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AD ASTRA

de James Gray ****(*)

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Avec Brad Pitt, Brad Pitt et Brad Pitt

Synopsis : L’astronaute Roy McBride s’aventure jusqu’aux confins du système solaire à la recherche de son père disparu et pour résoudre un mystère qui menace la survie de notre planète.

James Gray a décidé de nous mettre KO à chaque film. C'est une excellente idée, la tiédeur me fatigue. Après un film d'aventures qui nous avait laissé en extase quasi mystique, il s'empare d'une autre aventure, une odyssée spatiale céleste et finalement nous raconte la même histoire. Celle d'un fils et de son père. Il ne s'enfonce pas cette fois dans la moiteur de la jungle amazonienne mais s'entoure d'étoiles et d'une star à l'apogée de sa gloire. Je reviendrai sur le cas Brad Pitt, passionnant puisqu'il aurait pu se contenter de jouer les beaux gosses toute sa vie (il le peut encore dans la splendeur de ses 55 ans et avec ce torse) mais préfère comme cette année, faire le grand écart entre un Tarantino qui lui laisse exprimer tout son talent comique et James Gray qui le plonge dans les affres et les doutes de l'introspection.

Le film nous fait tourner le regard vers les étoiles, les planètes lointaines en explorant ici la Terre, la Lune, Mars et Neptune et plonge dans les secrets intimes de Roy McBride tout étonné lui-même de son apparente froideur, de ce calme insensé malgré la dangerosité de ses missions. Régulièrement relié à un patch magique qui propose une psychanalyse express, l'astronaute constate la régularité de son pouls même dans les situations extrêmes, comme s'il était devenu ou avait toujours été absent à toute émotion. Lorsqu'il dit qu'aucun élément annexe et inutile n'entraveront ses missions, on voit sa femme au loin (pauvre Liv Tyler réduite à l'état d'ectoplasme), floue, qui le quitte.

La Terre est soumise à d'étranges surchauffes électriques (pour l'aspect technique et scientifique, je fais au mieux) qui provoquent des catastrophes lourdes en pertes humaines. Des messages que je qualifierai de l'au-delà laissent à supposer qu'un astronaute aurait survécu à une mission sur Neptune et serait responsable en partie des événements. Cet astronaute élevé sur Terre au rang de héros ne serait autre que le père de Roy... mort depuis 29 ans. La réalité est moins rose. On confie à Roy la mission d'entrer en contact avec ce père disparu depuis si longtemps. Pas la moindre émotion ne traduit en apparence le trouble que peut supposer une telle révélation. Et comme depuis le tout début du film, on suit le monologue intérieur que se livre Roy. La voix off, quasi omniprésente, nous ouvre sur le monde intérieur de cet homme complexe qui dès lors se trouve confronté à deux extrêmes, une rancœur profonde envers ce père disparu qui l'a abandonné et l'appréhension voire l'envie de le retrouver. J'hésite à évoquer Mallick à cause de cette litanie, cette introspection permanente qui conduit le héros à s'interroger sans dissimulation sur lui-même et à découvrir l'étendue de ses émotions.

Cette voix off lancinante donne au film une mélancolie enivrante que quelques morceaux de bravoure inattendus viennent rompre. La chute d'une antenne au tout début donne véritablement, physiquement le vertige, la rencontre avec des singes, la course poursuite vers la face cachée de la Lune, une danse macabre...

Pour accomplir sa mission, Roy se rend d'abord sur la Lune, incognito, dans une navette commerciale comme s'il s'agissait d'un petit voyage d'agrément ou de routine. Sur la Lune on découvre horrifié, que l'homme, ce génie, a reproduit tout ce qui rend la Terre (en partie) détestable... des galeries commerciales à n'en plus finir, illuminées de néons blafards où toutes les enseignes habituelles déversent leur lumière et leur musique insupportable. Et bien sûr, aux confins des mondes et des galaxies, l'homme encore, déclare la guerre à d'autres. Car il faut bien se rendre à l'évidence, nous sommes seuls dans l'Univers...

