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LE FIL DU RASOIR (DVD)

d'Edmund Goulding ***(*)

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Avec Gene Tierney, Tyrone Power, Anne Baxter, John Payne, Cliftonn Webb

Deux jeunes riches américains, Larry et Isabel sont fiancés mais les aspirations métaphysiques de Larry qui cherche un sens à sa vie après le traumatisme de la Première Guerre Mondiale à laquelle il a participé, leur  font rompre provisoirement leur engagement.

Isabel aime tellement Larry qu'elle est prête à le laisser partir et à l'attendre le temps qu'il faudra. Larry semble quant à lui déjà ailleurs.

 

Pendant le confinement j'ai eu des envies de "classiques" mais aussi de films totalement inédits pour moi. Celui-ci en fait partie, et ceux qui connaissent un peu mes goûts savent que je ne me suis pas précipitée sur ce film pour le réalisateur dont je n'avais strictement jamais entendu parler, pas plus que pour Tyrone Power que je connais à peine, mes goûts en matière de beaux garçons se portent davantage vers les blonds roukmoutes aux yeux clairs que vers les bruns ténébreux, mais bien évidemment pour la splendeur des splendeurs entre toutes : Gene Tierney, une de mes actrices préférées. Bien qu'elle soit dans la première partie affublée d'une coiffure d'une mochitude absolue, (c'est bien connu les oiselles pleines aux as se coiffent comme des ploucs, je vous laisse admirer)

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le mystère et l'ambiguïté du personnage détourneront le regard de ce détail mais pas des yeux turquoise, de la bouche carmin et de l'élégance de Gene.

Le film n'est évidemment pas dépourvu de faiblesses mais il possède un charme parfois indéfinissable et grâce à sa longueur pas toujours justifiée on s'installe dans cet environnement et on accompagne les protagonistes malgré leurs problèmes de riches, sur plusieurs décennies. Evidemment il faut se pincer pour croire à la quête existentielle de Larry qui l'emmène  jusqu'en Inde où manifestement il trouve la réponse à ses questions et en sort légèrement illuminé, puis à Paris et jusque dans les mines de charbon de Lens… Mais le beau et doux visage triste de Tyrone Power, son attitude toujours en retrait et sa conduite proche de la sainteté finissent par être les atouts de son personnage un peu opaque, un peu abstrait. Son interprétation m'a conquise et convaincue.

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Le film très bavard révèle ses origines littéraires par des dialogues très écrits et des ellipses étranges et brutales de parfois plusieurs années. Et justement Somerset Maugham auteur du roman éponyme est intégré au récit en tant qu'observateur des vies gâchées, sacrifiées, présentées ici. Secrètement amoureux d'Isabel, admirateur inconditionnel de sa grâce et de sa beauté, il se fait tour à tour confident, conseiller et juge du comportement de la belle. En effet, Isabel très matérialiste, obsédée par l'argent et la réussite sociale, n'attend pas son cher amour et épouse un riche héritier de son cercle d'amis.

Lorsque Larry réapparaît des années plus tard auréolé de mysticisme, il n'aime plus Isabel qui en est elle toujours éperdument éprise. Elle va dès lors tout mettre en œuvre pour se débarrasser de tout et tous ceux qui sont des obstacles à la reconquête de son amour de jadis.

Si le personnage de l'oncle d'Isabel m'a paru complètement inutile et absolument pas intéressant, celui de l'ex amie d'Isabel, Sophie, interprétée par Anne Baxter accablée de chagrin apporte une touche mélodramatique au récit et permet d'aborder le thème de l'alcoolisme.

On sait Gene Tierney capable d'une douceur quasi irréelle (L'aventure de Mrs Muir) mais aussi des machinations les plus vénéneuses si l'on se met en travers de ses projets (Péché mortel). Son visage d'ange se transforme parfois en faciès de la pire prédatrice. Elle est fascinante.

Le film est long, inégal mais offre une lumière, des décors (tout en studio je crois) admirables et il est traversé par un souffle romanesque et romantique et il est magnifiquement interprété.

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Commentaires

  • Intéressant. Il dure combien de temps ?
    J'aime les yeux turquoise et la bouche carmin de Gene en noir et blanc... ;-)

  • 2 h 30 je crois.
    Oui le noir et blanc met ces couleurs en valeur :-)

  • Gene Tierney la fille qui passa sa vie à tenter de guérir de son enfance, probablement pas faite pour être actrice ... :(

  • Une vie de tourments... mais je crois pour avoir lu "Mademoiselle vous devriez faire du cinéma", qu'elle voulait être actrice.

  • je ne connaissais pas ce film où Goulding se prend pour Caspar David Friedrich, mais en tout cas tu en parles très bien ! J'ai très envie de le découvrir (malgré la durée, il est vrai, un peu effrayante), d'autant plus qu'il prend appui sur une période qui m'intéresse particulièrement : la Première Guerre Mondiale (et ses conséquences après le conflit).
    De lui, je crois n'avoir vu que "le Charlatan", avec Tyrone Power également. Il y est impressionnant et le film très troublant. Je te le conseille. Cela m'étonne que tu ne connaisses pas le beau et ténébreux Tyrone. C'était un cador des années 30/40, il a fait un excellent Zorro pour Mamoulian, un formidable Jesse James pour Henry King (avec pour frangin Henry Fonda, excuse du peu), en j'en passe de nombreux qui ne me viennent plus en tête.
    Sur Gene, rien à ajouter, sinon que de constater qu'elle fait son effet autant sur moi que sur toi. Pas lu sa bio (je me mets en quête sans tarder), mais l'ayant croisée dans quelques films, je rêve parfois d'accrocher au-dessus de ma cheminée le portrait de Laura.

  • C'est incroyable cette image en effet.
    Malgré la durée, j'ai déjà envie de le revoir.
    Bien sûr que je connais Tyrone, notamment dans les films que tu cites, mais il n'avait pas trop imprimé ma rétine. Tu me tentes fort avec ton Charlatan.
    Je ne suis pas trop portée sur les bios à l'écrit mais celle de Gene (parce que je l'adore) m'a beaucoup plu, même si sa vie n'est pas un long fleuve tranquille.
    Le portrait d'Ellen Berent avec ses lunettes noires

  • Merci.
    Celui-ci mériterait davantage de mots (j'ai pratiquement occulté un personnage capital) mais j'ai encore plus de mal à écrire sur les vieux films que sur les neufs, je ne sais pas pourquoi.

  • Ça ne se ressent pas quand on te lis, toujours là même flamme passionnelle. Manque simplement le détail des acteurs en début de chronique comme tu le fais d'habitude pour les films récents. Après, on peut toujours se renseigner ailleurs à ce sujet.

  • Merci. Je suis un livre ouvert...

    Ah mais oui... il y a tellement longtemps... j'ai perdu le mode d'emploi.
    Je les ajouterai demain. Ainsi que pour Sailor et Lula.

  • Nous n'avons pas vu ce film. Il reste encore quelques trésors cachés et à découvrir.
    La référence à Caspar David Friedrich est saisissante !
    Bon dimanche

  • Oui il y a des pépites.
    Je viens de me commander un coffret Gene Tierney.
    Cette image est incroyable.
    Bon dimanche.

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