UN FILS
de Mehdi M. Barsaoui ***
Avec Sami Bouajila, Najla Ben Abdallah, Youssef Khemiri
Farès et Meriem forment avec Aziz, leur fils de 9 ans, une famille tunisienne moderne issue d’un milieu privilégié. Lors d’une virée dans le sud de la Tunisie, leur voiture est prise pour cible par un groupe terroriste et le jeune garçon est grièvement blessé.
Même si on s'y attend, le coup de feu qui atteint l'enfant fait décoller le spectateur de son siège. Ce bang soudain est la manifestation sonore que la vie peut basculer d'une seconde à l'autre. On chante, on est heureux, une voiture vous double et brusquement, plus jamais rien ne sera comme avant.
Dès qu'Aziz est pris en charge à l'hôpital, on quittera peu cet endroit où les parents effondrés et couverts du sang de leur fils attendent les compte-rendus des médecins qui s'occupent de l'enfant. Si l'état d'Aziz se stabilise, il est très préoccupant. Pour le sauver, on a dû lui ôter 80 % du foie et une greffe est indispensable. Aziz arrive en 19ème position sur la liste d'attente, le don d'organe n'étant pas entré dans les moeurs tunisiennes pour des raisons religieuses...
Un malheur arrivant parfois accompagné de son lot d'embarras supplémentaires (dont je ne vous dirai rien), Farès et Meriem vont devoir également affronter sans délai d'autres problèmes personnels, intimes.
En plus du désarroi du couple, des parents, tout ce dont un père est capable pour sauver la vie de son enfant, le réalisateur aborde une réalité actuelle directement liée au terrorisme dont là encore je ne vous dirai pas un mot, aussi désolante et lamentable que l'holodomor dont je vous parlais hier. Les mots manquent d'ailleurs pour qualifier cette abomination.
Je ne peux donc, au risque de spoiler honteusement, pas dire grand chose de ce premier film admirablement maîtrisé. Mais c'est dans un climat de chaos et d'incertitude d'un pays post révolution arabe que le réalisateur place son intrigue, son histoire d'amour bousculée par des faits, des révélations qui vont placer les personnages face à des choix, des décisions.
Si l'on quitte peu l'hôpital où se joue un suspense insoutenable puisqu'un enfant est entre la vie et la mort, le réalisateur nous permet de respirer un peu avec les quelques minutes du début où la joie de vivre, la gaité semblent ne jamais devoir prendre fin et plus tard lors d'un plan fixe très large, très beau sur un coucher de soleil au cours duquel un petit garçon rejoint un homme...
Najla Ben Abdallah dans le rôle de la mère est admirable et magnifique mais sur le visage de Sami Bouajila passe toutes les émotions humaines. La puissance d'interprétation de cet acteur tellement humble, sobre et sensible passe de la joie sublimée par son sourire rayonnant, puis par la douleur, la colère, la rage, l'humiliation, le découragement, la douceur, l'espoir parfois retrouvés et le pardon.