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LA LOI DE TÉHÉRAN

de Saeed Roustayi ****(*)

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Avec Payman Maadi, Navid Mohammadzadeh, Houman Kiai

Samad, flic à la brigade des stupéfiants de Téhéran est sur la piste d'un chef de file de la drogue, Nasser Khakzad. Sa traque quasi obsessionnelle nous embarque dans une poursuite folle, nerveuse, implacable et nous plonge dans l'univers interlope des trafiquants et des consommateurs.

Le titre original de ce film choc est 6 millions et demi. C'est le nombre de personnes devenues accros au crack. Un véritable fléau en Iran. Le crack (je me suis renseignée) est de la cocaïne sous forme de cristaux que l'on peut fumer. Consommée de cette façon, la drogue atteint très rapidement le cerveau, ce qui provoque une euphorie plus grande que lorsque cette drogue est aspirée par le nez. Pas étonnant qu'avec cet effet rapide mais non durable, les consommateurs rapidement surendettés se retrouvent dans un état de pauvreté irrémédiable.

Lors d'une scène hallucinante, les flics débarquent dans un bidon ville où toute la misère du monde s'entasse dans des cylindres en béton destinés à la construction.

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Drogués hagards, mourants, parfois des familles entières se serrent les uns contre les autres sans presque plus de réactions. La police les embarque ne laissant derrière eux que vide, poussière et crasse. Avant cette scène, on a déjà couru à perdre haleine après un jeune type qui s'échappe. Il se débarrasse de son sac de drogue, le flic le récupère mais ne parvient pas à rattraper le fuyard. Et pour cause... Ce geste aura de lourdes conséquences. Ce que le fugitif devient est sidérant et la salle (moi compris) a poussé un "oh" de stupeur. On en est qu'aux toutes premières minutes du film.

Lancé à vive allure dès le prologue, le rythme ne faiblit jamais. Pourtant le truand ne joue pas longtemps les arlésiennes. Il est rapidement capturé et l'action bifurque alors avec la même vivacité vers la prison surpeuplée et jusqu'au procès pour finir par se concentrer sur l'étude de deux caractères, deux personnalités fortes et charismatiques, le flic et le truand. Il me manque des qualificatifs pour louer la prestation et la beauté des deux acteurs Payman Maadi et Navid Mohammadzadeh, acteurs iraniens stars dans leur pays (mais que l'on connaît aussi chez nous). Les mots séduction, autorité et charisme ont dû être inventés pour eux.

Les méthodes du flic ne sont pas toujours reluisantes mais il utilise davantage la violence verbale, la manipulation psychologique que la violence physique. Le débit de Payman Maadi est impressionnant. Il laisse la violence à d'autres. Les relations entres "collègues" sont également pleines d'ambiguïté. Les coups bas pleuvent et les flics peuvent se retrouver en garde à vue aussi facilement que le dernier des malfrats. Quant au parrain de la drogue, il est aussi fascinant et roublard que le flic et c'est un régal de voir sa superbe flancher peu à peu.

On a du mal à croire que ce film haletant, puissant et virtuose soit le premier d'un jeune réalisateur de 31 ans. J'ai eu l'impression que sans jamais lâcher son sujet, on assistait à une succession de scènes de bravoure et aussi à un état des lieux de l'Iran. L'arrivée des drogués (la peine de mort est la sanction pour tous les détenteurs quelle que soit la quantité) dans les cellules, de véritables cages sans fenêtre est une scène forte, filmée en hauteur à l'aide d'un drone (sans doute), l'un des moments exceptionnels qui en comportent un grand nombre.

Je suis confuse mais ce film ne l'est jamais. Il est vif, bavard, brutal, un choc je vous dis. Le réalisateur, super directeur d'acteurs en plus du reste nous émeut également avec l'histoire d'un petit garçon utilisé par son père drogué et handicapé. La scène où le gamin est face au juge est bouleversante.

La loi de Téhéran est aujourd'hui le film le plus rentable du cinéma iranien dans son pays.

Si vous ne voyez qu'un film cet été, j'ai très envie de vous dire de choisir celui-ci !

Allez, je vous le dis.

Commentaires

  • C'est un film à voir absolument pour le sujet qu'il traite, la performance des acteurs et le brio d'un cinéaste.

  • Voilà c'est ça, quel film !

  • Bonsoir Pascale,
    ++++++ pour tout ce que tu as écrit sur ce fim haletant et passionnant de bout en bout. Du grand cinéma. Bonne soirée.

  • Bonsoir dasola.
    Oh oui ! Passionnant et on est à bout de souffle à la fin.

  • Le contexte est dur mais c'est tellement un grand film. Ça vaut le coup de tenter.

  • Celui-ci devrait être une priorité. Mais caisse tu fiches ?

  • Merci pour cette belle chronique Pascale sur ce superbe film. Ai eu l'impression parfois de regarder un documentaire tant toutes les scènes paraissent réalistes. 2h15 sans aucun temps mort. Toutes les scènes ont une utilité. Oui superbe film avec de superbes acteurs. Espérons que nous serons nombreux à le voir ( une quinzaine de spectateur un samedi à 13h15... Pas si mal !)

  • J'y suis même retournée hier... à 13 h 15, mais je n'ai pas compté :-)
    Rien à jeter dans ce film.

  • Ou rien à jeter et même pas un 1/4 d'heure en trop comme souvent le cas. Si tu étais au cameo hier à 13h15... Nous étions à la même séance chère Pascale !

  • Même pas le maudit quart d'heure infernal qui sert à rien.

    En effet, j'y étais :-) Un jour on va se voir en vrai.

  • Pas son premier long, il en a sorti un autre avant mais je ne sais pas s'il est arrivé jusqu'ici. En tout cas, ce Roustaee a un certain cran pour tourner un tel film au pays des Mollahs. Le titre original c'est "just 6,5", mais tu as raison de dire que cela renvoie au nombre croissant de camés qui crèvent la gueule ouverte dans les rues de Téhéran. Moi aussi j'ai cracké pour ce film, tu avais raison de me pousser. Sans doute un des plus (le plus ?) forts que j'ai vus cette année.
    La séquence du bidonville est dingue, mais le pire dans tout ce film, c'est regard sur les enfants... terrible (le petit avec son père boiteux est bouleversant).
    Quant à Peyman Maadi, quel monstre d'acteur ! Ce gars-là vaut bien tous les Pacino du cinéma iranien.
    Te confuse pas, on a bien compris que ce film est essentiel et A VOIR ABSOLUMENT.
    "Un grand film" a écrit Nuttens dans Positif.

  • Si Nuyttens le dit !
    C'est effectivement jusque maintenant l'un des meilleurs de cette année.
    Attends de voir Onoda !!!
    Peymann est dément de bonnitude et B.E.A.U.
    Oui le petit Saeed a déjà un autre film qui n'est pas encore arrivé.
    Ah c'est moi qui t'ai poussé ??? Ravie je suis.

  • Y avait pas besoin de pousser fort.

  • 100% d'accord avec ton avis qui ne me semble pas confus ! Oui c'est brillant. En y repensant, le film ne lâche jamais le spectateur, c'est immersif, et mon dieu la scène de fin ...

  • La toute dernière et l'avant dernière... que de chocs !

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