UN HOMME PRESSÉ
d'Hervé Mimran **(*)
Avec Fabrice Luchini, Leila Bekhti, Rebecca Marder, Igor Botesman
Synopsis : Alain est un homme d’affaires respecté et un orateur brillant. Il court après le temps. Dans sa vie, il n'y a aucune place pour les loisirs ou la famille. Un jour, il est victime d'un accident cérébral qui le stoppe dans sa course et entraîne chez lui de profonds troubles de la parole et de la mémoire.
Sa rééducation est prise en charge par Jeanne, une jeune orthophoniste. À force de travail et de patience, Jeanne et Alain vont apprendre à se connaître et chacun, à sa manière, va enfin tenter de se reconstruire et prendre le temps de vivre.
En principe j'ai beaucoup de mal avec les films qui traitent de la maladie ou du handicap sur le ton de la comédie. On ne peut pas rire de tout avec n'importe qui apparemment. Je sais ça ne se fait pas mais c'est ainsi. D'autant que l'AVC n'est pas à proprement parlé une maladie mais un accident comme son nom l'indique aux conséquences qui peuvent être catastrophiques voire très handicapantes. On peut dire que le personnage du film s'en sort plutôt pas mal.
J'adore Fabrice Lucchini que je rêverais d'entendre sur scène me faire la lecture, s'il se déplaçait en région... Bref. Pour lui, je suis allée voir ce film et je dois reconnaître que jamais je ne l'avais vu aussi sobre. Même si les séquelles de l'AVC se porte sur son personnage pratiquement exclusivement au niveau de l'élocution et la confusion entre les mots, je l'ai trouvé très respectueux et à aucun moment grimaçant et ironique comme il peut l'être (ce qui ne m'a JAMAIS dérangée le concernant).
Evidemment, on peut chipoter sur la rédemption prévisible et l'évolution d'un homme odieux ou indifférent à son entourage qui devient une meilleure personne. Mais je pense qu'effectivement la maladie ou les accidents de la vie peuvent faire changer en mieux. Pas forcément utile de faire pour cela un voyage vers Compostelle mais pourquoi pas ! On peut également chipoter sur l'abandon en cours de route de certains personnages notamment celui de l'infirmier interprété avec beaucoup de modestie par Igor Botesman mais vraiment très drôle, mais aussi celui du chauffeur grâce à qui Alain est sauvé. On peut chipoter encore sur l'inutilité des crises de boulimie de Leïla Bekhti, bien grassouillette ici et la scène irréaliste et sans intérêt de la fille qui doit passer un concours d'éloquence qu'elle quitte avant d'avoir prononcé un mot...
Mais il reste Fabrice Luchini dont on connaît les talents d'orateur et improvisateur hors pair. Je suis fan sans condition... donc, les allergiques à l'acteur feront bien de passer leur chemin. Il paraît que l'histoire s'inspire de celle de Christian Streiff, ancien PDG de PSA Peugeot Citroën, victime d’un AVC en mai 2008. Peu importe. Fabrice Luchini déclame ses phrases parfois incompréhensibles avec une assurance touchante et parvient à rendre ces textes parfois en yaourt aussi fascinants que s'il déclamait des textes de Molière, de Beckett ou Shakespeare.
Un GRAND acteur magnifique je trouve, qui offre avec douceur la possibilité à un personnage de se reconstruire sans en faire des tonnes. Une performance attendrissante pour Luchini qu'on connaît tellement démonstratif. Il n'en est que plus émouvant.