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SPARTACUS ET CASSANDRA de Ioanis Nuguet ****

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Spartacus et Cassandra sont deux enfants Rroms de 13 et 11 ans. Leur père veut quitter la France pour l'Espagne. Ils refusent.

Une toute jeune femme de 21 ans d'une maturité exceptionnelle, Camille, saltimbanque trapéziste monte un chapiteau-maison dans un coin désaffecté du 9-3. Elle offre un toit, de l'affection et tente aussi de fournir un ersatz de stabilité à Spartacus et Cassandra. Elle leur impose en outre d'aller à l'école. Mais rien n'est simple car ces enfants ont des parents qui vivent dans la rue. Et leur rêve d'une vie normale dans une maison normale est sans cesse contrarié par les aller retour vers ces parents à la dérive qui s'accrochent en pleurant à leurs enfants comme à une dernière bouée de sauvetage.

Ce n'est ni un film de fiction ni un documentaire, mais un peu les deux.  Et l'aspect documentaire n'empêche par une maîtrise formelle admirable. Et si le prénom des deux enfants paraît exceptionnellement irréel et exotique, c'est pourtant le leur dans la vraie vie. On sort de la projection bouleversé, très secoué. Il est difficile à plusieurs reprises de retenir ses larmes et les spectateurs sont restés muets de très longues secondes après que la salle se soit rallumée. C'est très rare. Cette chronique douce et violente est un crève-coeur. 

Il est peu courant voire unique de découvrir un conte initiatique à l'envers. En effet Cassandra et Spartacus ne sont pas des enfants qui s'ouvrent à la vie et entreprennent un laborieux passage vers l'âge adulte, mais au contraire, ils se dirigent vers une forme de liberté et vont peut-être enfin s'autoriser à devenir des enfants. Ce qu'ils n'ont jamais pu être à cause de cette vie de misère et d'épreuves qu'ils ont connue jusqu'alors. Et à cause aussi, surtout de leurs parents sur lesquels ils ne peuvent compter et qui ne cessent de les supplier de ne pas les abandonner. C'est Cassandra qui hurlera à son père : "c'est toi le père qui dois prendre soin de nous". Quelle force, quel cran il leur faut pour résister à ses suppliques permanentes et tenter de se sauver eux !

Le père est alcoolique, violent, la mère est folle et pourtant comme tous les parents du monde, ils sont aimés par leurs enfants. Et la subtilité du réalisateur, même s'il nous confronte à tous leurs manquements et au fait que ce sont les enfants qui protègent leurs parents, est de même pas nous les rendre vraiment antipathiques. On a mal pour eux aussi. Mais comment retenir ses larmes quand on entend Spartacus s'étonner de vivre quelques instants de bonheur : "je ne sais pas si j'y ai droit" ou lorsque Cassandra défend sa mère : "ne la bats plus papa, elle est fragile !", ou encore lorsque Spartacus regarde cette mère déconnectée courir et danser dans la forêt : "elle va se perdre !" On a envie de les prendre dans nos bras et de les réconforter, de les forcer à devenir enfin insouciants.

J'ai pensé à Terrence Malick. Oui je sais, je pense souvent à Terrence Malick. Mais c'est plus fort que moi, quand on me montre des feuilles à l'envers, des enfants plonger dans l'eau, et qu'une voix off me murmure des mots tendres et tristes, je pense à Malick. Et c'est pas loin du compliment suprême pour moi.

Commentaires

  • Et bien ça donne sacrément envie de prendre ces deux enfants par la main.
    Bises

  • Oh que oui, ils ne demandent qu'à s'en sortir. Surtout la fille. Une lumière :-)
    Le garçon sera(it) vite attiré par le côté obscur de la force :-(

  • Il n'est pas encore sorti chez moi, j'ai hâte.

  • Ah j'espère qu'il va arriver. Par voies fluviales peut-être !

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