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LES MISÉRABLES

de Ladj Ly ****

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Avec Damien Bonnard, Alexis Manenti, Djebril Didier Zonga

Stéphane, tout juste arrivé de Cherbourg, intègre la Brigade Anti-Criminalité de Montfermeil, dans le 93. Il va faire la rencontre de ses nouveaux coéquipiers, Chris et Gwada, deux « Bacqueux » d’expérience.

Il découvre rapidement les tensions entre les différents groupes du quartier. Alors qu’ils se trouvent débordés lors d’une interpellation, un drone filme leurs moindres faits et gestes…

Comme je l'avais prévu, j'ai revu ce film que j'avais vu en octobre au Festival Effervescence de Mâcon. Et vous l'avez sans doute entendu, si vous ne vous êtes pas bouché les oreilles, ce film est l'évènement de cette fin d'année. A juste titre.

Et pourtant j'hésitais : encore un film de banlieue ! Sauf que celui-ci est un véritable uppercut qui maintient en haleine d'un bout à l'autre. Une immersion totale du côté des flics  et par le regard d'un petit nouveau fraîchement débarqué de sa province (Damien Bonnard, parfait) qui se confondent avec les (petits) truands qu'ils traquent et dont ils se servent aussi. Une journée en banlieue est décrite comme une succession d'affrontements verbaux et physiques où les policiers, pas forcément reluisants, tentent d'apaiser les tensions entre les différents groupes, les religieux, les dealers, les  "gitans" et celui qui se fait appeler "le Maire" et règne sur ce quartier laissé à l'abandon.

Si je peux tenter une comparaison je parlerais de La Haine de Kassovitz qui avait été un phénomène à son époque jusqu'à devenir culte. Ces Misérables démarrent avec l'harmonie nationale, éphémère et artificielle, qui naît d'une victoire à la coupe du Monde de Football... Mais la "bavure" n'est jamais loin. D'un contrôle arbitraire, injustifié à une course poursuite qui finit mal, les flics sont à la fois des cow-boys souvent dépassés par la violence qui les entoure et aux premières loges pour risquer leur vie. Constamment pris à partie, ils réagissent en hurlant et en imposant tant bien que mal leur pouvoir pour rétablir le calme.

Le soir, on les suit chez eux, de retour dans leur vie ordinaire, banale et pas plus folichonne que celle des habitants de la Cité. Finalement les misérables se trouvent des deux côtés du flash-ball.

Et Gavroche s'invite dans la partie car ce quartier Victor Hugo se trouve à Montfermeil, ville du 9-3 rendue célèbre par le roman fleuve Les Misérables. Gavroche c'est Issa, un môme qui s'ennuie en cet été caniculaire et ne fait que des bêtises qui finiront par aller très loin, trop loin. Voler des poules puis le lionceau d'un cirque, c'est presque drôle. Le film d'ailleurs fait parfois sourire avec quelques répliques qui moi, me mettent en joie, telle que : "Je suis comme Miss France, je veux la paix dans le monde" proférée par le plus hargneux et nerveux du trio de flic (Alexis Manenti, formidable). Mais on sent la tension monter, après le bizutage de Stéphane, la confrontation avec les caïds du quartier, le suspense va crescendo. Et cette banlieue est parfois filmée comme le bled. Le drone que possède Buzz, le petit binoclard solitaire est le personnage supplémentaire du film et offre des plans vertigineux. En filmant tout et n'importe quoi, en s'invitant dans la chambre des filles à leur insu, Buzz finit par filmer ce qu'il n'aurait pas dû.

Mais que vont devenir ces enfants, tous ou presque graines de délinquants qui poussent comme ils peuvent, dans la violence et sans repères, autres que ceux des barbus qui les appellent "petits frères" tandis que les autres les nomment "microbes" ? Le film offre une réponse terrifiante lors du dernier quart d'heure où ce qui se passe dans les cages d'escaliers et évoque les émeutes de 2005 laisse la salle et les spectateurs sans voix, incapables de bouger pendant quelques instants.

Après ce qu'on vient de voir, sauvage, violent, injuste, incompréhensible on est cloué au fauteuil.

A noter que les acteurs sont TOUS absolument formidables, y compris les enfants qui, bien qu'ils n'aient pas été particulièrement brillants lors de la promo du film, sont stupéfiants devant la caméra de Ladj Ly.

