gallienne. Mais là, de subtilité, point. Tout y est d'une lourdeur à faire passer Gérard Oury pour Jim Jarmusch.

  • Je n'avais pas été si emballée par La guerre est déclarée il me semble. Il m'arrive d'être à contre courant et c'est vrai que ça fait bizarre.
    Quant à Guillaume, je suis d'accord, il y avait quelques lourdeurs (la partie Diane Kruger entre autres, indigne de l'univers de Guillaume...) mais j'ai bien ri et ai été touchée.

  • Et bien moi, j'ai aimé. Pas du tout d'accord avec les critiques disant "drôlissime". C'est un film sensible, touchant, profond. Quelques moments drôles mais pas trop lourds ... non, un film "juste".

  • je suis partagée sur ce film, j'ai ri parfois, j'ai trouvé ça émouvant parfois, j'ai trouvé ça ennuyeux souvent, et l'impression d'assister à une séance de psychanalyse m'a grandement lassée. Mais quand même, un film un peu différent sur la difficulté de l'affirmation de soi, moins téléphoné que Walter Mitty...et au final, assez plaisant. Mais loin du grannnnd film qu'on m'avait annoncé.

  • je me le suis refait il y a quelques jours. J'y connais rien en cinoche mais pour le coup, ce film, pour moi, est un bijou. C'est vrai qu'on se marre, on se maaaaaaarre ... mais la tristesse n'est jamais très loin. Cet homme est un concentré de talent. Putain.

  • Il est parait le Guillaume.
    Tu l'écoutes parfois "lire" sur France Inter le samedi à 18 heures (je crois).
    Le bonheur !

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