de Valentine Cadic ***

Avec Blandine Madec, India Hair, Arcadi Radeff

Ce film témoigne du b....l que dût être Paris-Capitale pendant la durée de cet évènement planétaire que furent les Jeux olympiques de l'été 2024.

Vous surprendrais-je si je vous disais que je n'en ai vu AUCUNE image, ni ouverture, ni clôture, ni compétitions ? Ce n'est pas glorieux et je ne revendique aucune médaille pour cela, c'est juste un fait et ce film m'a permis de me plonger un peu dans l'ambiance  festive et colorée de cette période. Un an déjà !

L'histoire du film est ailleurs. Blandine va fêter (sans cérémonie) ses 30 ans au cours de son périple parisien. Elle vient de sa Normandie et, fan de Béryl Gastadello la nageuse française (comme ses nom et prénom ne l'indiquent pas), elle a obtenu un billet pour l'admirer en compétition. Une mésaventure un peu couillonne et qui révèle au passage l'absence de souplesse et d'empathie du service d'ordre, lui fait louper l'évènement. Mais Blandine veut profiter de son passage à Paris pour retrouver sa demi-soeur qu'elle n'a pas vue depuis 10 ans et dont elle ne connaît pas la fille de 8 ans. Elle a beaucoup de mal à joindre cette demi-soeur qui ne répond pas à ses appels. Elle se retrouve dans une auberge de jeunesse qui accueille les personnes de 18 à... 30 ans révolus. Le séjour de Blandine dans une ville bouillonnante en proie à une fièvre hors norme, pour elle habituée au calme et à la solitude va être l'occasion de vivre quelques tribulations diverses et variées au cours de rencontres, d'échanges, de partages...

Lors de la remise des César en février dernier, Karim Leklou avait fait l'éloge de la gentillesse en évoquant son personnage doux et décalé du film Le roman de Jim (pépite des Frères Larrieu). Je crois qu'on trouve ici son alter ego féminin tout aussi touchant et bouleversant en la personne de Blandine. Et je dois dire que même si l'ambiance est ensoleillée et Blandine plus solaire que la majorité de l'humanité, ce film bien plus mélancolique que drôle m'a quelque peu rendue cafardeuse. Cela dit, repenser à Blandine quelques jours après est plutôt plaisant.

Blandine est une personne déconcertante, douce mais sans filtre, hyper sensible et généreuse. Plutôt taiseuse bien qu'elle n'hésite pas à raconter sa vie à un journaliste occasionnel qui l'interpelle lors d'un micro-trottoir. Blandine est souvent drôle involontairement (la raison qui lui font ne pas vouloir d'enfants est drôlissime) mais on n'a nulle envie de se moquer d'elle mais au contraire de lui conseiller de se méfier. Sa douceur et sa gentillesse font qu'elle est souvent "utilisée". Sa soeur (la toujours exceptionnelle India Hair (à la coupe de cheveux de rêve au passage...)) en plein marasme sentimental, l'héberge pourtant volontiers mais n'hésite pas à se servir d'elle à la moindre difficulté de garde d'enfant et à lui hurler dessus lorsque ses nerfs la lâchent. Blandine est sans rancune mais a une grande dignité.

Au hasard de sa ballade dans un Paris idéalisé d'où les invisibles ont été brutalement chassés pour ne pas faire taches sur les selfies... Blandine croisera la route de Benjamin interprété par Arcadi Radeff, la révélation du film de Pascal Bonitzer Le tableau volé, qui confirme ici que sa présence solaire et décalée n'est pas un artifice. Un baiser volé, une nuit à la belle étoile... de jolis souvenirs sans doute pour celle que l'effervescence des JO ne bouleverse pas.

Un premier film pour la réalisatrice et une actrice inconnue terriblement attachante. On a très envie de les retrouver toutes les deux.