Liberace pianiste virtuose est une star du music-hall dans les années 70/80.

Sa spécialité : revisiter des compositions classiques en les conjuguant à des musiques de films ou en les adaptant façon jazz ou boogie. Sur scène, ces morceaux de bravoure étaient entrecoupés de blagues et d'apartés avec le public qui participait. Bref un véritable stand-up interactif ! Ces spectacles étaient très prisés à Las Vegas par des homosexuels et des dames choucroutées de plus de 50 ans à qui il devait cacher son homosexualité. Lors d'un spectacle en 1977, on lui présente Scott Thorson, un jeune homme de 17 ans alors que lui-même approche la soixantaine. Liberace tombe instantanément sous le charme de Scott et lui propose de devenir son secrétaire, son chauffeur, son confident ! Leur liaison durera plusieurs années, connaîtra des périodes tumultueuses, orageuses pour finir de la façon la plus navrante qui soit, en justice !

Steven Soderbergh termine donc sa carrière par l'évocation de ce phénomène étrange, roi du kitsch et de la bizarrerie qu'était Liberace. Il ne s'agit pas d'un biopic puisqu'il se concentre sur la relation entre la star et Scott Thorson auteur de Behind the Candelabra : My life with Liberace dont s'inspire le film. 

On savait depuis peu que Soderbergh aimait filmer des spectacles, des strass et des paillettes. Avec Liberace il est servi. Les spectacles sont des shows flamboyants d'un mauvais goût extrême et parfaitement assumé. Pour lui rien n'était jamais assez clinquant, brillant et tape-à-l'oeil. Sans parler de ses costumes extravagants en fourrure, clignotants et d'une longueur insensée. Il aimait arriver sur scène en limousine blanche ou s'envoler pendant le spectacle. En dehors de la scène, il était tout aussi excentrique et sa maison, un palais digne de Louis II de Bavière d'un kitsch écoeurant. C'est rien de dire que la reconstitution brille de mille feux.

Les relations amoureuses étaient éphémères et chaotiques et malgré l'amour réciproque pour Scott, le despotisme de l'artiste au quotidien et la jalousie de Scott finirent immanquablement par être insupportables. Scott a même accepté par amour de subir de multiples opérations de chirurgie esthétique afin de ressembler à son amant. A ce propos, il convient de signaler la prestation ahurissante de Rob Lowe dans le rôle du chirurgien et quelques scènes d'un comique aussi irrésistible que pathétique. 

Mais il est évident que le couple d'acteurs stars est pour l'essentiel dans le plaisir qu'on prend à suivre cette histoire d'amour, un peu longue, un peu répétitive (trop de scènes de piscine, de jacuzzi...) mais pas suffisamment émouvante.
Michaël Douglas incarne cet homme à la fois naïf et mégalo qui dira lors du décès de sa mère à plus de soixante ans : "je suis enfin libre". Il est touchant, n'en fait pas trop. Il s'empare de la personnalité, de la voix, de la démarche de Liberace et mérite mille fois plus l'Oscar que Forest. Quant à Matt Damon... comment qualifier sa prestation ? Les superlatifs manquent. Ce garçon peut TOUT jouer avec une évidence déconcertante. Rien ne le décourage. Il fonce, n'a peur ni du ridicule (d'ailleurs il ne l'est jamais) ni des excès. Il semble entièrement au service de son personnage et on peut dire de son interprétation de Scott Thorson qu'elle est culottée !