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CORPS ET ÂMES

de Ildiko Enyedi °°

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Avec Alexandra Borbely, Morscàny Géza, Réka Tenki

Endre est directeur d'un abattoir. Mària en est la toute nouvelle responsable du contrôle qualité. Alors qu'une psychologue enquête (le principe m'échappe mais nous sommes en Hongrie et je ne connais strictement rien à la Hongrie) sur un problème concernant la viande et interroge chaque employé, elle découvre qu'Endre et Mària font chaque nuit exactement le même rêve.

Il est un cerf, elle est une biche et ils se retrouvent au bord d'un petit lac près d'une forêt enneigée. Ce sont les plus jolies images du film. La psychologue (pas bien finaude) pense à une petite plaisanterie de la part des deux garnements mais elle ne les a pas bien observés, ils sont bien incapables, emmurés dans leur sinistrose, d'échafauder la moindre plaisanterie. Dès lors qu'ils sont eux-mêmes convaincus sans la moindre tricherie, de vivre en rêve, chaque nuit, la même situation, ils tentent de faire connaissance voire plus. Mais comment faire pour qu'un timide infirme qui se croit indigne d'amour et une neuneu qui cause avec sa salière et sa poivrière se parlent clairement ?

Pendant deux interminables heures la réalisatrice multiplie donc les tentatives de rapprochement. Et c'est d'un ennui MORTEL. S'ennuyer autant au cinéma devrait être interdit par la loi et sévèrement puni. Ce n'est pas tant que le film soit visuellement laid, quoique... il y a de jolies images des parents de Bambi dans la forêt

Corps et âme : Photo

mais on ne croit à rien. Quand les protagonistes ne disent rien (souvent) ils sont barbants, quand ils parlent (moins souvent) ils deviennent pire que ça, insipides. Ils se regardent avec des yeux écarquillés. On imagine que peut-être, éventuellement, ils pensent (non, j'rigole) et se disent "c'est pas possible cette fille/cet homme ne m'attire pas du tout", mais non, ils sont du genre "quand je pense... je ne pense à rien". Et ça se voit sur leurs visages fermés, hermétiques, vides ! J'accorde néanmoins au garçon qui, si j'ai bien compris n'est pas acteur dans la vraie vie, un peu plus de qualité expressive. Parfois, il arbore un joli sourire triste et il a de bons yeux de cocker. Quant à la demoiselle, il semble qu'elle nous livre ici la prestation de sa vie, une grande composition car voici ce qu'en dit la réalisatrice : "La plupart de ceux qui ont vu Alexandra Borbély sur scène ne l’ont tout simplement pas reconnue dans le film. Le film témoigne de toute l’étendue de son registre. Dans la vie, et dans son travail, il s’agit d’une jeune femme exubérante, dynamique, spontanée, sensuelle et sexy. Je ne sais pas bien ce qui m’a fait dire qu’elle s’imposait dans le rôle - j’avais sans doute une grande confiance dans son talent. Je trouve qu’elle est non seulement une magnifique comédienne mais qu’elle est aussi l’une de nos très rares grandes actrices. Elle a dû faire un énorme travail d’introspection pour créer Mária de l’intérieur. (...) Son rôle est d’autant plus difficile que dans ses scènes les plus éprouvantes - et les plus centrales -, elle est seule et qu’elle ne peut donc se nourrir de l’énergie de son partenaire. Le personnage de Mária connaît une évolution majeure, comme une forme d’apprentissage émotionnel et sensuel."

Et ben dis donc, c'est rien de dire que je suis totalement passée à côté de la performance. Voûtée et l'œil hagard, elle traverse le film comme un zombie... même pas comme un zombie car elle n'est pas prise de subites accélérations. Tout ce qu'elle fait est lent, monotone, ennuyeux. On voit bien, on comprend qu'elle a subi un trauma dans l'enfance puisqu'elle continue de voir son pedo-psychiatre qui essaie de se débarrasser d'elle, mais la réalisatrice aurait été assez aimable de nous en toucher deux mots. Enfin, passons et laissons vagabonder notre imagination vers des sévices sexuels puisque nous sommes sommés de nous débrouiller avec le peu que nous savons. Cela dit, a-t-on vraiment envie de savoir ce qui la rend neurasthénique ? Non. Parfois dans son appartement blanc, elle met en scène les situations qu'elle a vécues dans la journée avec des playmobils. J'ai trouvé ça assez consternant. Elle est par ailleurs dotée d'une mémoire absolument considérable et peut rapporter mot pour mot la cinquième phrase de la conversation qu'elle a eue avec son interlocuteur 12 jours auparavant à telle heure ! Waouh, tu parles d'un exploit. Comme le reste, sans intérêt.

Le fait que l'histoire se passe en grande partie dans un abattoir (et je me serais allègrement passée des scènes d'abattage avec gros plan sur les yeux terrifiés des vaches...) m'échappe totalement. Pourquoi pas un sex-shop ou une librairie ? Chercher à percer ici la métaphore du règne animal (n'oublions pas le cerf et sa biche) me fatigue et me semble comme le reste, dénué du moindre intérêt.

Avec un postulat de départ aussi original et tellement romantique, la réalisatrice livre au final un machin pompeux, creux et artificiel.

Peut-être que Serge Kaganski des Inrocks vous éclairera davantage que moi : "Tout l’enjeu du film consistera à réchauffer la glaciation relationnelle urbaine et à saisir la cuisson lente du rapprochement entre ces deux âmes enfermées dans leurs névroses".

Commentaires

  • Il y a déjà un truc qui m'énerve d'emblée, c'est l'affiche avec une jeune femme et un type qui a l'âge de son père. On en est toujours là au cinema, c'est dingue.

  • Oui je préfère ne plus rien dire là dessus. D'autant qu'en plus avec son aspect ratatinée, elle a l'air d'avoir 12 ans.

  • Ben dis donc ! Je me demandais ce que c'était comme genre de film, me voilà renseignée !! Il a fumé quoi Kaganski ? Ou alors il se moque ..

  • Je pense qu'il est sérieux et qu'il cherche à réchauffer la glaciation émotionnelle. Non mais ce charabia :-))

  • La bande annonce ne me donnait pas du tout envie, je l'avoue. Je crois que mon copain l'a noté dans les films à voir mais il ne me tente pas et ton avis a tout pour conforter le mien ! Belle journée et merci pour l'avis !

  • Si je peux rendre service. Mets tes sous de côté :-)

  • Bonjour Pascale, et ben, me voilà fort marrie; moi qui voulais voir le film, tu me refroidis. Bonne journée.

  • Bonjour Dasola, Tente ta chance. J'ai entendu parler de "poésie"... le mot qui (pour moi) ne veut rien dire et ne m'inspire rien. Il me semble qu'on l'emploie quand on ne sait pas quoi dire d'un film. Si tu veux roupiller deux heures au cinéma...

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