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DANS LA BRUME de Sergeï Loznitsa ***

Dans la brume : affiche

Sushenya est un géant, un colosse blond, une véritable force de la nature au physique impressionnant. Mais il est aussi doux comme un agneau. Bon mari, père attentif. En cet hiver 1942 les nazis ont envahi la Biélorussie. Trois compagnons d'infortune de Sushenya accusés de terrorisme sont pendus alors qu'il est relâché sans explication. Il n'en faut pas plus à la Résistance pour faire de Sushenya un traître, un collabo, un coupable. Deux hommes, Burov et Voitik chargés de l'abattre viennent le chercher. A leur grand étonnement, il est chez lui tout simplement. Car Suchenya n'a pas fui, persuadé et conscient que toute sa communauté, et pire que tout, sa femme doutent de lui, le considèrent comme coupable. Sushenya suit ses deux boureaux sans résistance dans la forêt. Ils le contraignent à creuser lui-même sa tombe mais au moment de tirer, les trois hommes sont attaqués par des miliciens. Des russes portant l'uniforme de la Wermacht ! Burov est grièvement blessé et au lieu de s'enfuir, Suchenya va lui porter secours. S'ensuit une longue, lente et cruelle traversée de la forêt pour tenter de trouver de l'aide pour le blessé, qui s'apparente à une douloureuse descente aux enfers. Un chemin de croix éprouvant pour Sushenya forcé de porter son compagnon sur son dos.

La forêt sublime et inquiétante est un refuge. Difficile de se faire repérer dans un endroit aussi dense. Elle est aussi un tombeau. Impossible d'en sortir ou de s'en éloigner sans attirer les tirs de la milice ou des allemands. Le calvaire et la souffrance des trois hommes sont une épreuve telle, que le froid et l'humidité semblent parfois traverser l'écran. Peu de dialogues, pas de musique, juste le bruit des pas, de la respiration, le bruissement des branches, le craquement des pas dans la neige. Quelques conversatoins et quelques flash-backs qui expliquent et démontrent ce dont le spectateur ne doute à aucun moment, Sushenya n'est pas seulement innocent de toute faute, c'est aussi un homme bon, meilleur que la plupart des humains. Son calvaire en est donc d'autant plus insupportable et bouleversant. L'acteur, dans un état de sidération impressionnant qui fait place à un désespoir sans fond offre une composition déchirante et subtile. Cet homme est au-delà de la résignation. Il endosse et endure la culpabilité de celui qui a survécu, la douleur insurmontable d'être l'objet de  la suspicion de la part de sa femme et de ses compagnons. Ne pas avoir été pendu avec les autres devient une honte suprême au point d'appeler la mort comme une libération.

Ce film n'est donc pas une promenade de santé, mais il est d'une beauté saisissante et les images de cette forêt amie et ennemie et de cet acteur bouleversant restent imprimer longtemps dans la rétine. Lorsque la brume envahit totalement l'écran, on est étonné que toute cette langueur, cette lenteur, cette innocence côtoient avec tant d'évidence l'horreur et la barbarie.

Commentaires

  • Ça a l'air gai, c'est ouf. J'ai envie de danser la carmagnole.

  • A côté de toute cette tristesse, de ce cauchemar, tout effectivement peut paraître gai.
    Tu fais donc bien de danser la carmagnole, vive le son, vive le son...

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