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FESTIVAL INTERNATIONAL DU 1er FILM D'ANNONAY 2009 (les films de la compétition)

Je sais, je sens et j’entends que vous trépignez et vous impatientez de connaître mon classement et mon avis sur les films que j’ai vus à Annonay. Car oui, je n’ai pas fait que poursuivre Miika me coucher tard et me lever tôt, j’ai aussi vu des films, les 8 de la compétition + le film de clôture + « The visitor ». Je sais, je l’ai déjà dit, et alors ? Il se trouve que j’ai plein de trucs à fouetter en ce moment. Alors je vous délivre mes articles au compte gouttes en commençant par ce qui m’a le moins séduite… pour vous emmener petit à petit au 7ème ciel ! Promis !

 

 

Lo mejor de mi de Roser Aguilar*

Espagne.

Lo Mejor De Mi

 

Raquel et Tomas s’aiment (enfin, c’est surtout Raquel qui aime Tomas quand on y regarde d’un peu plus près). Il est athlète professionnel et elle, journaliste dans une radio. Raquel propose à Tomas de vivre ensemble. Il accepte, contraint et forcé comme tout grand benêt de 30 ans (au cinéma), incapable de s’engager. Le ciel s’effondre sur la tête des amoureux lorsque Tomas tombe gravement malade. La seule façon pour qu’il s’en sorte est qu’il subisse une greffe partielle du foie. Que le donneur soit vivant décuplerait ses chances.

Les donneurs compatibles ne courent pas les rues mais après avoir fait les analyses nécessaires, il se trouve que Raquel l’est. Avec son amour fou, démesuré, inconditionnel elle va faire ce don fabuleux et insensé à Tomas.

Comment avec un sujet aussi peu banal, aussi éminemment mélodramatique qui devrait bouleverser et clouer le spectateur d’enthousiasme et de vertige dans son fauteuil peut-on faire un film aussi dénué d’émotion ? Les divers et successifs revirements des sentiments de Raquel et de Tomas laissent de glace. Lorsque Tomas dit à Raquel « tu m’as donné la meilleure part de toi ! », je me demande vraiment comment on peut faire dire à un homme que la meilleure part de sa femme c’est son foie ??? La réponse de Raquel est tout aussi zarbi et absconce…

Il est évident néanmoins que la sublime Marian Alvarez porte le film à elle seule… mais quand on s’attend à voir un grand film d’amour, il est étrange que la scène la plus touchante soit le moment où la jeune femme appelle ses parents à l’aide en leur disant qu’elle ne se sent pas de taille à vivre cette épreuve seule… au moment même où je me demandais en bâillant poliment « pourquoi qu’ils ont jamais de famille dans les films des foies fois ? ».

 

 

 

 

Une chaîne pour deux de Frédéric Ledoux *

Belgique.

Au moment de prendre sa retraite, Victor Granville vend sa petite entreprise belge de production de vélos. Elle est rachetée par un grand groupe international « New Deal ». Une « cadre » est envoyée sur place pour restructurer l’entreprise, ce qui suppose forcément la suppression d’une des deux chaînes de montage et donc des hommes qui y travaillent. Une compétition est organisée entre les deux équipes. Celle qui aura produit le plus grand nombre de vélos à la fin du mois gardera son poste.

Peut-on rire de tout ? Oui répond le réalisateur et ses acteurs, tous formidables. Manifestement Frédéric Ledoux ne souhaitait pas faire un drame mais une comédie ancrée dans le social. Dès qu’il aura un micro en mains il ne cessera d’ailleurs de rabâcher (alors que personne ne lui demandait) à quel point « Les frères Dardenne, c’est chiant » !

Rire avec ces ouvriers et même de leurs déboires face à l’imminence de leur chômage n’empêche nullement d’entrer en empathie avec eux et de comprendre le drame qui se joue. Et ça commence très bien tant qu’on ne quitte pas la chaîne de montage. La vie d’une toute petite usine, la solidarité, l’entraide puis l’émulation qui prend le pas sur l’amitié sont parfaitement retranscrites. Et l’interprétation drôle et rythmée est impeccable.