Commentaires

  • Bonjour Pascale, je vais y aller ce week-end. J'espère que cela me plaira autant qu'à toi. Bonne après-midi.

  • Bonjour Dasola. J'attends ton avis. Aimé ou pas tu seras secouée.

  • Bonjour,
    J'ai aussi beaucoup aimé ce film et je trouve votre article très juste. Rien que sa réalisation vaut le déplacement, je l'ai trouvé construit comme une film de suspense et d'action, allant vers un paroxysme. Il m' a aussi laissée sans voix me questionne encore.

  • Bonjour, Cette scène finale est un moment de cinéma et un choc de voir ce qui se passe sous nos yeux.

  • Dommage pour toi. Ce film vaut plus que son seul aspect social.

  • C est vrai que suivant le lieu où on reside, les réalités du quotidien peuvent être extrêmement différentes. Les acteurs sont vraiment justes surtout les jeunes mais si c'est vrai que pendant les promos tv s etait un peu laborieux.....

  • Laborieux... est le moins que l'on puisse dire. Seul le fils du réalisateur semblait un peu plus éveillé. Le jeune Issa a déjà un melon considérable.
    Mais ils ont été admirablement dirigés et ils donnent sa puissance au film.

  • Je voulais le voir hier mais les horaires ne collaient pas. Ce sera pour le week-end. Je me suis retrouvée à regarder "les enfants d'Isadora". J'ai aimé, mais c'est particulier .. il faut aimer le travail de la danse et ne pas avoir peur de la lenteur.

  • J'attends ton avis.
    Les enfants d'Isadora n'est pas sorti ici.
    La lenteur parfois nuit au film, d'autres fois pas.

  • Pour info, aspect social ou pas Auteuil, Neuilly, Passy c'est pas non plus du gâteau ....

  • Je ne suis peut-être pas sorti aussi enthousiaste que toi, mais j'ai été surpris et épaté par la mise en scène qui n'a rien à voir avec ce que Ronnie appelle le "cinéma social". Et la fin est effectivement impressionnante.

  • Il sort du lot en effet.
    Quand le cinéma surprend à ce point j'applaudis des 4 mains.
    Et cette scène d'escalier...

  • Je vais allé le voir mardi et j'ai tellement hâte !
    J'espère l'aimer autant que toi.
    Merci pour cette jolie analyse en tout cas.
    Bon weekend

  • Encore un qui défile sans moi. Je suis le Misérable dans cette histoire.
    Damien Bonnard, de flic fouinard pour le compte de Picquart en bacqueux des tiécarts, décidément l'acteur du moment !

  • Je ne comprends pas ton histoire de défilé.
    Damien est bonnard partout.

  • Bonjour Anne, j'ai vu ce film hier soir dont je reconnais les qualités pour la distribution, la réalisation mais j'ai saturé à la fin pour les séquences finales, trop, c'est trop. Et je me dis toujours, que font les parents? Les gamins livrés à eux-mêmes, c'est terrible. Aucune solution en vue. Bon dimanche.

  • Bonjour Dasola.
    Je suis d'accord que la dernière scène est insupportable mais réaliste je trouve.
    Je suis convaincue que la banlieue, et pas seulement, est sous tension.
    Les parents ont baissé les bras. A part hurler... pas grand chose.

    P.S. je ne veux pas changer de prénom, j'aime bien le mien :-)

  • Ce weekend j'ai dis que je ne voulais pas le voir, comme toi "encore un film sur les banlieues". J'avais pas envie, j'avais envie d'aller plus loin, ailleurs, voir un truc pas ancré dans le réel. Puis j'ai vu les notes, et je me suis dit que ça serait dommage de manquer ce film. J'y vais ce soir, et ton avis m'y encourage :)

  • Je pense que tu fais bien.

  • Nous hésitons, vraiment ! Un film sur les drames de la banlieue - à part le constat, que pouvons-nous faire ? Tous les jours, nous lisons les faits divers des quartiers Nord de Marseille, c'est terrible !
    Espérons que les acteurs pourront profiter pour donner un bon départ à leur vie

  • Effectivement ce film n'offre pas de solutions, c'est juste un constat.
    Comme je ne regarde jamais les infos, je ne suis pas saturée d'images.

