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CONTES DU HASARD ET AUTRES FANTAISIES

de Ryusuke Hamaguchi ***(*)

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Avec Kotone Furukawa, Ayumu Nakajima, Hyunri

Les trois histoires du film sont les premières d'une série de sept. Le titre évoque immédiatement Rohmer (un réalisateur qui m'échappe totalement) mais, est-ce le dépaysement ou pour d'autres raisons, ce cinéma là me plaît infiniment.

Après le déroutant et fascinant Drive my car (Prix du Scénario, Prix du jury Œcuménique à Cannes 2021, Oscar du meilleur film en langue étrangère) qui évoquait entre longs silences et dialogues le pouvoir consolatoire de la parole, le réalisateur s'intéresse cette fois à la trajectoire de femmes confrontées à des situations inédites. Il est ici question de coïncidence et d'imagination (le titre original du film) et le film est à nouveau multiprimé (Grand Prix du jury (Ours d'Argent) au Festival de Berlin 2021, Montgolfière d’Or et Prix du Public au Festival des 3 Continents 2021). C'est dire s'il faudra désormais compter avec ce réalisateur qui nous éblouit avec son cinéma ensorcelant.

Au coeur de ces trois contes : la parole abondante, cruelle, limpide, enchanteresse ou maléfique. Le réalisateur met dans la bouche de ses personnages des dialogues brillants.

Le premier segment s'intitule Magie et après une séance photos en extérieur il place deux amies à l'arrière d'un taxi. En plan fixe sur les deux actrices, on découvre Tokyo par le pare-brise arrière. Lors de leur très longue conversation l'une raconte à l'autre sa rencontre avec un homme avec qui elle a parlé pendant plus de dix heures. Elle considère cet échange franc, sincère et profond comme l'expérience la plus sexuelle qu'elle ait vécue. L'histoire prend un tour inattendu lorsque l'autre amie découvre que l'homme dont il est question est son ex (même s'il m'a paru surprenant que l'amie ne connaisse pas l'ex de son amie...). Sa réaction déroutante décortique la façon dont on peut réagir à l'évocation d'une histoire d'amour pas complètement réglée.

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Le deuxième a pour titre : La porte ouverte. Une femme mariée a une relation avec un jeune homme. Elle refuse obstinément de se faire embrasser. Ce petit détail a une grande importance pour la fin de ce segment totalement surprenant. Le jeune homme lui rappelle l'humiliation qu'il a connue à cause d'un prof de fac. La femme va essayer de le venger en tentant de séduire le prof. Ce dernier refuse de fermer la porte de son bureau pour que tout ce qui s'y passe soit visible et audible du couloir où les étudiants défilent. La lecture d'un passage osé tiré du livre que le prof a écrit va donner lieu à la scène érotique la plus pudique de l'histoire du cinéma. Comment assis dans un bureau deux personnages peuvent faire allusion et révéler leur désir sans jamais l'exprimer. L'épilogue de ce sketche est délicieusement cruel.

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Le troisième épisode s'intitule Encore une fois. C'est le plus beau, le plus tendre, le plus fort, le plus émouvant, le plus subtil. Mon préféré. Deux femmes d'une quarantaine d'années se croisent sur un escalator. L'une monte, l'autre descend. Elles finissent par se rejoindre et la première est convaincue de reconnaître la seconde. Elles étaient au lycée ensemble. Leur longue conversation autour d'un thé révèle peu à peu que la réalité n'est peut-être pas si évidente. Leur décision de faire coïncider hasard, coïncidence, souvenirs et imagination m'a profondément émue car les actrices sont magnifiques et bouleversantes.

On a envie que les deux femmes ne se lâchent plus.

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Commentaires

  • Il serait temps que je m'intéresse de près à ce réalisateur primé à Cannes. Pourquoi pas en passant par ce film. Effectivement, ces contes sentent le Rohmer à plein nez.

  • Oui ça sniffe le Éric mais ça m'a touchée. C'est plus naturel, plus réaliste, moins bourgeois.
    Mais... tu n'as pas vu Drive my car ? Qu'est-ce que c'est que cette histoire ?

  • Exactement comme toi, le dernier m'a énormément émue. J'ai bien aimé les deux autres, mais c'est le dernier conte que j'ai trouvé le plus puissant. Exactement le même ressenti que toi. Une belle surprise pour moi qui avait trouvé drive my car trop long ! Je pensais ne pas aimer les films à "sketchs" mais en fait, je me rends compte que j'adore ça quand c'est bien fait comme le merveilleux "le diable n'existe pas".

  • Voilà, quand c'est maîtrisé, le film à sketches est formidable.
    Le dernier segment reste bien en tête. Les deux autres sont très bons mais le dernier est MERVEILLEUX.

  • Pas un film, mais trois courts métrages réunis sous un titre. Le soucis de ce genre de construction ciné est que c'est forcément bancal du point de vue qualitatif. Intéressant mais c'est dommage qu'il n'y ait pas un lien tangible entre les segments. Partie 1 trop bavard trop puéril sur l'enjeu, Partie 2 envoûtant mais trop peu vraisemblable, Partie 3 amusante et touchante

  • Partie 3 amusante ? J'ai été assez bouleversée par cette rencontre qui va sans doute bouleverser la vie de ces 2 femmes.

  • Non, je n'ai pas été frustré par la fin de son dernier film, "Le mal n'existe pas"... :-) Et du coup, pour la peine, je découvre ces trois contes du hasard et autres fantaisies.

    Et que dire, si ce n'est que j'ai adoré (peut-être même plus que "drive my car")...
    Mon préféré, le conte N°2, la porte ouverte, d'une puissance incroyablement érotique.
    Mais le conte N°3, encore une fois, a ce délice de m'arracher un sourire devant cette situation incongrue.
    Un très beau film, avec 3 histoires, trois contes sur lesquels le hasard se joue de nous...

  • Absolument, il ne nous frustre pas du tout avec cette fin... que je ne parviens à nommer. Je n'irai pas jusqu'à dire innommable car cela peut avoir un double sens.
    Et moi donc c'est le troisième qui m'a renversée. Elles se tiennent la main...

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