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FESTIVAL EFFERVERSCENCE MÂCON

Le monde est à toi de Romain Gavras ***(*)

Sélection Sens Unique

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Avec Karim Leklou, Isabelle Adjani, Vincent Cassel, Oulaya Amamra, François Damiens, Philippe Katherine

Même les petits truands ont des rêves. Celui de François est de devenir distributeur exclusif des Mr Freeze au Maghreb. Pour cela, il a besoin de réunir la somme de 80 000 €uros qui se trouve sur un compte gardé jalousement par sa mère.

Hélas, cette dernière, joueuse invétérée et à la tête d'une bande de pétroleuses voilées kleptomanes a croqué le magot. Sam se retrouve donc contraint de renouer avec une bande de petits malfrats dont le chef, qui répond au doux nom de Poutine, totalement halluciné par tout ce qu'il ingurgite de substances illicites lui propose une affaire juteuse. Ces trafiquants à la petite semaine ont Scarface comme Maître après Dieu et se prennent tous pour Tony Montana. Leur rêve à eux ? Ne rien faire, nager dans la dope et le bling bling entourés de jolies filles qui "michetonnent" selon l'élégante formule. Ce qui ne les empêche pas de se pâmer en écoutant Laurent Voulzy et son coeur grenadine. La "mission" qui va entraîner François en Espagne ne va pas se révéler de tout repos. Il sera accompagné par deux Mohamed complètements débiles mais hilarants, de Lamya, beauté de banlieue délurée mais sentimentale qui entend se faire une place au soleil et d'Henry ancien taulard et ex amant de la mère de François.

Il serait dommage de réduire ce film à la "comédie de l'été" comme je l'ai lu. Elle est bien plus que ça. Vous le savez, j'aime me vanter d'aimer pleurer au cinéma. Mais j'aime aussi rire. Et encore plus, j'aime sortir d'une séance de cinéma plus en forme qu'en entrant en salle. Ce fut le cas ici. Même si la dernière image est infiniment mélancolique, d'une grande douceur aussi après 1 h 40 assez agitée, je suis sortie du cinéma revigorée avec la banane en travers du visage.

De Romain Gavras j'avais déjà beaucoup aimé son premier film Notre jour viendra, beau film déroutant beaucoup plus sombre que celui-ci mais tout aussi barré. Il y était déjà question des liens entre enfants et parents et de ceux qui peuvent naître avec de parfaits inconnus. Je ne m'étendrai pas là-dessus mais il y a des parents ici qui ne se comportent pas très bien avec leurs enfants... et à la marge d'un casting de folie, une petite fille craquante (Gabby Rose) atteinte instantanément du Syndrome de Stockholm (on peut la comprendre). Les enfants rendront la monnaie de leur pièce à ces parents défaillants. Je vous laisse découvrir.

Karim Leklou, toujours excellent partout où il pointe sa drôle de binette et ses grands yeux ronds, explose littéralement ici. Tellement sympathique et touchant qu'on a envie qu'il s'en sorte, qu'il vende ses Mister Freeze au Maghreb et que la belle fille lui tombe dans les bras. Il va en baver car c'est avant tout un brave type qui n'en peut plus des magouilles à la petite semaine et rêve d'une vie simple avec une piscine de 8 mètres mais n'a pas toujours les moyens d'affronter les vilains... Autour de lui gravite sa mère, interprétée par Isabelle Adjani, désormais sans âge, elle est une Reine de Comédie idéale. Poupée vulgaire, menteuse, tricheuse, castratrice, manipulatrice. Un peu folle. Elle s'amuse, intimide son entourage, éclate de rire. On en redemande. Vincent Cassel, déjà à l'affiche de Notre jour viendra, frôle ici le génie dans son interprétation d'un type adorateur des Illuminati qui voit des signes partout de la théorie du complot. On sent bien que ce n'est pas parce qu'il était le cerveau d'une bande qu'il sort de 12 ans de prison. Dès que les choses se gâtent, il marmonne "ça devient compliqué, il faut appeler ta mère" ou "ça devient compliqué, il faut appeler René". Il marmonne de toute façon constamment de grandes tirades inaudibles ou incompréhensibles. Il est tordant, sans grimace (contrairement à ici) ni inutile hystérie. René, c'est François Damiens qui la joue François Damiens, drague et fait rire Isabelle Adjani (merci), s'adonne à un commerce d'Erythréens et parviendrait presque à faire admettre qu'il leur rend service.

Et tout autour de ces acteurs confirmés virevoltent des seconds rôles tout jeunes dont c'est pour la plupart le premier rôle. Ils sont épatants.

Et le film est hilarant même si on annonce que certaines scènes de violence, qu'il convient de prendre au second degré, ne sont pas à mettre devant tous les yeux. Il est aussi très bien écrit et boucle son scenario en béton à la Ocean's Eleven. Puisque j'ai lu pas mal de références à Tarantino ou aux frères Coen, je dirais qu'il m'a plutôt évoqué Soderbergh. La bande son envoie du bois avec quelques plaisirs coupables...

Une vraie réussite que je vous encourage à ne surtout pas bouder.

Je recommande également vivement ce film à David Robert Mitchell (je sais qu'il me lit). Peut-être comprendra-t-il qu'on peut faire un beau film tarabiscoté, semer des indices, boucler une enquête, sans être méprisant pour le spectateur, sans blague de braguette, sans caca dans la cuvette, en respectant les filles et avec un acteur qui sans être un top model envahit l'écran de sa présence.

Le film est dédié à Philippe Elkoubi, directeur de casting récemment disparu. L'homogénéité et la grande qualité du casting de ce film prouve à quel point il était doué. Il a travaillé pour Wong Kar Wai, David Lynch, Jonathan Glazer, David Fincher, Rebecca Zlotowky...

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