  • Bien aimé ce film qui m'a semblé honnête sur de nombreux points (autant sur l'histoire que la démarche du film). Beaucoup ont évoqué le très bon travail de mise en scène (à juste titre), pour ma part, ce qui m'a le plus frappée, c'est l'écriture des personnages. Chaque personnage est intéressant, on nous dit tout sur eux sans trop insister non plus, c'est plus subtil qu'il en a l'air de ce côté-là. Et la fin, ohlololo.

  • la fin, ohlololo... je ne pourrais mieux dire. Difficile d'exprimer cette fin en mots.
    Pour le reste je suis entièrement d'accord avec toi.

  • Si tu as tjours tes codes Netflix, c'est le moment de les activer, 'The Irishman' c'est today ;-)

  • Hélas... trente six millions de fois hélas, ça ne fonctionne pas... Pas assez de débit. Une connexion POURRIE. Je vais essayer de me faire inviter. Mais 3h30 devant le poste !!! A mort Netflix !

  • Un bide pour ma part ....
    Stars80 en pire, rien à sauver là dedans, même la B.O est naze. :(

  • Tu parles de Irishman ?
    Je ne m'en tiendrai pas a ton avis :-)

  • The Irishman oui .... Rien ne fonctionne là dedans et les principaux acteurs sont à ch... De Niro et ses yeux bleus et sa face de cire c'est juste triste, le seul Pesci tire à peine son épingle du jeu, pour le reste on comprend pas grand chose à l'histoire tellement ça cause, entre dialogues, annotations et narration on est vite saoulé.
    Bref, grosse déception pour ma part.

  • PS / Le rajeunissement numérique des De Niro, Pacino and co est à ch... lui aussi.

  • Aïe. C'est un peu plus argumenté. J'ai entendu Martin sur France Inter hier, ça donnait trop envie. Effectivement il parlait du rajeunissement de De Niro... Bof. Et 3 h 30 pour l'histoire de Jimmy Hoffa, ça me paraît un peu too much. Je verrai mais ce n'est pas d'actualité car je suis hors connexion :-('

  • hello Pascale
    tes 4 étoiles m'ont influencé à aller le voir et je suis souvent d'accord avec ton ressenti
    Mais là ! je n'ai pas aimé ce film Je suis ressortie flipée Même aux toilettes du cinoche j'avais les j'tons
    bref à la fin c'est qui qui gagne Les flics ou les gamins ?
    je déconseillerai d'aller le voir
    trop de noirceur trop de violence quelle solution ? il n'y a pas une lueur d'espoir
    c'est trop réducteur pour moi
    j'espère qu'il y a une issue à cette fracture sociale

  • Je comprends ton "malaise" en sortant. Il faut du temps pour se remettre d'un tel film, d'un tel constat car hélas je crois que ces gamins sont perdus et que la banlieue continuera d'être laissée à l'abandon et pointée du doigt. C'est révoltant et effrayant.
    Je trouve la fin plutôt subtile alors qu'en général je préfère que le réalisateur choisisse sa façon de finir. C'est peut-être un tout petit espoir que Gavroche ne jette pas ce qu'il a dans la main...

  • Rohlololo, comme tu en causes bien ! "les misérables se trouvent des deux côtés du flash-ball", tu dis tout en une phrase, Javert et Gavroche scellés par un même destin. Par contre, dans ton passage en revue, tu as oublié quelqu'un, et ça me fait bien de la peine : IL EST OU MON JOHNNY ?!

    ps : pas rassurant le Ronnie pour l'Irish. mais comme toi, je ne désarme pas.

  • Merci, parfois ya des fulgurances :-)

    Je te dirais bien ou il est ton Johnny mais c'est pas poli.

    Disons que Ronnie et le cinéma c'est toute une histoire :-) puisquil dit qu'il n'est pas perdu grâce à des films comme Le Mans 66 qui est quand même (pas mal mais) beaucoup de vroum vroum et deux stars qui cabotinent à 250 à l'heure...
    T'façon j'ai plus Netflix et à mort Netflix.

  • C'était Johnny ou les vroum vroum. J'ai choisi d'aller manger mes morts.
    Je ne renonce pas aux bolides pour autant.

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