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L'ARBRE AUX PAPILLONS D'OR

De Pham Thien An ****

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Sortie le 13 septembre.

Avec Le Phong Vu, Vu Ngoc Manh,  Nguyen Thi Truc Quynh

En week-end, Thien et deux amis se prélassent entre discussions philosophiques sur le sens de la vie, sorties dans des bars et massages coquins.

Son téléphone ne cesse de sonner mais il ne décroche pas. Quand enfin, contraint et forcé, il accepte l'appel, c'est pour apprendre que sa belle-soeur vient de mourir dans un accident de moto alors que son fils de 5 ans Dao a survécu avec une simple égratignure. Il se rend à l'hôpital au chevet de Dao, le petit garçon le plus mignon et le plus sage du monde qui réclame sa maman. Pour toute réponse, Thien détourne son attention avec quelques tours de cartes. Il est chargé de ramener le corps de la femme de son frère dans le village où il a jadis vécu et, après s'être occupé de Dao, part à la recherche de son frère qui n'a plus donné signe de vie depuis des années.

Sur le chemin de ses recherches Thien passe de l'effervescence de Saïgon que l'on découvre au travers de son hôpital mal en point, ses rues bouillonnantes d'activités, ses restaurants en plein air, ses salons de massage, au coeur de la campagne et de la montagne vietnamiennes. Un choc de culture, de paysages, une transition radicale où le calme, la beauté, l'âpreté de la vie rurale amènent notre "héros" à s'interroger, en particulier sur sa foi. Si cette quête spirituelle n'est pas toujours évidente, elle nous plonge néanmoins nous aussi, spectateurs attentifs dans un état de méditation contemplative absolument délicieux. Pour peu bien sûr qu'on accepte de s'abandonner pendant trois heures (que je n'ai pas vu passer) à cette lenteur, cette rêverie magnifique. C'est facile, il suffit de lâcher prise, se laisser aller, écouter le souffle du vent mais aussi les conversations à la fois très banales et pourtant d'une grande force évocatrice.

En remettant la Caméra d'Or au réalisateur (qui récompense à Cannes un premier film), Anaïs Demoustier l'a assuré : un cinéaste est né. C'est une évidence. Ce qui le différencie d'Apitchapong Weerasethakul son collègue thaïlandais spécialiste des films hermétiques complexes au milieu d'une nature extraordinaire et le rend par conséquent nettement plus abordable, c'est qu'il ne cède pas à ce surnaturel qui nous échappe et rend les films trop mystérieux. Pham Thien An reste toujours au niveau humain même s'il questionne la place de Dieu dans cette existence.

Se laisser emporter par la lenteur et la beauté d'un film est-ce suffisant ? Oui parce que comme pour un road movie d'une lenteur remarquable puisque Thien se déplace avec un scooter mal en point mais retapé, le parcours sera fait de rencontres. Et de conversations. Ici avec un vieil homme dans une cabane qui aide les autres sans rien demander en retour et raconte "sa" guerre du Vietnam, là avec une ancienne amoureuse qui a choisi d'entrer sous les ordres ou encore avec une dame qui radote son couplet sur le sens de la vie. C'est beau, parfois puissant et comme Thien, on écoute, on s'arrête, on regarde, on réfléchit.

On a presque du mal à croire que ce film superbe a été réalisé avec une grande économie de moyens tant le moindre déplacement de caméra semble étudié et surtout maîtrisé. De lents travellings en plans séquences, le réalisateur nous donne à admirer son pays mais s'arrête aussi dans un bâtiment en ruines pour un flash-back illustratif. Dans la brume, sous la pluie, au gré du vent, au son du chant des oiseaux, du clapotis de l'eau nous embarquons dans un voyage sensoriel dans lequel un jeune homme se fait magicien pour un petit garçon qui réclame sa maman et part rechercher un frère qu'il ne connaît plus (c'est le suspense du film : va-t-il retrouver son frère ?).

Un film magnifique qui mérite une grande attention et procure un grand apaisement.

Commentaires

  • Je compte sur toi pour nous rappeler la sortie de ce film le moment venu. Il a l'air beau ! Et ce serait mon tout premier film vietnamien, un pays que l'on ne connaît guère pour autre chose que la guerre qui s'y est déroulée...

  • Compte sur moi pour le rappeler :-)
    L'odeur de la papaye verte, A la verticale de l'été... tu n'as pas vu ?
    TRES vietnamiens :-)
    Il existe même un Once upon a time in Vietnam !

  • Ah si ! J'ai vu "À la verticale de l'été" ! Mais c'était il y a lonnnnnnnnngtemps !
    "L'odeur de la papaye verte" ? Peut-être aussi, si je ne confonds pas avec les beignets de tomates...

  • S'emmêler les pinceaux entre les papayes et les tomates, c'est humain :-)
    J'avais tellement aimé les beignets de tomates vertes (et le roman aussi) qui n'avait pas eu des critiques de folie à l'époque, mais l'histoire de ces filles m'avait bouleversée.

  • Aïe ! L’odeur de la papaye verte a été pour nous, et pendant longtemps, la référence de l’ennui au cinéma. Nous étions jeunes et impatientes… peut-être maintenant aurons-nous plus de constance pour un film lent et beau. Nous guetterons sa sortie.

  • Moi aussi j'étais moins contemplative dans ma folle jeunesse. Aujourd'hui ce genre de films me ravit.
    J'en reparlerai au moment de sa sortie.

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