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LA PERMISSION

de Soheil Beiraghi ***(*)

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Avec Baran Kosari, Ami Jadidi, Sahar Dowlatshahi

Synopsis : D’après une histoire vraie.
Afrooz est la capitaine de l’équipe féminine de futsal en Iran. Après 11 ans de travail acharné, son rêve devient réalité : l’Iran est en finale de la Coupe d’Asie des nations.

Mais au moment d’embarquer pour la Malaisie, elle apprend que son mari lui interdit de sortir du territoire. En Iran, une femme doit obtenir l’autorisation de son mari pour pouvoir voyager. Afrooz doit alors réussir à convaincre son mari de la laisser partir, par tous les moyens… 

A nouveau un film qui commence par un match de foot. Je n'avais aucune idée de ce qu'était le futsal avant de voir ce film. Pour ceux qui, comme moi, ne savent pas, il s'agit d'un sport collectif  apparenté au football. Il se joue principalement au pied avec un ballon rond. Il oppose deux équipes de cinq joueurs dans un gymnase, sur un terrain de handball. 

La première scène est donc un match acharné, mais ici pas de petits chiens géants qui courent dans une fumée rose, mais des filles déterminées, soutenues par un public en folie. La rage plutôt joyeuse contenue dans cette ouverture ne faiblira jamais. La réalisation est énergique, tonique, constamment en mouvement.

Et dès la première scène, la colère et la consternation se mêlent de voir  les filles obligées de jouer dans cette tenue.

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Et surtout "pas un cheveux qui dépasse" leur hurle la coach qui se montrera de plus en plus intégriste au fur et à mesure que le film avance.

C'est à l'aéroport qu'Afrooz découvre qu'elle ne peut partir. Le mari qu'elle a quitté depuis un an (sans le révéler à personne) a mis concrètement son opposition. Il n'agit que par abus de pouvoir selon une loi patriarcale archaïque, une loi arriérée, simplement pour nuire à sa femme. Lui ne veut pas divorcer.

Et pour une fois on peut réellement parler de film féministe. Afrooz a quatre jours pour convaincre son mari, la loi, le juge qu'elle doit partir. Son avocate, ardente défenderesse des Droits Humains, aura des arguments imparables et tentera aussi de jouer sur la corde et la fibre patriotiques car Afrooz est un modèle iranien pour le reste du monde. Elle est une championne, indispensable à l'équipe. Et elle fonce tête la première dans le chaos juridique dont elle fait l'objet.

Le mari incarne l'hypocrisie dans toute sa splendeur. Lors des scènes de procès, il a un demi sourire. Et ce type, sûr de lui, sait qu'il ne risque pas grand chose, que la loi est du côté des hommes, toujours. Il est sans réflexion aucune et se cache derrière les textes. Il restera toujours d'un calme inébranlable face à Afrooz qui parfois s'énerve et hurle. Il va jusqu'à mettre les affaires de sa femme sur le trottoir. Même ça il peut, la mettre à la rue. C'est pourtant loin d'être un barbu. C'est un présentateur télé reconnu et célèbre qui entame néanmoins chacune de ses émissions en proférant des bondieuseries : Bismillah ! No, we will not let you go, let him go derrière son sourire toujours mielleux.

Afrooz utilise tous les moyens à sa disposition pour tenter de partir et notamment les réseaux sociaux qui s'emballent instantanément... mais retombent comme un soufflé. La seule amie qui la soutient et est restée pour l'aider lui conseille plutôt de la jouer douce et séduisante avec son mari car elle en est sûre c'est ainsi qu'elle pourra tout obtenir de lui. La scène où elle se brosse les dents, la bouche, la langue avec une vigueur insensée est forte et révoltante.

Le réalisateur tient son premier film avec maîtrise de bout en bout, ne va jamais à la facilité et nous réserve quantité de surprises. Certains dialogues sont vraiment brillants même si j'ai parfois eu un peu de mal avec les sous-titres... J'avais parfois la sensation que la traduction ne correspondait pas à la situation. C'est étrange et difficile à expliquer mais finalement ça n'est pas gênant, on comprend parfaitement ce qui se passe. Et c'est affreux.

La permission... on peut dire que le réalisateur a bien choisi son titre. La femme est un enfant à la merci de l'autorité, de l'autoritarisme des hommes. Alors que le pays est ultra connecté et qu'on prétend qu'il se tourne vers la modernité et l'avenir, les femmes sont toujours bâchées de la tête aux pieds et n'ont que des droits limités au bon vouloir des hommes qui agissent abusivement juste par traditions.

Ce film réalisé par un homme... bénéficie de l'interprétation énergique et déterminée de Baran Kosari. Tous les autres acteurs sont au diapason (même son détestable mari), épatants.

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Commentaires

  • J ai beaucoup aimé la permission même si parfois j ai trouvé certaines scènes un peu longues ( les "retrouvailles" entre le mari et la femme dans l appartement) Mais Àfrooz est faite de courage et de détermination qu on a envie de la suivre jusqu'à la fin de son aventure... Tres apprécié également le role de la coach ! Espère ton article donnera l envie à d autres de voir ce film.

  • Cette scène un peu longue m'a fait peur, j'ai cru que ça partirait en vrille.
    La coach est flippante, aussi détestable que le mari.

  • Je crois bien avoir vu l'affiche mais je ne l'avais pas noté. Je me hâte de le faire, tu en parles très bien et tu m'as donné très envie de le voir.

  • Celui-ci est quasi indispensable avant de disparaître.
    Merci pour ta gentille remarque.

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