Et puis ça se gâte… Lubna Azabal, la cadre dynamique et froide (dont le jeu consiste à pincer les lèvres en un rictus d’agacement) tombe raide dingue amoureuse de l’ouvrier le plus rebelle (étonnamment le seul jeune, beau avec moto et instructeur de vol sans parachute à ses heures perdues…). S’ensuivent une scène complètement gratuite de chute libre (juste pour se faire plaisir et répéter plusieurs fois bitocu… ah ah ah !), une autre où du jour au lendemain la teigne devient la copine de cette bande de futurs chômeurs et les rejoint au café du coin…Sans parler de la séance en plein bois de mise à l’épreuve des équipes.

J’ai commencé à ne plus rire du tout quand un gars de l’usine (bon d’accord pas très sympathique, et même un peu con sur les bords) se fait brûler sa voiture et qu’il se retrouve lui-même à l’hôpital gravement brûlé en essayant d’éteindre le feu ou qu’un autre se plante un couteau dans le ventre tellement il craint de perdre son boulot !

Il faut une sacrée subtilité pour réussir à faire rire dans ces cas là.

Ce film a obtenu le Prix du Public. Le prix le «plus important» dit Frédéric Ledoux, d’une certaine façon, il a raison.

Commentaires

  • Sur Une chaîne pour deux :

    la 1ère fois que je l'ai vu, je n'ai pas accroché. En fait, je n'arrivais pas à "synthétiser" la dimension comique avec la réalité sociale décrite (sans même parler de la fin). S'il y a du rythme, il manque toutefois la tension ! Bref, j'étais passé à côté, malgré des acteurs hommes à la hauteur. La 2ème fois, ça s'est bizarrement mieux passé, j'avais déjà dû me faire une raison je pense...

  • Sur Lo mejor de mi

    Comme pour Une Chaîne pour deux, la 1ère vision ne m'a pas emballé. Un mélo (genre dont je ne raffole pas) dans un hôpital (lieu où je suis franchement mal à l'aise), avec des scènes pas terribles (celle de l'accident où le son est beaucoup (...) beacoup trop travaillé) ou un peu plus marrante (le vol de l'appareil photo). La 2ème fois, ça s'est aussi mieux passé, probablement parce que j'ai plus réussi à faire abstraction des défauts, et à plus apprécié Marian Alvarez, déjà très justement récompensée pour son rôle dans ce film.

  • Mael : je comprends... comme je n'ai eu qu'une seule vision, je reste évidemment sur ma faim. La première demi-heure est prometteuse et rythmée et trouve la synthèse entre drame et comédie je trouve... ensuite, c'est porte nawak... par ailleurs, c'est vraiment la toute première fois que la présence d'un réalisateur et surtout d'un acteur désservent mon avis sur un film... (en ce qui me concerne évidemment).

    Par contre, ("Lo mijor de mi") j'adore les mélos... mais là, je suis restée de marbre... me demandant même à quel moment j'allais sangloter. J'adore pleurer au cinéma.
    Mais oui, le vol de l'appareil photo, c'était grandiose. La réalisatrice devrait s'essayer à la comédie.

  • Euh ça Mael ne me l'avait pas dit non plus ! qu'il considérait que la présence du réal et de l'acteur desservaient le film...
    C'est ça les vieux couples !

  • Euh, si je te l'ai pas dit, c'est juste parce que l'ai dit à PERSONNE, et que je l'ai pas spécialement pensé ! Non mais !

  • Bonjour,
    Je suis surpris, à la lecture de votre blog, de me voir attribuer des paroles que je n'ai jamais prononcé! Pour rappel, j'ai répondu à une question sur les difficultés de financement du film en expliquant qu'il n'était pas évident en Belgique de produire une comédie sociale car nous avons une tradition bien établie de films sociaux réalistes, dont les plus éminents spécialistes sont les frères Dardenne (pour qui j'ai le plus grand respect, soit dit en passant...), ce qui a créé une sorte de "ligne à suivre" pour pouvoir obtenir du financement public. Et si Nicolas Buysse, le comédien qui m'accompagnait, a effectivement pris le micro pour déclarer que "les Dardenne, c'est super-chiant", c'était un trait typique de notre humour belge, composé pour une bonne part d''auto-dérision et de dézingage de nos icônes. Je croyais que cela avait été compris par le public présent, mais je me suis peut-être trompé... Il semblerait donc que nos facéties passent mal la frontière hexagonale, à tout le moins pour certains esprits moins portés sur l'humour que notre public habituel.
    Promis-juré, nous serons donc infiniment plus sérieux la prochaine fois que nous prendrons un micro en Sarkozie, une contrée où on ne rigole pas avec le 7ème art!
    Cela dit, bravo pour votre blog, et au plaisir de vous croiser à un autre festival un jour prochain,
    Frédéric Ledoux