Et cette solitude dont Roy est l'incarnation vivante ici nous envahit à son tour. Rarement film m'aura donné autant cette sensation de vertige émotionnel, d'isolement. C'est troublant de se retrouver dans un vaisseau spatial en compagnie de Brad Roy accablé, désemparé, désorienté... mais seul, désespérément.

J'ai donc évoqué Brad Pitt au tout début de cette note qui ne sera pas à la hauteur de ce film sublime. Obligé de parcourir les profondeurs de l'univers pour enfin verser une larme et oser un sourire, Brad Pitt*, monolithique pourrait-on dire sans que ce soit en rien négatif, rongé par une douleur existentielle qui l'empêche d'aimer, son interprétation est sidéralement sidérante. D'une rare profondeur, inspiré, habité, son calme, sa douleur, sa quête nous hypnotisent.

Comme ce film obsédant aux images d'une beauté époustouflante.
Et James Gray, de plus en plus grand.

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*Je sens qu'"on" va me demander si l'on voit le torse de Brad. La réponse est OUI. J'ai eu chaud qu'il n'ôte jamais le scaphandre mais si... merci. Il doit se poser une sonde sans anesthésie et ça se fait torse nu. Merci encore.

Brad était à Venise, et moi aussi...

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Commentaires

  • Nous irons le voir -évidemment ! Pourtant, nous ne sommes pas spécialement fans de films Science Fiction. Mais les critiques sont tellement excellentes comme la vôtre... l’acteur et le metteur en scène... c’est obligé !
    Bon week-end

  • Inévitable :-)
    Bon week end.

  • Je ne suis que partiellement d'accord. Sur un plan formel, c'est un film assez emballant. J'ai aussi apprécié que le personnage principal (tout comme son père d'ailleurs, mais on voit très peu celui-ci) soit énigmatique... mais cette voix-off a fini par me taper sur les nerfs ! Franchement, il y a des scènes où j'ai été tenté de me boucher les oreilles pour juste profiter du spectacle.

  • Ah ! cette voix off fait pour moi partie du caractère planant et indispensable du film, même si je ne suis pas toujours fan du procédé.

  • Je m'octroie de petits plaisirs que seul un œil de lynx peut découvrir :-)
    J'imagine que tu vas chipoter grave, notamment pour la voix off. J'attends patiemment d'aller passer mes nerfs chez toi :-)))

  • Quel acteur ce Brad ! plus racé qu'un félin, plus malin qu'un babouin, même avec son air de chien battu, il en remontre à toute l'astronautique. C'est sûr, et Gray le sait évidemment, sa palette comporte bien plus de cinquante nuances. Ne manque que Charlie Hunnam soignant ses pecs sur la face cachée de la Lune pour lui tenir compagnie…
    Comme tu t'en doutes, j'ai chipoté. Mais pas tant que ça, et ça me fait bien plaisir de lire tes si belles phrases qui font honneur à la beauté élégiaque de ce voyage spatio-cérébral. Ad Astra à voir absolument avant d'aller ad patres !

  • C'est vrai que sous ses airs chafouins il a le visage un peu simiesque parfois ce cher Brad.
    Aaaah Charlie... Mais dans l'espace il n'y a de la place que pour un torse.
    Je respire un grand coup avant de lire tes chipotages.
    Et merci pour "les si jolies phrases". La douleur existentielle, ça me connaît :-)

  • Cette fois, l'antenne à réparer est plutôt grande. Ce qui ne m'a pas empêché d'apprécier cet anti-blockbuster poignant...

  • Oui c'est émouvant.
    Brad est abonné désormais aux problèmes d'antenne. Grosse antenne d'ailleurs cette fois.

