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katie coseni

  • FOXFIRE, CONFESSIONS D'UN GANG DE FILLES de Laurent Cantet ****

    Foxfire, confessions d'un gang de filles : affiche

    Au milieu des années 50 dans une banlieue morose des Etats-Unis, il ne faisait déjà pas bon être une fille à l'école comme ailleurs. Legs, adolescente orpheline de mère et dont le père alcoolo dragueur l'a confiée à sa grand-mère s'échappe et rejoint sa meilleure amie Maggie, plus sage mais prête à la suivre au bout du monde. Il faut dire qu'elle a un tempérament de feu cette Legs et elle va réussir à convaincre toutes les filles victimes d'humiliations sexistes de la rejoindre dans sa lutte contre le monde macho, sexiste et misogyne qui les entoure. Et on applaudit bien fort ces agitatrices insoumises, véritables rebelles feministes qui hélas vont frôler régulièrement les limites de la délinquance et finir par prendre une décision fatale...

    Une véritable bande va se créer autour de la très charismatique et révoltée Legs, presque malgré elles. Elles vont inscrire dans leur chair la marque de leur appartenance à leur communauté nouvelle. Une espèce de feu follet tatoué sur l'épaule en signe d'allégeance lors d'une cérémonie à la fois naïve et solennelle. Leurs premières actions, bien que spectaculaires auront plus l'allure de blagues potaches qu'elles signeront chaque fois de leur marque le "foxfire". Mais toutes auront comme objectif de rendre aux hommes et aux garçons les outrages plus ou moins graves qu'ils leur font quotidiennement subir au nom d'une prétendue supériorité. Un acte plus imprudent que les autres va conduire Legs en maison de correction. Un cauchemar. Ses amies seront là à sa sortie des mois plus tard. Elles n'ont qu'une quinzaine d'années et vont réussir à vivre toutes ensemble dans une grande maison  selon leur idéal de justice et de liberté. Entre filles. Elles devront rapidement faire face à une réalité bien prosaïque : pour survivre comme pour vivre, il faut de l'argent. Comment s'en procurer ? Là où il se trouve décident-elles : dans la poche des hommes...

    On savait depuis Entre les murs à quel point Laurent Cantet savait comme personne filmer la jeunesse. Ici, son propos est beaucoup plus romanesque puisque d'ailleurs tiré d'un romain de Joyce Carol Oates. Mais en collant aux basques de ces filles épatantes, il séduit et émeut bien davantage. La progression dramatique ne faiblit pas, on tremble pour elles, et on sent rapidement que ces rebelles avec causes vont laisser dans leur lutte quelques plumes et perdre bien des illusions. On en est tout désolés pour elles même si l'on sait que les rêves de jeunesse ne durent pas éternellement ni ne se concrétisent forcément. Mais en outre l'espèce masculine dépeinte ici fait horreur et en prend un sale coup dans les lattes.

    Le casting non professionnel dont s'est entouré le réalisateur fait absolument merveille. Toutes ces filles sont incroyables, compétentes, complémentaires et forment un groupe parfaitement cohérent ! Mais on est obligé de constater que l'extravagante, impétueuse et insoumise Legs interprétée par Raven Adamson domine largement par son tempérament et sa forte présence alors qu'elle est si menue. Sa transformation physique après son séjour en maison de correction, elle abandonne sa longue chevelure contre une coupe garçonne, la rend encore plus irrésistible et inoubliable. Tant de force, d'autorité, de détermination et d'énergie sous cette apparence si fragile est vraiment étonnant. Pourvu que les réalisateurs se l'arrachent désormais !