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BROKEBACK MOUNTAIN

d’Ang Lee *****

brokeback mountain

Que vous soyez filles ou garçons, si vous ne tombez pas amoureux de Jack ou de Ennis ou des deux, si vous n’êtes pas en larmes lorsque Ennis soupire « Jack, I swear… », débarrassez-vous de votre cœur, il ne vous est d’aucune utilité ;-)

Voir (et revoir) ce film vous brise le cœur et pourtant une seule envie persiste, retourner à Brokeback Mountain. Et dès que le film s’achève, certains (j’en connais…) courent acheter la « short story » pour replonger grâce aux mots âpres et sans fioriture d’Annie Proulx dans l’histoire de ces deux héros, ces « deux paumés qui ne savaient où aller ».

Dans les années 60 deux «lonesome cow-boys » trouvent un travail saisonnier : garder un gigantesque troupeau de moutons et dans des conditions à la limite de la survie, ils apprennent à se connaître. Rapidement, c’est "un courant électrique qui jaillit entre les deux", la chose contre laquelle on ne peut rien. Ils s’aiment, tout simplement.

Ang Lee place le spectateur dans la même situation d’apprendre à connaître puis à aimer les deux personnages. Il filme large une nature imposante et grandiose et prend tout son temps pour que l’histoire s’installe et que les héros nous deviennent indispensables comme ils le sont l’un pour l’autre.

Jack (Jake Gyllenhaal, lumineux) et Ennis (Heath Ledger, torturé), et ce sont eux les premiers surpris, vont s’aimer. Leur première étreinte inévitable est filmée comme une lutte. Puis, les regards et caresses échangés sont d’une douceur et d’une évidence rarement vues au cinéma. Au matin Ennis cherche à nier l’évidence : «Je ne suis pas une tapette », et Jack, qui assumera toujours mieux ses sentiments, répond « moi non plus ». Et en effet, ce n’est pas l’histoire de deux cow-boys homosexuels mais une histoire d’amour qui nous est contée avec tout ce qu’elle comporte d’interdit et d’impossible car au-delà du carcan des préjugés, être deux garçons qui s’aiment dans cette Amérique c’est être en danger de mort, pas plus, mais surtout pas moins.

Ils se séparent au terme de la saison sans projeter de se revoir et l’on découvre sur leur visage le ravage des secousses sismiques qui les animent. Pendant des années ils s’appliqueront à mener une vie « normale » avec mariage, enfants et femmes délaissées… Pendant cet intermède où l’on découvre leur vie respective et séparée, Ang Lee réussit le tour de force de nous mettre dans la situation du manque causé par l’absence de l’autre.

Ils choisiront enfin de retourner chaque année vivre leur secret à Brokeback Mountain car ce n’est pas une chose sans importance qui leur est arrivée. La scène des premières retrouvailles est d’une beauté à la fois grisante et déchirante : ils comprennent dès la première minute qu’ils devront se cacher.

Toute leur vie sera ponctuée par ces retrouvailles indispensables, essentielles et vitales, des instants  de magie suspendus où ils ne feront rien d’autre que ce que font tous les amoureux du monde : se promener, regarder les étoiles, chahuter, rire, parler, se taire… s’aimer. Ils connaîtront aussi tous les tourments et les angoisses des séparations vécus comme des tortures, le manque effroyable de l’autre qui donne envie de mourir, la jalousie aussi, perçue comme une souffrance supplémentaire.

Gloire aux deux acteurs habités, inspirés, qui portent haut les sentiments qui animent leurs personnages, aux regards de Jack, à leur conviction à tous les deux et à cette scène où Ennis « enfouit son visage dans l’étoffe d’une chemise et respire lentement par le nez et la bouche, espérant y trouver la légère odeur de fumée et de sauge, le goût salé de la sueur de Jack… ». Quel amoureux n’a pas fait ce geste ?

Cette histoire est d’une force, d’une banalité, d’une pudeur totales symbolisée ainsi par Annie Proulx : « Aux vibrations du plancher sur lequel ils se tenaient tous les deux, Ennis pouvait sentir la force des tremblements de Jack ».

C’est un film déchirant, poignant et douloureux mais c’est une merveille, un miracle, un joyau.

Commentaires

  • celui là aussi je l ai raté

  • Que ceux qui l'ont raté à sa sortie se rattrape avec le DVD : déception impossible !
    Joye : la video humoristique je l'ai dans mes favoris... c'est assez bien vu même si cette fois, ça ne fait pas pleurer du tout.

  • Tu sais, j'étais il y a deux jours au supermarché de Plouqueville et la caissière disait qu'elle n'en avait rien compris. Hélas.

    Toutefois, il faut dire que la violence de leur première rencontre (et puis les coups entre eux) m'a beaucoup, beaucoup troublée. Je comprends la passion,oui, mais je ne comprends jamais les baffes. (Autrement dit, non au "rough sex")

    À part ça, oui, un super beau film, bien raconté.

  • @Joye : je crois que c'était la façon pour Ennis (un peu bourru comme garçon !) de montrer qu'il aurait voulu refuser l'évidence ; ça ne m'a pas choquée (bien que je ne supporte pas les coups), j'ai trouvé ça émouvant de sa part qu'il ne puisse pas s'exprimer autrement. Quant à la première étreinte... oui, elle était un peu Vouf Too Much !

  • C'est un film puissant, magnifique, qui se déroule sur plusieurs années. On recherche des hommes pour garder du bétail dans les montagnes : deux jeunes hommes, deux cow-boys sont engagés et tombent amoureux l'un de l'autre. Mais cela se passe dans les années 60 et qui plus est en milieu rural alors ils ne peuvent pas révéler leur amour au grand jour.
    Ils se contentent donc de se retrouver tous les ans, à la même époque, pour garder le bétail, et pour vivre, l'espace d'un instant, cet amour impossible et interdit. Les années passent : ils se marient, ont des enfants mais sont malheureux et attendent avec impatience le moment où ils se retrouveront. Mais à force la frustration prend le pas sur l'amour : l'un essaie de convaincre l'autre de tout plaquer pour partir vivre ensemble jusqu'à la fin de leurs jours mais l'autre résiste et remet toujours la décision à l'année suivante jusqu'à ce qu'il soit trop tard...
    Jamais, le thème de l'homosexualité n'avait été abordé dans ce contexte : un contexte machiste et rural. Le contraste est donc frappant avec d'autres films qui ont abordé ce sujet. D'ailleurs, si ce n'était le poids social qui pèse sur les épaules de ces deux hommes, on oublierait que ce sont deux hommes qui s'aiment pour se concentrer uniquement sur la beauté de leur amour et sur cette force qui les pousse tous les ans inextricablement l'un vers l'autre.

  • Tu as vu tous ces films ce matin ou mon blog est devenu ta lecture de chevet ???
    En tout cas, il est grand temps que tu crées un blog/cinéma. Tu verras c'est passionnant !

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