  • Ne généralisez pas. Je ne m'exprime au nom de personne et surtout pas du "public présent" lors de vos conférences, mais en mon seul nom propre donc inutile de brandir des mots tel que "Sarkozie", "frontières hexagonales" ou le manque d'humour français car n'oubliez pas que votre film a obtenu le "Prix du public" (le plus important pour qu'un film fonctionne, je suis d'accord avec vous) et que la salle était écroulée de rire à la moindre de vos "facéties".
    Je ne vous ferai pas l'insulte de vous rappeler le nombre considérable de réalisateurs et acteurs qui passent les frontières pour faire un triomphe en France, il est donc inutile aussi de jouer les incompris en prétendant que votre humour ne passe pas par ici.
    Quant à votre film, comme je l'ai dit dans cette note, je le trouvais très bien et je riais beaucoup (si, si ça doit être mon côté hexagonale chti née à 5 kms de la frontière belge qui déteint encore un peu) jusqu'à ce qu'on s'éloigne de la chaîne de montage avec notamment la romance hors de propos. De toute façon j'explique ce qui ne m'a pas plu.
    Cela dit, soyez persuadé que le but de mon blog est d'essayer de donnner envie d'aller au cinéma. Je suis toujours ravie qu'un film fonctionne et si je ne suis pas de l'avis général, mes lecteurs se chargent de me remonter les bretelles.

  • @ Fred. Le comédien qui vous accompagnait n'était pas une marionnette? Franchement c'etait bien fait....
    J'ai toujours cru que c'est vous qui le faisiez s'agiter de temps en temps.
    Pour ma part, il me semble avoir entendu à trois reprises que les Dardennes c'était chiant. Ce n'est pas que je sois un fan inconditionnel, mais bon, mais le dézingage répétitif et ciblé ça fait tout de suite moins humour. Pourquoi ne pas alterner avec Ken Loach qui est certainement aussi chiant?
    Et pourquoi avoir besoin de justifier votre traitement humoristique du drame social par rapport à d'autres réalisateurs? Votre façon d'aborder ce sujet est originale et mérite d'être défendue.
    D'ailleurs vos facéties passent bien la frontière puisque vous avez obtenu LE PRIX DU PUBLIC en plein coeur de la contrée où on ne rigole pas avec le cinéma. Et j'espère sincèrement que ce prix vous aidera à y distribuer votre film.
    Cela dit, vous avez raison. Il vaut mieux, comme nos voisins belges, ne mettre personne à la direction d'un état, que n'importe qui.

  • Chère Pascale,

    Mes félicitations pour votre blog sont tout à fait sincères, et je ne doute pas de votre amour du cinéma et de votre envie de le faire partager... Je me retrouve d'ailleurs dans la plupart de vos "coups de coeur"!

    Mon commentaire précédent était teinté d'une ironie dont j'ai décidément de la peine à me défaire et la conclusion était évidemment à prendre avec le sourire...

    Mais sans prendre la posture de" l'artiste-maudit-et-incompris" (ce n'est pas le genre de la maison), je remarque que notre humour ne passe pas de la même façon en-dehors de nos frontières, comme ce doit d'ailleurs être le cas de nos amis du Québec.

    Cette pointe de mauvais esprit dont nous avons l'habitude suscite donc des réactions plus contrastées à l'étranger : Effectivement, la majorité du public a beaucoup ri (plus que chez nous), mais certains ont moins apprécié, ce qui est bien leur droit!

    Cela dit, cher Hervé, Nicolas est tout sauf une marionnette, et c'est d'ailleurs son côté incontrôlable et spontané qui me ravit quand je tourne avec lui... Mais là aussi, je comprends que ça ne plaise pas à tout le monde.

    Et non, pour ma part, je ne trouve pas que tous les films de Ken Loach soient "chiants", mais c'est un avis qui n'engage que moi, et la magie du cinéma est justement là, dans toute sa subjectivité.

    Une magie bien rendue à Annonay, avec sa sélection éclectique, son public enthousiaste et son ambiance fantastique... Prolongée par ces discussions de passionnés!

    Longue vie donc au Festival et hourra à toux ceux qui y contribuent avec autant de talent!!!!!

