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  • L'ARBRE de Julie Bertucelli ***

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    Julie Bertucelli n'a besoin que d'une scène de quelques instants, pas de grandes démonstrations ni de longs discours pour imposer l'amour et la complicité qui unissent Peter et Dawn, mariés et parents de 4 enfants. Simplement une scène tendre et drôle dans un hamac. Alors, quand un type comme Peter meurt, merveilleux mari et amant, papa complice fou de ses enfants, forcément ça laisse un vide que rien ne peut combler. Une peine insurmontable s'installe. Et Dawn, dévastée ne parvient même plus à s'occuper de ses enfants qui vivent chacun de leur côté et à leur façon la perte de cet être évidemment idéal.
    Les mois passent, rien ne console Dawn mais elle va trouver un travail, elle qui n'avait jamais travaillé, rencontrer un homme charmant, patient. Mais c'est  davantage au contact de sa petite fille de 8 ans, Simone, et en acceptant d'entrer dans son univers légèrement surnaturel qu'elle va réellement refaire surface. En effet, Simone est persuadée que son père lui parle dans l'arbre, le sublime et gigantesque figuier qui est très, trop près de la maison. Rapidement Dawn va se rapprocher de cet arbre aux étranges pouvoirs. Une scène magnifique la montrera s'endormant dans une branche de l'arbre, enlacée dans ou par le feuillage.
    L'arbre se fera tantôt rassurant, comme s'il veillait sur la maison, tranquille et majestueux, tantôt monstrueux et inquiétant dès que le vent souffle. Une voisine, gênée par ses racines qui envahissent peu à peu son terrain le compare à une pieuvre. Car oui, cet arbre progressivement devient une menace, pour les canalisations qui se bouchent et font proliférer les grenouilles jusque dans les toilettes, pour les fondations que les racines tentaculaires ébranlent. Même les chauve-souris, de taille très inaccoutumée de notre côté de la planète pénètrent dans la maison.
    Mais peut-on abattre un arbre qui contient, représente et symbolise l'âme d'un être aimé au-delà de tout ? Un père, un mari absent à jamais, mais présent, incarné, inoubliable, irremplaçable et envahissant.
    La réalisatrice parvient miraculeusement à nous rendre cet arbre d'une puissante et hypnotisante beauté aussi précieux qu'il l'est pour ses personnages. Il faut dire que Charlotte Gainsbourg et la petite Morgana Davies (adorable, saisissante, inoubliable) nous rendent les frémissements et le murmure de chaque branche réellement palpables. On ne doute pas de leur extravagance parce que c'est cette imaginagion ou cette inspiration qui les maintiennent en vie. A sa meilleure amie (qu'elle rejettera plus tard parce qu'elle est incapable d'accéder à son secret) qui s'étonne qu'elle ne soit pas plus triste d'avoir perdu son père, Simone répond : "dans la vie, on a deux possibilités : être triste ou être heureux. J'ai choisi d'être heureuse". Etonnante petite fille
    Tout ceci se passe en Australie, pays inconnu, mystérieux, vaste et secret, dont les éléments naturels, la faune, la flore et le climat nous sont étrangers. Mais en n'insistant pas trop sur le caractère fantastique de son récit, Julie Bertucelli nous fait apprécier et croire en cette façon inédite de vivre un deuil, de faire en sorte qu'on survive à la disparition de l'être qui nous est le plus cher.
    Son film porté par la grâce de deux actrices l'une confirmée (Charlotte) l'autre toute petite mais éblouissante, est une petite merveille.