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GABRIEL ET LA MONTAGNE

de Felippe Barbosa ****

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Avec Joao Pedro Zappa, Caroline Abras, Alex Alembe

Synopis : Avant d'intégrer une prestigieuse université américaine, Gabriel Buchmann décide de partir un an faire le tour du monde.

Après dix mois de voyage et d'immersion au cœur de nombreux pays, son idéalisme en bandoulière, il rejoint le Kenya, bien décidé à découvrir le continent africain. Jusqu'à gravir le Mont Mulanje au Malawi, sa dernière destination.

On le sait d'entrée de jeu, Gabriel, brésilien de Rio ne reviendra pas vivant de son tour du monde entrepris alors qu'il a la certitude d'entrer dans une grande université américaine. Il y a des films dont il est criminel de connaître ou de révéler la fin. Ici, ce n'est pas gênant, même en commençant par la mort de son ami, le réalisateur parvient à nous prendre par la main sans nous lâcher en un long flash-back qui relate les deux derniers mois en Afrique de ce voyage insensé. Dès la première scène passée c'est avec bonheur et anxiété que l'on suit Gabriel qui part à pied, en camion, en charrette, parfois en bus et traverse le Kenya, la Tanzanie et finalement le Malawi, finale et tragique destination où on le laisse étrangement apaisé. Le réalisateur s'offre cette issue dramatique mais rassurante.  On imagine pourtant que devant l'écran on pourra inverser le cours des choses tant la joie de vivre et l'insouciance de Gabriel m'ont paru communicatives.

Connaître la fin ne gêne pas mais quand même, on regarde le film avec infiniment de mélancolie. Comment ce garçon joyeux, humain, généreux a-t-il pu contre l'avis de tous se rendre seul au sommet de ce mont Mulanje réputé dangereux par les gens du coin, comme par les guides et les randonneurs ? Il faut dire que Gabriel n'est pas quelqu'un à qui l'on peut dicter sa conduite. Son obstination, sa recherche de l'absolu, de la simplicité et de la beauté forment son bagage, en plus de son carnet et de son appareil photos qui ne le quittent pas. Tel un Antoine de Maximy, il vit, mange et dort au gré des rencontres, s'invite chez l'habitant, noue instantanément des amitiés provisoires mais profondes, partage le lit de ses amis de quelques jours. Un guerrier massaï qui l'intronisera massaï à son tour, une famille kényane, un chauffeur routier qui gagne 40 dollars par mois (et n'a pas été payé depuis 5), un professeur et j'en oublie forcément, accompagnent son chemin pour un temps. Gabriel vit comme un africain, s'immerge dans leur mode de vie et reste pourtant étrangement et fondamentalement solitaire. C'est sans doute cet aspect de son tempérament qui le rend profondément agaçant aux yeux de nombreux spectateurs. Je lis partout que Gabriel  est à la fois attachant et exaspérant. J'avoue que je n'ai jamais ressenti la deuxième partie de cette affirmation. A aucun moment il ne m'a agacée. Au contraire, je l'ai admiré voire envié, incapable que je suis de pouvoir vivre une telle aventure. Je l'ai trouvé aussi particulièrement respectueux de toutes les personnes qu'il rencontre et au contraire de ce que je lis  je n'ai jamais ressenti l'arrogance du petit blanc convaincu de sa supériorité.

Au cœur du voyage son amie adorée le rejoint pour quelques jours. Même s'il est fou amoureux de Cristina qui le lui rend bien, jeune femme belle, intelligente et tout à fait capable de se plier au mode de vie spartiate de l'épopée, il leur faut admettre que cette visite est perturbante et malgré leur amour évident, ils passeront la majeure partie du temps à se disputer. Pour rendre la séparation prochaine plus facile ? Cristina suit sans rechigner le périple de son amoureux mais "visite" les Chutes Victoria et taperait presque du pied de ne pouvoir "faire de l'éléphant". La complexité de leur relation est touchante. Ils s'aiment mais voient bien le gouffre qui peut les séparer.

Ce que l'on découvre et ajoute à l'émotion de ce film singulier, est que le réalisateur a retrouvé les véritables protagonistes qui ont accompagné le voyage du vrai Gabriel. Il a donc demandé à ces personnes non professionnelles de "revivre" leur rencontre avec le faux Gabriel joué par un acteur. Et quel acteur ! Joao Pedro Zappa est éblouissant dans chaque scène. On entend également en voix off quelques commentaires de ces amis de passage qui n'ont pas oublié ce voyageur curieux, un peu étrange, chaleureux, bienveillant et attachant. Une fois encore la frontière entre documentaire et fiction est  mince, mais le film reste un grand film d'aventure à hauteur d'hommes, un road-movie à pied et en sandales massaï. Beau.

Commentaires

  • Je l'ai vu hier. J'ai adoré.
    Quel voyage ! Je n'ai pas trouvé comme toi que Gabriel était respectueux avec TOUTES les personnes qui croisaient sa route, mais je suis d'accord pour dire que le film en donne une image positive. La scène où il quitte sa copine m'a brisé le coeur !

    C'est bien simple: je ne vois pas un point faible à ce film.

  • J'ai dû cligner des yeux. Avec qui n'est-il pas respectueux ? Quand il envoie péter les vendeurs près du bus ?
    Oui cette séparation fait mal au bide.

  • ATTENTION SPOILERS POSSIBLES !!!

    Je pense plutôt à la fin du safari, où il fait ce qui ressemble à mes yeux à un caprice d'enfant gâté. Ou au moment du saut à l'élastique. Détails qui n'ont pas altéré l'attachement que j'ai ressenti pour ce personnage un peu contradictoire, mais foncièrement sympathique...

    Au fond, rien ne dit que je me serais mieux comporté à sa place.

  • Pour le saut je trouve qu'il se comporte comme on pourrait se comporter partout ailleurs et surtout en France devant une tête de con qui ne fait AUCUN effort (africain ou pas) parce que c'est l'heure de fermer.
    Et pour le guide de la fin, là encore ça ne m'a pas choquée. Il veut faire son ascension contre l'avis de tous ceux qui lui disent qu'il ne faut pas.
    De toute façon ce garçon est radical partout et en tout et il a prouvé son grand pouvoir d'empathie et de sympathie je trouve.
    Ça m'a agacée de lire souvent qu'il se comportait comme un petit blanc arrogant. J'ai envie de leur dire: prenez votre sac et partez à pied en Afrique.

  • ATTENTION SPOILERS !!!

    Pour le safari, je parlais d'une autre scène : celle où insiste pour voir la migration des gnous et en vient presque aux mains avec le guide.

  • Ah ok. Jai zappé totalement.
    De toute façon je suis Gabriel addict et s'il veut voir des gnous (qui paraît-il est l'animal le plus con de l'univers, comme son nom le laisse supposer) je l'emmène voir des gnous.

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