  • Suis allée lire ta critique Pascale pour avoir ton avis sur ce film particulier, car j'ai du mal à me faire ma propre opinion. Tout est beau (ce voyage parmi les planètes du système solaire... wow !) sans parler de Brad Pitt, dont la vision de son torse dénudé dans "Once Upon a Time..." me poursuit encore, les décors, les lumières etc. Pourtant j'ai l'impression d'être passée à côté du film malgré la belle réflexion sur l'espèce humaine VS les autres espèces. Peut-être que cela manquait pour moi de réalisme ? L'effet voix off a certainement joué aussi.

  • Ah oui question réalisme c'est chaud cacao :-)
    Brad fait un carton plein en deux films. Exceptionnel même habillé.
    D'après ce que tu dis, je ne pense pas que tu sois passée à coté du film.

  • Brad Pitt, beau comme un héros grec en effet. Dans ce beau film, cette odyssée inversée, il joue d'ailleurs un Télémaque seul. Je l'ai trouvé excellent. Comme tu le dis, on ressent très bien le sentiment d'isolement du personnage. Tu as déjà lu mes quelques réserves qui n'ont pas entamé mon plaisir et mon émotion.

  • La solitude est accablante. J'étais à deux doigts de la crise d'angoisse.
    J'aime qu'on découvre la profondeur d'un acteur après plus de 30 ans de carrière.
    Oui j'ai lu ton magnifique texte.

  • "Je sens qu'"on" va me demander si l'on voit le torse de Brad. La réponse est OUI. J'ai eu chaud qu'il n'ôte jamais le scaphandre mais si... merci. Il doit se poser une sonde sans anesthésie et ça se fait torse nu. Merci encore."
    Ahahah tu m'as fait bien rire ^^
    Il ne prend pas une ride, nulle part.
    Par contre même si j'ai trouvé ce film sublime, je n'ai pas vraiment ressenti, j'ai admiré mais pas ressenti :(

  • Je trouve qu'il se ride bien au contraire et c'est très beau.
    Mais à certains endroits, il est inchangé :-)

    J'étais une guimauve émotionnelle...

  • J'ai également pensé à du Malick en regardant ce film bouleversant, qui bénéficie d'une narration assez simple, peu de personnages et pourtant il possède réellement un certain nombre de pistes de lectures. Et Brad Pitt est vraiment excellent !

  • On ne peut pas dire que j'ai accroché, mais j'ai aimé.
    Superbes images au bénéfice d'un film sensible et introspectif. À des années lumière des blockbusters.

    PS: j'ai tout de même préféré "The lost city of Z".

  • J'ai aussi préféré The lost city of Z je crois.
    Mais j'embarquerai bien à nouveau à bord de celui-ci.

  • Ben si tu préfères le plus navet que perle 'The Lost City of Z' à l'Ad Astra Pitt et pitt et colégram, je vais pas m'y risquer.
    J'étais pas très chaud, là suis définitivement gelé. ;-)

  • J'ai pas bien compris le "plus navet que perle"... mais c'est sûr, les films vaut mieux pas les voir ; c'est risqué. On sait jamais, tu pourrais en aimer un.

  • Un grand film sur la solitude d'un homme. Magnifique. Brad est tout seul, il tiens l'affiche, les autres ont aussi des noms, mais on ne les voit si peu. Un grand film sur Brad. Ou sur la solitude de Brad. Bref, j'ai adoré. Du grand Gray aussi, un réalisateur que j'aime beaucoup, dans tous les genres qu'il s'y risque...

  • Oui du Brad et du Gray qui nous envoient dans les étoiles, on en redemande.

  • ah ah je viens d'aterrir sur terre
    ben oui on est dans l'espace pdt tout le film
    je ne savais pas qu'on rentrait dans un vaisseau spatial comme dans un moulin :-)
    bref faire tous ces kilomètres pour au final ....
    Brad Topissime
    moi qui ai la larme facile, j'avoue que je n'ai pas versé ma larmichette
    Mais j'ai passé un excellent moment quand meme

  • Oui Brad et ce film nous font décoller.
    Pas vraiment de quoi verser sa larme je trouve même si Brad est émouvant comme il ne l'a jamais été.

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