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BORN TO BE BLUE

de Norbert Budreau ****

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Avec Ethan Hawke, Carmen Ejogo, Callum Keith Rennie

Chet Baker, le légendaire trompettiste de jazz des années 1960, démarre le tournage d'un film consacré à sa vie dans lequel il tient le premier rôle.

Chet tombe éperdument amoureux de Jane, sa partenaire. Malheureusement, le tournage est interrompu le jour où, sur un parking, Chet, toxicomane, est passé à tabac par son dealer qui lui massacre le visage et notamment la mâchoire. Désespéré de ne plus pouvoir jouer, il est soutenu par Jane dans son combat pour réapprendre à jouer et à vivre.

Deuxième gros coup de cœur de ce début d'année après ceci et une succession de films mortellement ennuyeux et très bof-mais-pourquoi-pas...

Et voilà enfin un Biopic dont le réalisateur aime suffisamment son sujet pour ne montrer de son idole qu'une période positive. Même si cette violente agression place l'artiste dans une situation particulièrement préoccupante où il doit tout réapprendre, il devient même pompiste pendant un temps, puis reconquérir le public et avant cela ses "pairs" (et la personnalité détestable de Miles Davis est une nouvelle fois mise en avant, et il est sans doute à l'origine de ma détestation de l'instrument qu'il faisait hurler...). Il aurait tellement été plus simple et spectaculaire de montrer Chet Baker au plus profond des tourments de son addiction à la cocaïne puis à l'héroïne avec moments bien démonstratifs sur des aiguilles qui s'enfoncent dans les veines. Bien sûr, il y a quelques brèves scènes où Chet cède à son addiction lorsqu'il manque de méthadone, mais ce n'est pas insistant et le sujet du film n'est pas là.

Et je n'en reviens pas. Moi qui ne peux écrire que dans le silence absolu, actuellement en fond sonore sur mon ordinateur et c'est la première fois depuis que j'ai un ordinateur je vous l'assure, la trompette de Chet me susurre bien des douceurs à l'oreille dont j'ai tant besoin actuellement. J'ai pourtant dit jusqu'à très récemment que je n'aimais pas la trompette. Je crois que cette période est révolue et que je suis en train de tomber littéralement amoureuse de cet instrument. Et sans doute peut-être aussi de ceux qui en jouent... Ibrahim si tu m'entends ! Après ce concert électrisant, voilà qu'à nouveau les notes d'une trompette emplissent ma maison.

Cela prouve qu'il ne faut absolument pas être fan de jazz/blues ni connaître quoique ce soit de Chet Baker pour aimer ce film à la folie. Je ne sais rien de ce qui est autobiographique ou pas ici, car je ne connaissais à peu près rien de Chet Baker si ce n'est qu'il est l'auteur de cette merveille. Mais le réalisateur dresse le portrait d'un homme qui n'a sans doute pas réussi à être heureux dans sa vie plus de dix secondes consécutives. Il n'insiste pas sur le trauma du rejet familial (comment des parents peuvent être aussi imbuvables avec leur enfant sera toujours un mystère pour moi) et l'on découvre un homme d'une douceur et d'une gentillesse exceptionnelles. Et sa musique est à son image, d'une infinie délicatesse, d'une fragilité douloureuse qui bizarrement brise l'âme et réchauffe le cœur ou l'inverse. Il suffit de lire le titre de ses chansons pour se convaincre de la mélancolie qui l'habitait. C'est difficile à expliquer tant les ballades, genre dans lequel il excellait, les chansons d'amour qu'il écrivait sont douces, tendres, romantiques, tristes et pourtant consolantes. Oui consolantes !

Et le film est beau à voir, alternant le noir et blanc du tournage du film dans le film et les couleurs de la vraie vie, et aussi élégant et douloureux. Il est également le film d'un acteur incroyable qui s'est glissé dans la peau du musicien avec une modestie impressionnante. Ethan Hawke, physiquement très proche du modèle avec son beau visage anguleux, souvent tenté de trop en faire en général, est ici d'une humilité exceptionnelle. A aucun moment on ne le surprend à vouloir en démontrer. Sa prestation rend ce personnage anéanti, autodestructeur encore plus touchant. Bouleversant dans ses tentatives sincères de reconstruction.

Et comme, contre l'avis de certains, Chet Baker était aussi chanteur, Ethan Hawke chante vraiment dans le film et c'est BEAU. Evidemment, ni l'un ni l'autre ne serait un candidat pour The Voice, mais leur voix, leur façon de chanter (et de jouer) dans un souffle, un murmure, comme s'ils étaient constamment à un chouya de la fausse note est pour moi troublant, envoûtant voire affolant.

Certains films donnent envie de lire, celui-ci d'écouter en boucle de la musique et quelle musique !!!

A VOIR ABSOLUMENT toutes affaires cessantes !

 

Commentaires

  • Et bien, tu sais donner envie de voir un film ! Pas encore programmé chez nous, mais je ne désespère pas.

  • Ah tant mieux. Ne le laisse pas échapper !

  • Je suis en train de m'emm... ferme en regardant Victoria de Justine Triet et j'avais envie de savoir ce que tu en avais pensé mais aucune trace de ce film sur ton blog. Je ne comprends pas ce qu'on a bien pu trouver à ce film, ça me dépasse.

  • Je ne l'ai pas vu... la bande annonce me semblait explicite. Mon pote Blancan à failli me donner envie de le voir mais la c'est tout retombé du coup ...
    J'ai la tête et le coeur emplis de Chet. ..

  • Et bien je l'ai trouvé consternant (il va sans dire que je n'ai pas été jusqu'au bout, je n'en pouvais plus). Très bonne écoute alors :)

  • Ce que j'en ai vu m'a paru insupportable en effet et totalement prévisible.

  • Trop bien moi j adore la trompette et Chet et la musique en géneral
    D ailleurs dans les films j y suis particuliérement sensible
    J espère pouvoir voir ce film
    Bisous sous la neige

  • Chet je connaissais son nom, sa tête, sa Blue Valentine mais depuis 48 heures je l'écoute en boucle. UNE REVELATION. Pas un morceau qui ne me plaise !
    Bise neigeuse itou.

  • Je n'ai pas vu celui-ci mais j'avais vu il y a quelques années Let's get lost sur ce même Chet Baker, et j'avais adoré, dans mon souvenir la photo était une merveille (en plus du son). Si tu ne l'as pas vu, répare vite cette erreur...

  • Et non je n'ai pas vu ce doc parce qu'à l'époque je pensais détester la trompette (encore merci Miles) mais je vais m'empresser de me l'offrir s'il existe en DVD. Merci donc.
    Chet est bien plus qu'un trompettiste et depuis ce film je suis envahie par sa musique et sa voix.

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