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RADIO METRONOM

 d'Alexandru Belc **(*)

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Avec Mara Bugarin, Serban Lazarovici, Vlad Ivanov

A Bucarest en 1972 Ana est en terminale. Elle est amoureuse de Sorin qui lui cause un gros chagrin.

On* aimerait comprendre pourquoi elle pleure tant dans les bras de son chéri. On* le saura beaucoup plus tard certes, mais cette première scène m'a agacée. ça partait plutôt mal. Parfois, on* peut râler parce qu'un film est trop bavard, d'autres fois on* a juste envie de dire au personnage : "mais paaaaaarle bon dieu !!!"

[*vous pouvez remplacer tous les "on" par "je"].

Contre l'avis de sa mère, Ana se rend à une fête chez sa meilleure amie. Ces jeunes gens sont très subversifs. Cela consiste à écouter The doors, Jimmy Hendrix et Janis Joplin sur un tourne-disques (oui, je comprends que ça l'était là-bas à cette époque), boire quelques machins alcoolisés, fumer, jouer à touche pipi, faire quelques blagues anti Ceausescu et ô suprême révolte, écrire une lettre à l'animateur de la radio clandestine roumaine Radio Metronom**. Quand soudain, la Securitate (délicieuse police de Ceausescu) débarque et embarque (allitération en "barque") tout ce petit monde. J'ai dit aujourd'hui en faisant tristement connaissance de Keenan Anderson que ce monde était fou mais ce trouble mental ne date pas d'aujourd'hui, la "bête immonde" rode encore depuis des décennies. Le cinéma ne cesse de nous le rappeler.

Le film a été présenté dans la section Un Certain Regard au Festival de Cannes 2022 et a obtenu le prix de la mise en scène. Bon. Cannes apprécie donc les scènes interminables où il ne se passe rien d'autre que la même chose. A ce titre, la looooongue scène de la soirée n'apporte pas grand chose et ne donne, malgré sa longueur, pas beaucoup de place à tous les protagonistes pour exister. Chacun n'est qu'une ombre sans beaucoup de consistance et c'est regrettable. La caméra s'attarde par contre beaucoup sur la jolie Mara Bugarin qui dans le rôle principal a eu bien du mal à me convaincre de son esprit rebelle, brusquement militant et solidaire alors qu'elle était loin d'être jusque là chaleureuse avec ses amis. Bien sûr, on voit qu'elle fait le mur (façon de parler) pour rejoindre la soirée alors que sa mère lui a formellement interdit de s'y rendre, mais de la à en faire une martyre qui s'oppose toute seule comme une grande à la Securitate, il y a un monde non ? Tous les ados rêvent ou disent non à leurs parents et il y a bien sûr un moment où l'on passe de l'adolescence à l'âge adulte mais qu'on ne me parle pas d'émancipation concernant Ana qui rêve surtout de coucher avec Sorin.

Alors évidemment la reconstitution est soignée jusque dans les très moches dessous féminins et il fait gris et froid car le soleil ne se lève jamais en Roumanie c'est bien connu (demandez à Cristian Mungiu). Je rêve d'un réalisateur qui raconterait une histoire terrible des années de népotisme, totalitarisme et autres ismes qui ont accablé ce pays ou un autre, sous le soleil ! Mais non, ici on nage dans le beige, le brun, le marron, le sombre comme si ce n'était pas suffisant de vivre sous une dictature ou que ça l'illustrait. Ne peut-on raconter une histoire désolante sans appuyer autant sur l'austérité et la froideur ?

Le film se fait passionnant dans la seconde partie où les jeunes gens sont emmenés sans explication dans des locaux sinistres où ils doivent rédiger un texte et citer le nom de tous les participants à la soirée. Avec paternalisme, puis menaces voire violences, les sbires de Ceaucescu les poussent à la délation. Contrairement aux scènes assez creuses et vides où les jeunes sont ensemble et écoutent de la musique, celles avec les policiers sont bavardes et parfaitement flippantes. Ces derniers sont pour ainsi dire ridiculisés de "s'attaquer" à ces jeunes sans grande envergure qui ne font qu'essayer de vivre le plus librement possible une jeunesse entravée. Et le moment où le père d'Ana parvient à la rejoindre à la Securitate pour tenter de la tirer de là est le plus fort du film. Il parle, parle, parle sans cesse. C'est confus et limpide à la fois.

Le réalisateur est donc beaucoup plus à l'aise et convaincant lorsqu'il s'agit de décrire les agissements d'une police et d'un régime abominables que lorsqu'il tente de décrire les émois adolescents (les deux longues scènes de sexe dont une inaboutie sont parfaitement superflues).

**Metronom était une émission diffusée clandestinement par Radio Free Europe, animée par le journaliste et producteur de radio roumain en exil, Cornel Chiriac, assassiné à Munich en 1975 à l'âge de 34 ans.

Commentaires

  • Bonsoir Pascale, j'ai trouvé que le film est long à démarrer. Tout ce qui se passe avec la sécuritate est intéressant et après quand Ana couche avec le garçon qui a trahit tous les autres, je n'ai pas compris. J'ai compris qu'elle était amoureuse mais quand même. Bonne soirée.

  • Bonsoir dasola.
    Moi aussi les passages que j'ai préférés sont ceux avec la Securitate.
    Elle était amoureuse et voulait qu'il soit le premier. Mais leur relation n'est pas belle ou en tout cas mal racontée.
    Bonne nuit.

  • Je suis d'accord sur le début : long et pas passionnant du tout. En revanche, j'ai bien aimé la soirée, entre musique occidentale et blagues sur Ceausescu... sans parler de la suite, avec la Securitate. C'est d'un effroyable réalisme, sec, sans effet de manche.

    Même si le film laisse un peu sur sa faim, j'apprécie toujours de voir une bande de jeunes secouer (modestement) le joug d'une dictature.

  • Moi seules les scènes à la Securitate m'ont réveillée.
    Ils secouent mollement le joug les jeunes.

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