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TRE PIANI

de Nanni Moretti ***(*)

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Avec Margherita Buy, Nanni Moretti, Riccardo Scamarcio, Alba Rochwacher, Alessandro Sperduti

Que se passe-t-il dans cet immeuble bourgeois de Rome ? En s'appuyant sur le roman d'Eshkol Nevo Trois étages dont l'action se déroulait à Tel Aviv, Nanni Moretti s'intéresse aux parcours de familles isolées malgré leur proximité. Leurs destins vont finalement s'entremêler au fil du temps.

Quinze années vont s'écouler entre le début et la fin du film. A l'enchaînement des événements dramatiques de la première partie succède une seconde partie où le réalisateur tente d'analyser les conséquences des choix et des actes de chacun. Et Nanni Moretti reste grave du début à la fin. Son film dépourvu d'humour et de l'ironie parfois aigre qu'on lui connaît enchaîne surtout les drames. Il ne laisse passer la lumière que rarement et notamment lors d'une séance de danse. Des bals itinérants non autorisés s'improviseraient ainsi et circuleraient dans les rues, les danseurs suivant l'orchestre installé sur la remorque d'un camion. J'ai trouvé l'idée et le résultat à l'écran très beaux comme une éclaircie, enfin, peut-être.

Alors que je lis partout que ce film marque une rupture dans la filmographie de ce réalisateur italien adoré (par moi), je trouve qu'on rejoint plutôt la forme et les thèmes de La chambre du fils (Palme d'or du 54ème Festival de Cannes en 2001) son film le plus bouleversant qui jamais ne versait dans le pathos ou encore ceux de Mia madre qui à la différence de celui-ci nous offrait quelques moments humoristiques (grâce à John Turturro en grande forme). Il reprend des thèmes universels tels que la culpabilité, la responsabilité des parents mais y intègre également le fameux problème du consentement.

Et Nanni Moretti sait comme personne exprimer le fait que quels que soient les aléas, difficultés et drames qui jalonnent une existence, la vie continue malgré tout, même si après, en se retournant, les regrets ou les remords surviennent parfois. Dans ce film, il y a des parents, des enfants, des bébés, des jeunes, des vieux... des générations qui ont du mal mais essaient de cohabiter et je trouve que le réalisateur dans son immeuble de trois étages fait magnifiquement s'entrecroiser les hasards et les coïncidences. L'ensemble est plutôt pessimiste mais j'aurais tendance à dire réaliste et donc forcément touchant.

Volontairement je ne vous raconte pas les différents événements qui s'enchaînent dès la scène d'ouverture pour que vous les découvriez comme moi au fur et à mesure. On peut reprocher (ce que je me garde bien de faire) au réalisateur de brasser trop d'intrigues et de thèmes, la dépression, la démence sénile, la corruption, le racisme, la violence sexuelle, la solitude, le deuil. Moi, j'aime quand les cinéastes relatent ainsi la vie qu'on vit du mieux qu'on peut et qui pourtant est faite de quelques chagrins, que quelques joies ne parviennent pas toujours à réparer.

Mais au final, il conclut ses récits avec l'idée lumineuse que le temps est le meilleur ami des déchirures et des traumatismes, qu'il permet de cicatriser, d'estomper. L'humanité surgit ou une forme de réconciliation, d'apaisement. Et bon sang, c'est BEAU !

L'interprétation unanimement excellente est dominée par les merveilleuses Margherita Buy et Alba Rohrwacher qui ont les rôles les plus poignants. Nanni Moretti se met en retrait alors qu'on aurait aimé qu'il étoffe ce personnage de juge intransigeant voire impitoyable dans son attitude envers son fils, raide comme la justice (comme disait ma grand-mère). La scène où ce dernier frappe son père est d'une force incroyable. Celle où il enregistre le message sur le répondeur et montre sa rigidité implacable pourrait être drôle, elle s'avère bouleversante. Quel bel acteur aussi !

Commentaires

  • Comme toi, j'ai vraiment apprécié ce film, découvert en avant-première... surprise, deux jours avant sa sortie officielle. J'en reparlerai bientôt. Et je confirme dès à présent que les personnages joués par Margherita Buy - attention, tu as écrit Martherita dans ton message et dans ton tag - et Alba Rohrwacher, avec son oiseau noir. Même si son rôle est plus court, j'ai bien aimé aussi l'interprétation de Paolo Graziosi (Renato, le papy), curieusement non crédité sur les affiches...

    Nanni est grand ! Même si j'avais préféré "Mia Madre", pour être honnête, qui m'avait paru un peu moins étouffant que ce quasi huis-clos permanent.

  • Oui Nanni est grand. J'aime ses films.
    Le papy ne m'a pas impressionnée...
    Il fait peur l'oiseau noir. De quoi être perturbée.
    Et oui, Mia madre malgré son sujet grave aussi était plus "aéré".

    Coquille rectifiée.

  • ça ne m'étonne pas et tu apprécieras.

  • Vu hier soir : 'The World to Come' de Mona Fastvold.
    Très jolie surprise.
    https://fr.wikipedia.org/wiki/The_World_to_Come
    ++

  • J'espère qu'il sortira en salle.

  • Fans de Nanni Moretti depuis le début. Nous l’avions vu en chair et en os, jeune et timide, lors d’une projection de Bianca en 1984 dans un institut italien. Il a vieilli, nous aussi, et nous ne manquons aucun de ses films. Nous avons aimé Tre piani mais, avec tout ce passé d’admiration, nous ne sommes pas totalement objectives ;)

  • La fan attitude n'empêche pas l'objectivité (cf. Le dernier Clint).
    Ce film est excellent.

  • Totalement en accord avec ton billet
    On s’attache aux personnages Mon préféré Lucio Je le trouve très touchant comme papa comme mari et comme ‘amant’ d’un après-midi
    Et j’aime aussi le personnage de Dora prise entre son mari et son fils Elle ne lache rien et au final tellement belle dans la robe qu’elle a choisi celle avec des fleurs
    J’ai passé un excellent moment
    Bises

  • Oui, les grands réalisateurs font des grands films.
    Moi je craque totalement pour Nanni.

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