    Salutations Vidéastes Wallonnes,
    Fred

    PS : Vu de Belgique, je vous dirai que mieux vaut encore avoir un Sarko à la tête de l'état que personne... Mais c'est le vieux débat de la peste et du choléra ;-))))

  • Cher Fred,
    Je vous ai senti un peu froissé par ma note et je le regrette (pas ma note mais de vous avoir blessé). J'aurais peut-être dû avoir le courage d'aller vers vous lorsque j'en avais l'occasion à Annonay (j'ai d'ailleurs passé tout un repas à côté de votre table où Gilbert Sicotte racontait son expérience avec Vincent Cassel). Mais c'est plus facile de dire qu'on a aimé un film en direct live (comme on dit en France) que l'inverse.
    Si nos mauvais esprits et mauvaises fois respectives se heurtent c'est peut-être à cause de mes origines flamandes !!!
    Hervé a peut-être exagéré en "traitant" Nicolas de marionnette mais je ne pense pas être la seule à avoir remarqué qu'il souhaitait à tout prix prendre le micro pour raconter encore et encore LA scène où il est pendu par les pieds... Soit. Qu'il se soit justifié lors du comique (invonlontaire) de la vidéo réalisée par les jeunes était vraiment tordant...
    Salutations cinéphiles flamandes.

    P.S. : qu'avez-vous fait de votre tomate ?

    PPS : vu de France, il me semble que Sarkozy est pire que tout ce que j'aurais pu imaginer.

  • Chère Pascale,

    Rassurez-vous, je ne me suis pas senti blessé, car j'estime que chacun a le droit de penser ce qu'il veut de mon film, comme de tous les autres... C'est ce qui fait l'intérêt de notre passion commune, d'ailleurs!

    Et je ne crois pas que nous ayons tous deux un mauvais esprit et une mauvaise foi, mais plutôt l'inverse ;-))))

    Je voulais simplement que ce que j'ai voulu exprimer au sujet du cinéma belge et des frères Dardenne soit bien compris.

    Quand à Nicolas, il faut savoir que c'est le roi du second degré, voire du troisième... Sa prestation hilarante durant mon interview était d'ailleurs tout à fait volontaire, et bien qu'il m'aie été impossible de le voir durant l'interview, il m'avait prévenu que j'aurais une surprise!

    Salutations Cinéphiles d'un Voisin,
    Fred

    PS : La tomate est sous mes yeux, j'attends avec impatience qu'elle mûrisse.

    PPS : Oui, il est sans doute pire que tout, mais pas sûr qu'il soit pire que rien... Cela dit, avec la déliquescence de notre petit pays, nous risquons de nous retrouver compatriotes un jour prochain!

  • @ Fred
    Je mea culpe.
    Votre comédien n'est évidemment pas une marionnette. Je cherchais à faire un trait d'humour cynique.
    En vous revoyant défendre votre film à deux, cette image du marionnettiste et de sa créature, m'a traversé l'esprit. Et j’ai bien constaté que Nicolas Buysse était aussi incontrôlable que Tatayet...
    J’espère sincèrement que le prix du public vous aidera à diffuser votre film dans les salles françaises. Le thème est plus que d’actualité. La façon de le traiter est originale. Les spectateurs rient. Vous avez réuni les ingrédients d’un succès commercial.

    Ps : Vues de n’importe quel point dans le monde, la France et la Belgique font bien rire… jaune.

  • Embrassons-nous et faisons la farandole car tous les hommes (sauf quelques un) sont mes frères !
    Youpiiiiiiih !

    Et comme i disait dans "Le schpountz" : le sarko, c'est pas qui soit bon à rien, c'est qu'il est mauvais à tout.

  • La marionnette vient de découvrir vos débats, ça me hurler de rire, rien d'autre à dire. Ha si, ils y en a qui écrivent beaucoup et d'autres qui créent et se battent pour bosser et non pour prendre un micro. Vous savez en 14 ans de métier je comptabilise pour l'annecdote hein 1550 représentations alors excusez moi encore quand je suis avec un grand ami de me permettre de rire et de pas jouer du Tchekhov.
    Bien à vous les cinéphiles.
    NicO

    http://217.19.236.211/plumefx/public/aspasia.asp

  • Ravie de vous avoir fait rire. Comme vous, j'adore cela et comme vous c'est involontaire.
    Cela dit à aucun moment il n'a été question du nombre de vos représentations, ni de votre amitié avec Fred ni de Thekhov.
    Bien à vous l'humoriste.

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